Conseils pour les voyageurs fréquents : voici comment les collectionneurs de miles économisent sur les vols primes

SOn les appelle vols gratuits ou vols avec miles – il s’agit de vols primes soi-disant gratuits dans le cadre de programmes de fidélisation tels que Lufthansa Miles & More ou British Airways Executive Club. Mais il ne peut être question de « gratuité » : des taxes et des frais s’appliquent à chaque vol, qu’il soit payé régulièrement en argent ou en miles de prime.

Le problème : alors que ces frais étaient gérables il y a quelques années, vous pouvez désormais payer jusqu’à 1000 euros de plus selon l’itinéraire. Alexander Koenig, fondateur du cabinet de conseil pour voyageurs fréquents First Class & More, explique les raisons de cette situation et la réaction des collecteurs de miles.

PAPULE: Pourquoi les taxes et frais ajoutés au prix des billets sont-ils actuellement si élevés ?

Alexandre Koenig : Le poste financier le plus important n’est pas les taxes et les frais, mais ce que l’on appelle la surtaxe carburant.

PAPULE: Alors une autre taxe ?

Koenig : Non, le supplément carburant n’est pas une taxe ou une redevance externe, mais est fixé et collecté par les compagnies aériennes elles-mêmes. Les suppléments carburant ont été largement introduits pour la première fois en 2004. À cette époque, les prix du pétrole brut atteignaient des niveaux records et de nombreuses compagnies aériennes gémissaient sous le fardeau supplémentaire. En guise de compensation, une nouvelle surtaxe a été inventée, qui s’ajoutait au tarif normal. Cependant, lors de son introduction, le supplément carburant ne s’élevait qu’à quelques euros et avait un caractère plus temporaire.

PAPULE: Cela signifie-t-il que les compagnies aériennes pourraient également supprimer la surcharge carburant ?

Koenig : Oui, mais ils ne le feront pas. D’une part, parce que la surtaxe carburant leur rapporte beaucoup de revenus. D’autre part, parce qu’un supplément carburant permet d’augmenter plus facilement le prix des billets quelles que soient la destination et la classe de cabine. Car au lieu d’ajuster diverses « vis » dans le système de réservation, seule la valeur du supplément carburant est augmentée, ce qui peut être fait en un seul clic.

Un autre avantage est que le supplément carburant peut également être répercuté sous forme de frais sur les tickets kilométriques. Et c’est exactement ce que l’on fait depuis des années, avec pour résultat que les coûts supplémentaires pour un vol prétendument gratuit avec des miles sont désormais parfois très élevés.

PAPULE: Existe-t-il des compagnies aériennes particulièrement gourmandes en matière de surcharge carburant ?

Koenig : L’une des compagnies avides, comme vous le dites, est l’une des compagnies aériennes les plus populaires au monde : Emirates. La compagnie aérienne facture un supplément de 2 357 euros pour un vol aller-retour en classe affaires de Francfort à Sydney payé avec des miles de récompense. Pour ce seul montant, vous pouvez voyager régulièrement en classe affaires vers Down Under avec d’autres compagnies aériennes. British Airways est une autre compagnie aérienne qui facture des suppléments élevés pour les vols primes.

PAPULE: En comparaison, pouvez-vous citer quelques compagnies aériennes modérées ?

Koenig : Prenez par exemple Singapore Airlines, qui supprime les suppléments carburant pour les billets primes et ne facture que les taxes et frais réellement applicables. Cathay Pacific, Air New Zealand, Avianca, Copa Airlines et Finnair font les choses de la même manière. Les compagnies aériennes américaines, Air Canada et Qantas, se situent au milieu car elles ne facturent des suppléments carburant que sur les vols en provenance d’Europe.

PAPULE: Vous ne mentionnez même pas Lufthansa, donc ce n’est pas une compagnie aérienne modérée ?

Koenig : Avec un supplément kérosène de 300 à 600 euros, Lufthansa fait partie des compagnies aériennes les plus chères. Les vols aller simple en provenance d’Amérique du Nord, par exemple, sont particulièrement chers ; Si vous souhaitez payer avec des miles de prime Lufthansa, vous devez payer un supplément carburant supplémentaire de près de 1 000 euros.

PAPULE: Existe-t-il un moyen d’éviter de tels suppléments ?

Koenig : Oui, Lufthansa Miles & More propose de payer le supplément carburant en miles. Sur la route New York-Francfort, vous économisez environ 435 $ en classe économique en payant 13 000 miles supplémentaires et en classe affaires, vous économisez 965 $ en payant 22 000 miles.

PAPULE: Est-ce que ça vaut le coup?

Koenig : En principe, l’utilisation de miles vaut toujours la peine si vous recevez au moins une valeur équivalente de 15 à 20 euros pour 1 000 miles utilisés. Et c’est le cas si – pour s’en tenir à l’exemple donné – vous dépensez 22 000 miles pour économiser les 965 $ du supplément carburant en classe affaires. Car avec cette offre, 1000 miles correspondent à environ 41 euros. C’est exceptionnel.

PAPULE: Vous insistez sur les mots « sur cette offre » : compenser le supplément carburant par des miles de prime n’en vaut donc pas toujours la peine ?

Koenig : C’est vrai, l’indemnisation n’a de sens que si les économies réalisées pour 1 000 miles utilisés sont supérieures au coût des miles – ce qui n’est généralement pas le cas. La même logique s’applique aux réservations de vols primes en général. La valeur équivalente de 1000 miles utilisés doit également être supérieure au coût de ceux-ci.

Pour les vols primes en classe économique, vous disposez généralement d’une valeur équivalente de cinq à dix euros pour 1 000 miles utilisés, en classe affaires, elle est de 20 à 30 euros et en première classe, elle est souvent supérieure à 30 euros. La raison en est évidente : en classe affaires et en première classe, la proportion des taxes, redevances et suppléments carburant par rapport au prix du billet est nettement inférieure. Il est donc plus judicieux de dépenser des miles de prime sur de tels vols.

PAPULE: Existe-t-il d’autres stratégies pour éviter les suppléments carburant ?

Koenig : Si vous voyagez dans des pays où le gouvernement interdit aux compagnies aériennes de facturer des suppléments carburant, comme le Brésil ou les Philippines, nous vous conseillons d’acheter deux billets aller simple pour les miles de récompense. Vous devez payer le supplément carburant sur le vol aller, mais pas sur le vol retour. Cela se traduit par une économie comprise entre 200 et 250 euros.

PAPULE: Existe-t-il réellement un supplément carburant pour les soi-disant bonnes affaires kilométriques de Lufthansa Miles & More ?

Koenig : Oui, les suppléments carburant sont les mêmes avec les Mileage Deals, mais les prix kilométriques eux-mêmes sont environ 50 % inférieurs aux prix habituels. Les bonnes affaires en termes de miles sont, en un sens, des offres spéciales dans le cadre du programme de fidélisation Miles & More. Lufthansa publie toujours les bonnes affaires en matière de kilométrage au début du mois. Il faut alors être assez rapide, d’autant plus que même les vols en classe économique basés sur des miles de récompense peuvent parfois s’avérer intéressants ici. Cependant, si vous souhaitez tirer le meilleur parti de vos miles de prime, vous ne devez profiter des bonnes affaires en miles que s’il s’agit de vols long-courriers en classe affaires.

PAPULE: Désormais, tout le monde ne dispose pas de suffisamment de miles pour bénéficier de vols primes. Comment recharger votre compte Miles rapidement et efficacement ?

Koenig : De nos jours, vous pouvez facilement cumuler des Miles de prime sur le terrain. Le moyen le plus pratique de collecter des miles consiste à utiliser des cartes de crédit, telles que la carte de crédit Miles & More. Une deuxième option consiste à acheter des forfaits kilométriques entiers. Chez Lufthansa, cela est possible dans le cadre des forfaits dits Bundle & Go : jusqu’à 100 000 peuvent être achetés pour 1 750 euros. Il y a encore plus de miles disponibles chez Asmallworld, partenaire de Miles & More, où ils proposent toujours entre 250 000 miles pour 5 490 euros et, lors d’offres spéciales, même 300 000 miles dans le cadre d’un forfait spécial.

PAPULE: Et si cela ne suffit toujours pas ?

Koenig : Miles & More propose également ce que l’on appelle le « mileage pooling ». Vous pouvez cumuler les miles de deux adultes et jusqu’à cinq enfants. Si vous effectuez ensuite une réservation prime avec des miles, vous aurez accès à tous les miles des personnes concernées. Les miles ayant la date d’expiration la plus courte sont toujours utilisés en premier.

PAPULE: Le nom lui-même en dit long : les voyageurs fréquents volent beaucoup. Le débat sur le Flight Shaming de ces derniers mois n’a-t-il aucun effet sur cette clientèle ?

Koenig : Les débats sur le climat, mais plus encore la délocalisation des emplois vers les bureaux à domicile, ont déjà un effet modérateur sur les vols d’affaires. Mais je ne pense pas que voler en général devienne moins attractif. Il n’y a tout simplement pas d’alternative, surtout sur les itinéraires longue distance.

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De plus, le désir de mobilité des gens augmente plutôt que diminue, notamment dans les pays émergents. Rendre les vols plus respectueux du climat est donc aussi la solution des compagnies aériennes, mais pas l’évitement des vols.

PAPULE: Les programmes de fidélisation ne devraient-ils pas également être davantage orientés vers la protection du climat ?

Koenig : C’est correct. Lufthansa, par exemple, a fait les premiers pas dans cette direction. Des tarifs verts ont été introduits pour les vols en Europe au début de l’année. Il s’agit d’un tarif spécial qui finance, d’une part, le carburant d’aviation durable et, d’autre part, la compensation CO₂. Pour accroître l’acceptation de ce tarif plus cher, les passagers qui choisissent le tarif vert recevront 20 % de miles de récompense et de statut en plus.

Et cela est particulièrement intéressant pour les voyageurs fréquents qui souhaitent conserver leur statut de voyageur fréquent ou qui visent un statut plus élevé en vue de l’année à venir. Lufthansa Miles & More modifiera complètement le système de statut le 1er janvier 2024, de sorte qu’un statut de voyageur fréquent Lufthansa ne sera valable qu’un an à partir de 2024 ; actuellement, c’est deux ans.

Alexander Koenig est un ancien consultant McKinsey et fondateur du cabinet de conseil pour voyageurs fréquents Première classe et plus. Il aide ses clients à tirer le meilleur parti de leurs kilomètres depuis 20 ans.