2023-09-01 18:58:46
Personne ne s’interroge sur la responsabilité de l’école – à l’époque comme aujourd’hui
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L’affaire Aiwanger ne concerne pas seulement l’avenir d’un homme politique. Elle soulève la question suivante : qu’est-ce qui ne va pas dans les cours d’histoire allemande lorsque les pensées antisémites sévissent dans les salles de classe ? Parce que personne ne croit que quelque chose de similaire ne se produise plus aujourd’hui.
MIl y a 17 et 36 ans, un écolier de Basse-Bavière traînait dans son dossier scolaire quelques dépliants contenant des phrases antisémites tirées du dictionnaire du monstre. Que Hubert Aiwanger soit un auteur ou son frère n’est pas le point décisif.
De plus, il ne s’agit pas d’une mauvaise saga familiale, mais plutôt d’un réquisitoire contre le lycée, qui a apparemment laissé passer le tract à glacer le sang pour une farce idiote. Les enseignants ont vu les discours de haine, les camarades de classe aussi, probablement les parents aussi.
Le rappel ? Une punition pour le Troisième Reich. Pour autant que l’on sache, le pamphlet n’a pas été discuté en classe et l’antisémitisme meurtrier, qualifié de « satire », n’a été discuté dans aucune assemblée générale des étudiants.
Il est temps de réfléchir. 42 ans après la fin de l’horreur nazie, après des milliers de cours, de documentaires et de films sur l’extermination des Juifs, des écoliers à moitié adultes se moquent des souffrances indescriptibles des Juifs, et apparemment rien ne se passe.
Le véritable scandale est que l’école, le personnel enseignant et les parents ne voyaient apparemment aucune raison de rendre publique cette gaffe dégoûtante. Le caractère explosif du pamphlet devait leur être évident.
Les enseignants et les parents voulaient que le dossier reste petit
Peut-être ont-ils voulu limiter l’incident, par exemple pour ne pas mettre en péril les partenariats avec les lycées français et polonais. La réputation de l’école aurait alors été plus importante pour eux que les regards obscènes parmi les étudiants.
L’école ne s’est pas assez demandé ce qui se passe dans la tête des jeunes qui écrivent sur papier des méchancetés aussi scandaleuses. Les enseignants ont peut-être ressenti du dégoût, mais au lieu de crier, le silence était à l’ordre du jour.
Autrement, l’indicible aurait trouvé sa place dans les journaux de l’époque. Les enseignants ne discutaient pas publiquement de ce qu’ils avaient fait de mal ou de ce qu’ils avaient manqué. Pourquoi avons-nous échoué ? C’était en 1987, et non en 1947, lorsqu’il y avait encore des enseignants de l’époque nazie au bureau.
Les enseignants d’aujourd’hui déclarent depuis longtemps que leurs élèves s’ennuient de l’Holocauste. Les gros mots anti-juifs utilisés dans les cours d’école sont depuis longtemps pris en compte. Le mot N est strictement interdit, le mot J est évidemment acceptable.
Tout le monde dans la cour d’école dit que ça ne veut rien dire. « Espèce de Juif », c’est comme « espèce de connard ». Rien de nazi et tout ça. Ce que les écoliers juifs doivent parfois écouter apparaît rarement dans les journaux. S’ils le font, les élèves offensés vont dans une école différente, pas celle de l’école incriminée.
La révision des programmes est rappelée comme un mantra. Le programme de l’Holocauste devrait donc être réorganisé de manière à ce que le chapitre le plus sombre de l’histoire allemande pénètre les esprits. Par exemple, les témoins contemporains véhiculent une nouvelle perspective et attirent l’attention.
Si les enseignants de Basse-Bavière avaient conduit leurs élèves plus souvent et mieux préparés à travers Dachau, s’ils avaient discuté de la marche de la mort des détenus des camps de concentration à travers leurs villages, si leurs classes avaient visité des cimetières juifs et discuté du sort des individus, les pamphlétaires aurait pu s’étouffer devant leur manque de scrupules.
Oui, c’était il y a 42 ans. Mais ne croyez pas que de telles choses n’arrivent plus. Renseignez-vous dans la cour d’école. « Au gaz avec vous ! » ou « Dans la cheminée » sont encore – ou encore – une méchanceté éprouvée huit décennies après le Reich de douze ans.
Où est la « police de la langue » quand on en a vraiment besoin pour fustiger la méchanceté ? Le langage nazi n’a rien à voir avec la liberté d’expression.
Christine Brinck est publiciste et auteure. Entre autres choses, elle a publié le livre “Ils ont fui la croix gammée”.
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