Par Marie Lemaistre
Publié le
27 Mar 24 à 6:42
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Près de 70 personnes se sont rassemblées devant la sous-préfecture du Havre (Seine-Maritime), mardi 26 mars 2024. Des personnels et plusieurs proches de résidents de l’établissement public Les Escales en grève régulière depuis plus d’un mois se sont joints à l’intersyndicale mobilisée pour défendre les retraités.
L’occasion pour 76 actuellement de demander à ces familles comment elles vivent ce qu’il se passe dans ces Ehpad publics du Havre depuis le 20 février.
« Grève ou pas grève, on ne voit pas assez de monde »
« Il manque déjà du personnel, donc grève ou pas grève, on ne voit pas assez de monde », observe Liliane. La retraitée de 66 ans a travaillé toute sa vie dans le public. « Je suis une ancienne aide-soignante et une ancienne infirmière. Je travaillais en gériatrie au début de ma carrière, à l’hôpital Flaubert. C’était très dur mais il y avait quand même du personnel et on galérait moins que les filles maintenant », confie-t-elle.
Actuellement, son beau-père de 97 ans réside à Colibri. « C’est lui qui a voulu aller en Ehpad, précise-t-elle. Après un AVC, il se sentait plus faible, il ne voulait pas rester chez lui et sa femme était déjà en structure… »
Mais si elle est présente c’est aussi par peur que le public adopte petit à petit les logiques financières du privé. « On s’interroge. Si jamais on est amené à devenir dépendant. Est-ce qu’on va pouvoir payer ? »
Une grève reconduite régulièrement depuis le 20 février
Pour rappel, cet établissement public, placé sous administration provisoire depuis novembre dernier, accuse un déficit de 12,5 millions d’euros. Une centaine de postes sont menacés.
Actuellement, 566 personnes travaillent sur les six sites de l’établissement public, d’après les syndicats (l’Agence régionale de Santé les estime à 650).
Depuis le 20 février 2024, un préavis de grève est déposé régulièrement par les représentants du personnel, qui souhaitent maintenir la pression sur la direction par des rencontres régulières et des mobilisations.
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« Le personnel n’a pas le temps »
Marie-Claude pose des constats proches. « Le personnel n’a pas le temps de s’occuper de nos parents. C’est honteux », témoigne la Havraise de 73 ans.
« Ma mère a 93 ans, elle est à la résidence Desaint-Jean. Elle est diabétique, en fauteuil roulant, poursuit-elle. Je l’ai placée parce que je ne pouvais plus m’en occuper. Mais le personnel a trop de travail. On le voit, c’est de pire en pire, ils sont obligés de bousculer les personnes âgées. Il y a plein de choses pas faites. On ne peut pas compter cinq minutes par résident, ce n’est pas possible. Pour les laver, on leur fait quoi ? Les fesses ou le visage ? C’est le choix qu’il va bientôt falloir faire ? Ils sont déjà obligés de courir pour donner à manger aux personnes. »
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Les filles font tout ce qu’elles peuvent mais elles sont à bout, elles ne peuvent pas faire leur métier comme elles le voudraient
ChristineFille d’une résidente
La mère de Christine a 92 ans. Elle est accueillie au sein de la résidence Desaint-Jean. « On n’avait pas le choix de la placer, parce qu’elle faisait des chutes à répétition, elle ne pouvait plus rester chez elle, moi je faisais le maximum, avec des aides autour évidemment, mais elle refusait », observe la retraitée de 62 ans, pour qui le choix du public était aussi un choix de « conviction ».
« Le manque de personnel se ressent sur les résidents »
« Il n’y a pas beaucoup de monde qui suit la grève, veut relativiser Véronique, aide-soignante remplaçante à Desaint-Jean depuis trois ans et demi. C’est le manque de personnel qui se ressent sur les résidents. Et un soignant pour 24 résidents c’est inadmissible (comme prévu dans les nouvelles maquettes organisationnelles). »
Pour son avenir, la professionnelle ne se fait pas d’illusion. « Je sais que je vais sauter, anticipe la sexagénaire. Toutes les remplaçantes vont sauter. Je ne sais pas comment mes collègues titulaires vont pouvoir faire pour assurer la qualité de soin et le confort des résidents. A mon étage il y a plus de remplaçantes que de titulaires. Les vacances sont en jeu, tout est en jeu. »
Pour autant, celle dont la mère de 91 ans est placée à Guillaume le Conquérant « dans des conditions très déplorables au niveau du personnel » reconnaît n’avoir jamais encore fait grève. Elle manifeste ce mardi sur un jour de repos.
Un nouveau piquet organisé à partir de ce mercredi
« Maintenant la direction n’assigne plus, remarque-t-elle. Quand il y a beaucoup de grévistes, forcément on est en sous-effectif, les résidents n’ont pas de douche mais les services ne sont pas déserts. »
Dans sa prise de parole, l’animateur du collectif des retraités CGT du Havre, Pascal Richez, a indiqué qu’une motion concernant les Escales sera adressée au sous-préfet dans les jours à venir.
Entre 50 et 70 personnes se sont réunies en milieu de matinée ce mardi 26 mars 2024 devant la sous-préfecture du Havre (Seine-Maritime). Une marche a ensuite été organisée dans la ville, par les représentants du personnel des Escales. (©ML/76actu)
La CGT des Ehpad publics du Havre, elle, prévoit un nouveau piquet de grève à Dollemard, mercredi 27 mars, devant la résidence Desaint-Jean, presque une semaine après le premier.
Une pétition est diffusée pour soutenir l’établissement. Elle compte déjà plus de 2100 signatures. Les syndicats réclament toujours un rendez-vous avec leurs financeurs, le Département et l’ARS.
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2024-03-27 08:42:10
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