Découvrez le talent éco-responsable de Kader Diaby et sa marque Olooh au Pitti Uomo

Devenue l’un des passages obligés au Pitti Uomo, la section Style S qui met en avant la nouvelle génération de designers éco-responsables, a été l’occasion de découvrir de jeunes talents profondément engagés, porteurs de projets véritablement durables. Cette saison, le salon référence pour la mode masculine a sélectionné dix labels, dont l’intéressant travail d’Olooh Concept, de l’Ivoirien Kader Diaby.

Le styliste, originaire d’Abidjan, a vécu longtemps à l’étranger avant de revenir dans son pays natal, en particulier en Europe et à Rabat, au Maroc, où il s’est diplômé en contrôle de gestion et audit, avant de suivre une formation de photographe auprès de l’organisation Klaym, en partenariat avec la Haute Ecole des Arts de Zurich. Passionné de photos, il collabore avec des magazines de mode et la Galerie Number 8 de Bruxelles.

“J’ai toujours eu un besoin d’expression et, à force de réaliser des tenues pour mes séances de photos, la mode a pris plus de place dans mon cœur”, glisse Kader Diaby, qui a abandonné son travail de consultant financier auprès du cabinet Ernst & Young pour fonder sa propre maison, baptisée Olooh, qui signifie “notre” en sénoufo.

Créée en 2018, mise en pause pendant le confinement, la marque a été relancée en 2021 autour d’un atelier-showroom-boutique, situé dans le quartier des expats à Abidjan, où travaillent aujourd’hui quatre personnes auprès de Kader Diaby. “A la base, je voulais faire des vêtements qui me correspondent, confortables, faciles à porter et à assembler entre eux avec une touche d’originalité et qui soient en même temps adaptés au climat tropical”, nous explique cet autodidacte de 32 ans, qui s’est formé sur le tas en se “documentant” et avec l’aide de sa mère couturière.

Kader Diaby privilégie les matières naturelles, tel le lin, et et les teintures organiques comme l’indigo. Il souhaite montrer “le chic et le classique ivoirien”, à travers des pièces intemporelles au design minimaliste ponctuées de certains détails. Son vestiaire, au départ masculin – unisexe, a intégré depuis la femme avec des premiers modèles de robes. Vestes, pantalons, chemises et autres vêtements monochromes affichent de belles coupes. Ils sont taillés dans des cotons et lins blancs, qui sont ensuite teints dans une palette neutre. Tout est réalisé en Côte d’Ivoire faisant appel à des techniques locales. Les pièces amples et fluides sont vendues entre 180 et 435 euros, et conçues pour pouvoir continuer à s’associer entre elles d’une saison sur l’autre.

Elles sont réhaussées parfois de décorations, tels ce pigment qui dessine en sérigraphie un oiseau sur une chemisette ou ces feuilles en tissu appliquées sur un top. Les boutons et des bijoux en laiton et bronze sont ciselés à la main à partir de morceaux de tuyauterie récupérés à la décharge. Ils viennent par exemple se poser sur un manteau bleu, telles des hirondelles planant dans le ciel. “J’aime les habits épurés. J’utilise le vêtement comme une toile, avec des détails, qui racontent une histoire”, glisse le styliste, dont la marque est distribuée aussi à travers quatre e-commerce et la boutique Aby Concept à Abidjan. Un modèle de business local de qualité et respectueux de l’environnement, qui en quelques années a atteint l’équilibre financier.

Etaient présents aussi dans la section Style Sles Français Jeanne Friot et Steven Passaro, au côté des Italiens Cavia et Dalpaos, de l’Indien Dhruv Kapoor, ainsi que des labels danois Isnurh, ukrainien Ksenia Schnaider, anglais Permu et sud-coréen Young n Sang. Ils ont tous bénéficié du soutien du groupe de luxe Kering, pour la première fois associé au Pitti Uomo qui, à travers sa bibliothèque de textiles durables Materials Innovation Lab (MIL), leur a mis à disposition des tissus et matières pour créer certaines pièces de leur collection.

“Nous avons organisé un atelier en avril, où nous leur avons expliqué la stratégie du groupe en termes de matières et de développement durable. On a associé chacun d’eux à des matières éco-responsables ou à un processus de fabrication particulier”, nous indique Caterina Tonda, manager en charge du développement durable pour le prêt-à-porter chez Kering. “Nous avons pu ainsi mettre ensemble deux réalités émergentes avec, d’un côté, des innovations qui ne sont pas encore prêtes pour le marché et, de l’autre, la créativité de ces jeunes designers, qui ont pu tester ces technologies naissantes”.