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Dire du mal de Calvino ? Pourquoi pas.

Dire du mal de Calvino ?  Pourquoi pas.

La question, qui pourrait aussi sembler oiseuse, est : peut-on dire du mal d’Italo Calvino ? Il faudrait répondre pourquoi, étant donné que même les porteurs de la culture de l’annulation (ceux qui en inventent chaque jour une nouvelle : l’actualité d’hier de la “réécriture” politiquement correcte des chefs-d’œuvre de Roald Dahl pour les éditions Penguin) n’ont pas trouvé pour le moment rien à redire sur l’œuvre du grand écrivain ligure, pierre de touche pour tous, pas seulement pour les Italiens, pivot de notre canon du XXe siècle. Et pourtant, et pourtant… Précisément le jour du centenaire de sa naissance, quelqu’un tente, renversant la question. Marco Missiroli tient en effet une conversation sur , «Parce que je ne peux pas aimer Calvino» à la Kasa dei libri (aujourd’hui, mardi à 18h, au Largo De Benedetti à Milan) dans le cadre d’un cycle et d’une exposition dédiés à l’anniversaire. C’est un vrai coming out : à 42 ans, il a enfin réussi, dit-il, à sortir le ballon du chemin.

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Étant dans ce cas un auteur italien parmi les plus estimés (nous pensons fidélité, vient de réimprimer pour Einaudi, ou Avere tutto, également publié l’année dernière par l’éditeur de Turin, un roman tendu et douloureux sur une relation avec son père – certainement différente de celle de Cosimo Piovasco di Rondò) ce qu’il dit doit être dûment pris en considération considération. Mais une prémisse doit également être faite. Calvino entre dans sa biographie personnelle, nous raconte en avant-première l’écrivain : qui semble avoir été opprimé depuis l’enfance par l’auteur de Cosmicomique. Sa mère, institutrice au primaire, a insisté pour que le petit Missiroli lise tout : et son père a fait sa part aussi. Des vacances à la montagne avec toute la famille ? Eh bien, chaque jour, la même question lui revenait, pressante: où es-tu avec Êtes-vous un voyageur par une nuit d’hiver? Une belle torture, on dirait un roman de Philip Roth. Bref : Calvino devient un complexe de culpabilité pour le futur écrivain, puis pour l’écrivain confirmé.

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Missiroli resta longtemps silencieux, et en eut honte aussi : jusqu’à ce qu’Andrea Kerbaker, l’inventeur du Kasa, peut-être sans s’en rendre compte, force son bloc, l’invitant à la fatidique conférence, et agisse comme fermier. A ce stade, que pouvait-il en effet répondre, sinon que l’auteur adoré de tous ou presque, eh bien, il ne l’aimait pas ? Or il nous avoue qu’à 42 ans, ce coming-out soudain était pourtant le premier vrai fruit de la maturité, bien plus efficace que n’importe quelle psychanalyse.

Et c’est une histoire qui, en soi, a déjà un bon potentiel narratif et même dramatique. Mais en plus des raisons familiales, qui sont également importantes et fictives, il y en a une délicieusement littéraire : et c’est, nous dit Missiroli, le fait qu’il a trouvé Calvino « toujours profondément conscient de ce qu’il écrit : il ne se laisse jamais surpris”. Soit froid, sauf pour la trilogie Our Ancestors et American Lessons. C’est une question de poétique, qui concerne le rapport de deux écrivains à l’écriture ; et c’est aussi une thèse extrême mais suggestive : du moins pour ceux qui, comme l’auteur de cette note, ont toujours adoré par dessus tout Si un voyageur par une nuit d’hiver. Il est vrai que mes parents, pour de banales raisons personnelles, n’ont pas pu essayer de me l’imposer, que ce soit en ville ou à la montagne. Mais à bien y penser, ils ne savaient même pas que cela existait. Et c’est parfois un avantage.

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