Le CF Montréal a égalé le record de tous les temps en MLS samedi soir avec sa sixième victoire consécutive sur la route, une marque détenue uniquement par les Earthquakes de San Jose. Qu’est-ce qui explique cela ?
La fiche de l’Impact sur la route (10-4-2) explique en grande partie le succès de l’équipe au classement dans l’Est.
Lors du camp d’entraînement, Wilfried Nancy nous a expliqué qu’il souhaitait que son équipe joue de la même manière à domicile que sur la route. C’est bien beau de le dire, il n’était pas le premier entraîneur à parler ainsi. Je l’ai entendu, mais honnêtement, je n’y croyais pas.
En MLS, il y a toujours eu cette mentalité selon laquelle il faut gagner et faire le show à domicile devant ses fans, et essayer de ne pas perdre quand on joue sur la route.
Je me suis souvent demandé pourquoi. Personne n’a vraiment été en mesure de me donner une réponse claire. Pourtant, à l’époque, avec de longs vols commerciaux, des horaires compressés et seulement trois changements, cela avait encore du sens. Les trajets étaient longs et éprouvants et il devenait impossible pour les joueurs d’être aussi performants sur la route qu’à domicile.
Changer cette perception
Nancy a été la première à réaliser que ces réalités n’existent plus, et que cette façon de penser est révolue. Avec les vols charters, l’horaire redevenu plus espacé et les cinq changements qui s’offraient à lui, il n’y avait plus d’excuse : il fallait commencer à mettre le pied à l’étrier, même sur la route.
Le CF Montréal est excellent en contre-attaque, et Nancy le sait très bien. Étant donné que pour de nombreuses équipes de MLS, la mentalité n’a pas changé, Nancy s’est rendu compte qu’il y avait, pour son équipe, un coup dur à jouer.
Quand les équipes à domicile allaient commencer le jeu, plutôt que de demander à ses joueurs de défendre, il allait leur demander d’attaquer ! Quoi qu’il en soit, stationner l’autobus n’a jamais été le fort de l’Impact.
Normalement, les équipes à domicile s’attendent à ce que l’équipe à l’extérieur joue pour un match nul et clôture le match. Nancy fait le contraire, il les frappe là où ça fait mal. Quand ils s’y attendent le moins…
Ils veulent faire le show à leurs supporters, et c’est là que le CFM devient le plus dangereux. Ils ont puni leurs adversaires à maintes reprises cette saison de cette façon. La stratégie fonctionne !
De toute évidence, il y aura éventuellement un ajustement. Les équipes sauront à quoi s’attendre lorsque CF Montréal viendra dans leur ville. Ce fut le cas samedi en Nouvelle-Angleterre où les Revs ont hésité à ouvrir le match face à Montréal. Mais à la fin du match, ils n’avaient pas le choix, il leur fallait les trois points. Un match nul 0-0 ne leur a pas suffi. Montréal en a profité pour inscrire le seul but du match.
Dans une ligue, les équipes essaieront souvent de copier le modèle d’autres formations performantes. Il est certain que d’autres clubs MLS examineront cette stratégie en pensant qu’ils peuvent faire de même. Cela pourrait arriver l’année prochaine. Pendant ce temps, Nancy aura été la première à détecter la faille du système. Il aura été à l’origine d’un changement drastique des philosophies dans cette ligue qui fonctionnait de la même manière depuis des lustres.
Et pour cela, vous devez lui donner du crédit.