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Atteindre le « plein-emploi » ou 5 % de chômage, est-ce faisable ?

Atteindre le « plein-emploi » ou 5 % de chômage, est-ce faisable ?

En France, le taux de chômage était de plus de 9 % il y a cinq ans. Il est passé à 7,3 %, ce qui fait dire au président de la République que la France pourrait atteindre une situation de « plein-emploi »qu’il fixe à 5 %d’ici la fin de son nouveau quinquennat. Cela permettrait, estime Emmanuel Macron, de financer notre modèle social. Est-ce réalisable ? Éléments de réponse glanés aux Rencontres économiques d’Aix-en-Provence, organisées du 8 au 10 juillet 2022.

Viser le plein-emploi, ça veut dire quoi ?

Le « plein-emploi »c’est un concept. Pour le Fonds monétaire international, c’est lorsque le chômage est limité à la période de transition naturelle entre deux emplois. C’est « quand tous ceux qui veulent travailler travaillent », résume un expert de la banque Rothschild.

Pour d’autres économistes, il faut regarder du côté de la demande des entreprises : c’est quand elles ont des difficultés à embaucher. Or la France a beau être au-delà du taux de 5 % de chômage, de nombreux secteurs d’activité (hôtellerie, transports, tourisme…) font déjà face à des pénuries de candidats.

Quels sont les freins ?

Contraction de la consommation des ménages, fin de certains dispositifs ponctuels (pour les jeunes, politique du « Quoi qu’il en coûte » avec les prêts garantis par l’État que les entreprises vont devoir rembourser) font que « le pari du chômage qui continuerait à faiblir chaque mois n’est pas gagné », nous confiait récemment Eric Heyerdirecteur du département analyse et prévision de l’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE).

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Il faut aussi motiver celles et ceux qui ne trouvent plus de sens dans le travail. Soit parce que trop de télétravail lié à la crise sanitaire a pu déshumaniser leur métier ou les pénaliser. Ou a contrario… parce que le télétravail ne leur est pas proposé. Alors que selon des sondages, un salarié s’intéresse désormais en premier lieu aux conditions salariales, de travail et à la quête de sens.

Comment le gouvernement compte-t-il y parvenir ?

Olivier Dussopt, le nouveau ministre du Travail, s’est fixé quelques priorités pour atteindre un taux de chômage de 5 %, résume-t-il dans cette vidéo réalisée par Ouest-France.

Améliorer le taux d’insertion professionnelle à la sortie des études en mettant le paquet sur la professionnalisation de l’enseignement et l’apprentissage. Près d’un cinquième des 750 000 créations nettes d’emplois depuis un an sont déjà dues à l’apprentissage, selon les chiffres présentés par l’Insee le 9 juin 2022. Mais le dispositif coûte cher, alors que l’organisme France compétences – qui gère les fonds de la formation professionnelle – est largement déficitaire. Côté formation, il reste « des problèmes de qualification et formation à régler pour mieux former au numérique, à l’informatique ou encore à la transition énergétique », confiait pour sa part en décembre à Ouest-France l’économiste Elie Cohen.

Le ministre entend aussi travailler avec les partenaires sociaux sur l’attractivité des métiers et les conditions de travail. Les entreprises ont beaucoup à faire pour rendre les emplois – y compris les plus « simples » – plus attirants, donner des perspectives de carrière ou de la fierté à leur personnel, accepter des hausses de salaires dans les secteurs les plus en tension, reconnaissent plusieurs experts. Mais aussi accélérer sur la participation des salariés à leurs résultats ou à leur actionnariat.

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Autre priorité d’Olivier Dussopt : réinsérer ceux qui sont éloignés de l’emploi, ce qui suppose un « accompagnement individuel pour tenir compte des difficultés ». Il mise ainsi sur le – vaste et complexe – chantier du guichet unique en transformant Pôle emploi en France travail, dont « les paramètres ne sont pas fixés »reconnaît-il.

Le gouvernement veut aussi faciliter le retour à l’emploi en « creusant le différentiel entre les revenus sociaux (les prestations sociales, N.D.L.R.) et les revenus du travail ». Sans accompagnement, « le RSA est au mieux une trappe à pauvreté, au pire un accompagnement d’une activité non déclarée »estime Olivier Dussopt. Ce qui fait tousser certains qui y voient une stigmatisation de ces allocataires… Tandis que la droite, incarnée aux Rencontres économiques par le maire de Meaux (Seine-et-Marne) Jean-François Copé, voudrait aller beaucoup plus vite sur ces « contreparties » aux aides.

D’autres pistes sont-elles possibles ?

Il ne faut pas oublier la question de l’emploi des seniors, rappelle Elena Stancanelli, professeure à l’École d’économie de Paris (PSE). « Que faire contre le chômage de longue durée, comment éviter la succession de petits jobs en fin de carrière ? »

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Diversité des origines, personnes en situation de handicap : les entreprises doivent également « s’ouvrir à de nouvelles populations »estime Alain Roumilhac, le président France du géant de l’intérim ManpowerGroup.

Et pourquoi pas mieux partager le travail pour « atteindre un plein-emploi de qualité, stable et reconnu »glisse un participant des Rencontres d’Aix. C’est d’ailleurs les propositions formulées par la CGT, qui prône le passage à la semaine de 4 jours ou aux 32 heures hebdomadaires.

Quel est le rôle des territoires ?

Viser le plein-emploi nécessite aussi de s’adapter aux spécificités des bassins. Ainsi, pour répondre aux besoins locaux de main-d’œuvre, « les universités ont un rôle incontournable mais elles ne doivent pas être obsédées par les classements mondiaux, mais par une formation adaptée aux besoins du territoire »explique Karim El Aynaoui, économiste et président du Policy Center for the New South.

Reste que l’un des freins au développement de projets, et donc d’emplois, est désigné par plusieurs intervenants comme « le mille-feuille administratif ». « Nous nous retrouvons parfois dans des situations ubuesques qui bloquent les investissements »assure Sophie Boissard, la directrice générale de Korian, qui voit ses projets de logements partagés dans les bourgs, menés avec la Banque des Territoires, ralentis par l’attente d’autorisations départementales.

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