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Barbenheimer vs. Oppenheimer: A Tale of Contrasting Film Experiences

Barbenheimer vs. Oppenheimer: A Tale of Contrasting Film Experiences

Je plains profondément les personnes qui ont cédé à la tendance “Barbenheimer” : aller au cinéma pour voir d’abord Barbie puis Oppenheimer est comme manger un gros hamburger gras et salé avant de savourer un délicieux repas gastronomique étoilé Michelin. Alors que j’ai trouvé Barbie indigeste, Oppenheimer alimente la réflexion. Tandis que Barbie m’a laissée sur ma faim, Oppenheimer a nourri mon esprit.

LA SAUVAGERIE

Je n’ai jamais vu mon fils de 15 ans dans un tel état : à la sortie du film Oppenheimer, il était blême, sonné, et n’a pas prononcé un mot pendant 15 minutes. Il était encore choqué par la finale du film, consterné par les dangers de la prolifération nucléaire et de la course aux armements. On parle beaucoup de l’écoanxiété qui affecte les jeunes, mais je vous assure que cela ne représente rien par rapport à l’anxiété nucléaire qui peut vous terrasser lorsque vous émergez de ce film qui pose des questions fondamentales sur l’avenir de l’humanité.

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Le film Oppenheimer est un chef-d’œuvre exigeant qui s’adresse à l’intelligence des spectateurs, qui soulève d’importantes questions philosophiques et morales, les invitant à suivre simultanément trois histoires entrelacées (la création de la bombe à Los Alamos, l’enquête sur Oppenheimer pour son certificat de sécurité et l’accréditation de Lewis Strauss en tant que ministre du Commerce).

Le hasard a voulu que j’aille voir Oppenheimer quelques jours après avoir lu une biographie de l’écrivain Albert Camus, qui a toujours pensé et écrit que “la fin ne justifie pas les moyens”.

Deux jours après Hiroshima, et même avant Nagasaki, dès le 8 août 1945, dans le journal Combat, l’auteur de À pêcher et L’Étranger exprimait tout le mal qu’il pensait du recours à la bombe atomique. “Nous nous résumerons en une phrase : la civilisation mécanique vient d’atteindre son paroxysme de sauvagerie.”

Alors que toute la sphère médiatique et intellectuelle applaudissait l’utilisation de la bombe, Camus se tenait à part et affirmait : “Il faudra choisir, dans un avenir plus ou moins proche, entre le suicide collectif et l’utilisation intelligente des conquêtes scientifiques […]. En attendant, il est permis de penser qu’il y a quelque indécence à célébrer ainsi une découverte qui se met d’abord au service de la plus formidable rage de destruction dont l’homme ait fait preuve depuis des siècles.”

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C’est précisément ce dilemme moral qui est au cœur du film de Christopher Nolan. Est-il acceptable d’accepter un massacre de masse pour empêcher un autre massacre de masse ? Fallait-il tuer 220 000 Japonais pour mettre fin à la guerre et permettre aux soldats américains de rentrer chez eux ?

LES BOMBES O

Ce qui me réjouit le plus à propos du succès phénoménal du film Oppenheimer au box-office, c’est que des millions de personnes à travers le monde se passionnent pour un film de trois heures, où l’on voit principalement des personnes parler dans de petites pièces étroites. Une chose m’a frappée lorsque j’ai vu le film à Paris, dans une salle IMAX : le silence et la qualité d’écoute pendant trois heures et neuf secondes. Et le visage stupéfait des spectateurs qui, comme mon fils, encaissent le choc de ce film percutant.

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