La filariose n’est pas encore éradiquée en Polynésie. Même si le nombre de patients atteints par cette maladie transmise par le moustique a diminué, il en reste encore, notamment à Huahine où une campagne de traitement a débuté lundi et se poursuivra jusqu’au 28 mars.
C’est un rituel dans la vie de Mathilde, infirmière. Trois fois par semaine, elle rend visite à sa dizaine de patients atteints de filariose lymphatique, communément appelée “éléphantiasis”. Marie (nom modifié) fait partie de ses patients depuis l’âge de 30 ans. “Cela a déjà été soigné, mais parce que je n’ai pas écouté, j’ai continué à me baigner dans la mer, ce qui a aggravé la situation. J’ai dû être évacuée à Tahiti pour me faire opérer et depuis mon pied est dans cet état”, déplore cette patiente.
Ce n’est pas tous les jours facile pour elle ainsi que pour les membres de sa famille, surtout au moment des repas. Car elle doit suivre un régime spécial. “Je suis obligée de lui préparer un repas cuit à la vapeur, sans sel ni sucre. Ce n’est pas facile pour moi de gérer ça avec une femme malade…Pour mes enfants, j’essaie au moins de m’en sortir”, raconte sa cousine.
Huahine reste l’une des îles avec des cas actifs d’éléphantiasis, une dizaine recensés, avec des sujets assez jeunes parfois. “J’en ai eu tout au long de ma carrière et malheureusement il y en a toujours… même chez des jeunes, de plus en plus. J’ai l’impression que cette maladie est persistante malgré les traitements, mais il ne faut pas baisser les bras car c’est handicapant et douloureux”, constate Mathilde.
En 2012, 87% de la population en Polynésie avait reçu le traitement contre la filariose. Cette année-là, on comptait 1 000 cas d’éléphantiasis sur le territoire. Aujourd’hui, les services de santé sont à Huahine. “On note une bonne adhésion de la population à la campagne de masse, les gens nous disent oui facilement et sont déjà bien informés et prêts, ça se passe très bien”, indique le docteur Jérôme Debacre de la Direction de la santé.
Présents sur l’île de Huahine depuis lundi dernier et encore pour une semaine, les agents de la Direction de la santé espèrent couvrir la totalité de l’île. Après Huahine, ils seront à Rikitea du 24 au 29 avril 2024 pour rencontrer la population, distribuer et superviser la prise du traitement.
Le reportage d’Hitimana Qui :
©Polynésie
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2024-03-24 00:39:39
