Antoine Gallimard dénonce l’impact négatif de la pub télé sur la diversité des livres

Des publicités pour des livres à la télévision ? Terrible idée, selon le grand éditeur Antoine Gallimard. Sur France Inter ce samedi 13 avril, il a réclamé l’abrogation d’un décret autorisant la publicité pour les livres sur les chaînes de télévision hertziennes. En cause : les inégalités qu’une telle possibilité risque de créer entre les gros et les petits éditeurs. “Nous avons toujours dit que nous étions contre, tous les éditeurs, au nom de la diversité. Vous mettez en avant trois ou quatre livres, pendant que quarante autres n’auront droit à aucune visibilité ! Ce n’est pas juste”, a déclaré Antoine Gallimard au micro de la radio.

Le décret publié le 6 avril au Journal officiel (JO) autorise la publicité à la télévision pour les livres pendant une période de deux ans. “Au plus tard trois mois avant la fin de cette période, le gouvernement publiera un rapport évaluant l’impact de cette autorisation temporaire notamment sur le secteur de l’industrie du livre afin de décider de la possibilité de pérenniser cette disposition”, peut-on lire dans le JO.

Une expérimentation similaire pour la publicité en faveur du cinéma avait été menée entre 2020 et 2024, puis pérennisée par ce même décret du 6 avril. Selon le JO, le bilan de cette autorisation de la publicité pour les films met en avant “la diversité des œuvres promues à la télévision (majoritairement des films français, budgets relativement variés)”.

La diversité menacée

C’est justement la question de la diversité qui inquiète le monde de l’édition, surpris par cette expérimentation lancée autour des livres. Selon les éditeurs, qui étaient nombreux à s’opposer à cette idée, seules les grandes maisons d’édition auront les moyens de payer des publicités pour leurs livres à la télévision. Un tel modèle risque également de favoriser des auteurs déjà très populaires autour desquels la publicité serait centrée, au détriment des auteurs moins connus.

Sur France Inter, Antoine Gallimard a donc insisté ce samedi pour l’annulation de cette expérimentation : “Il est urgent que ce décret soit retiré, et que nous puissions travailler sereinement, sans être impactés par d’importantes campagnes publicitaires qui détruiraient notre marché dans sa diversité.” Pour le président du groupe de maisons d’édition Madrigall, “nous sommes l’un des premiers pays à avoir autant de propositions d’ouvrages, et il est absolument nécessaire de protéger cela”.