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À qui profite la disparition prochaine du ticket de caisse?

À qui profite la disparition prochaine du ticket de caisse?

Pour la planète ?

L’objectif affiché est celui de protéger l’environnement puisqu’un ticket de caisse envoyé par mail réduirait le gaspillage de papier et d’eau. Pourtant, selon le collectif GreenIT, un ticket dématérialisé rejetterait dans l’atmosphère 2 grammes d’équivalent Co2 de plus qu’un ticket imprimé, car sa transmission et son stockage dans un centre de données sont coûteux en énergie.

Pour le marketing surtout !

Mais en filigrane, les tickets dématérialisés sont une nouvelle opportunité de faire du « ciblage » grâce aux données personnelles récoltées, craint Ralph Roggenbuck, juriste au Centre européen de la consommation.

Concrètement, le client en caisse pourra se voir proposer de donner ses coordonnées, son nom, son mail, voire son numéro de téléphone et son adresse, pour recevoir un récapitulatif de ses achats dans sa boîte mail ou sur son compte personnel dans chaque enseigne. En cas d’échange, ou pour retrouver une garantie, fini les piles de tickets de caisses décolorés, il n’aura plus qu’à le retrouver en quelques clics.

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De nombreux grands distributeurs comme Carrefour ou Système U le proposent déjà. D’ailleurs, 70 % du chiffre d’affaires des enseignes de l’alimentaire est déjà relié à des clients identifiés grâce au système de fidélité, selon Jean-Michel Chanavas, délégué général de Mercatel, une association professionnelle spécialiste des questions liées au paiement.

Une dizaine de jeunes entreprises y ont trouvé un nouveau créneau comme Limpidius, Zerosix, Yavin… Elles proposent à des commerçants d’envoyer ces « tickets démat’ » (dématérialisés) à leurs clients, en lien avec les logiciels de caisse et parfois de concevoir leur mise en forme.

La loi anti-gaspillage est une aubaine formidable pour les commerçants.

La loi anti-gaspillage est une « aubaine formidable » pour les commerçants, assurent certaines de ces entreprises intermédiaires sur leurs sites internet. Elles y vantent les mérites économiques et environnementaux de ces tickets numériques, mais aussi leur intérêt marketing, de façon « totalement décomplexée »remarque Lionel Maugain, du magazine 60 Millions de Consommateurs.

Les données récoltées lors de la transaction permettent aux commerçants d’enrichir leur « référentiel client »une base de données pour mieux cibler leur clientèle.

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Juridiquement, ce recueil de données est légal. Le risque, c’est que le consentement des clients ne soit pas recueilli de façon claire. Pour qu’un commerçant profite de ces données pour un usage différent, pour envoyer par exemple de la publicité, il doit s’assurer que le client l’accepte par écrit, en cochant une par une, les cases correspondant aux différentes utilisations des données, insiste Ralph Roggenbuck.

Pourtant, la Commission Nationale de l’Informatique et des Libertés (CNIL) est claire : la dématérialisation de tickets de caisse ne saurait justifier « d’autres finalités, notamment de prospection commerciale », indiquait l’institution dans son Livre blanc sur les données et moyens de paiement publié en octobre 2021.

Files d’attente en caisse

Reste à savoir comment récolter le consentement sans rallonger les files d’attente en caisse. La procédure (orale ou écrite) reste floue et les professionnels sont toujours en attente du décret d’application de la loi anti-gaspillage.

Pour éviter ce temps d’attente, la start-up Yavin propose aux enseignes de reconnaître la carte bancaire des clients («avec leur accord »), pour qu’à l’avenir, ils puissent recevoir systématiquement leurs tickets de caisse par mail.

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Sa potentielle concurrente KillBills souhaite réduire encore ce délai en permettant l’envoi du relevé d’achats directement sur l’espace client bancaire, moyennant simplement une transaction par carte bancaire. « Dans ce cas, les enseignes ne récupèrent aucune coordonnée des clients et ne peuvent pas les contacter de façon intempestive »assure Sid-Ahmed Chikh-Bled, son cofondateur.

Quoi qu’il en soit, ces données, mêmes anonymisées, restent une “mine d’or” pour analyser les comportements des consommateurs, certifie la Cnil.

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