En tant qu’historienne, Audrey Millet s’est interrogée sur l’origine du mot “woke”. Selon elle, le mouvement romantique du XVIIIe siècle, qui a condamné les inégalités et critiqué la société, a revendiqué le plaisir et les émotions en opposition aux Lumières qui ont érigé la raison comme vertu suprême. Le terme “woke”, qui signifie littéralement “être éveillé”, désigne donc la prise de conscience des inégalités sociales et raciales, de l’homophobie, du sexisme et des enjeux environnementaux.
D’après Audrey Millet, le capitalisme du XIXe siècle a exploité les pensées contestataires pour alimenter les inégalités, et ce phénomène se poursuit aujourd’hui avec le “woke washing”. Dans son nouveau livre intitulé “Woke washing – Capitalisme, consumérisme, opportunisme”, elle dénonce l’opportunisme des entreprises qui cherchent à se racheter une conduite en surfant sur la vague du mouvement “woke”.
Cependant, Audrey Millet note que le mot “woke” est devenu péjoratif et alimente l’intolérance. Elle critique les discours binaires qui opposent “woke” et “anti-woke”, progressistes et fascistes, ainsi que l’injure actuelle de “wokester” donnée aux donneurs de leçons.
