votez avec vos pieds

Le départ de Ferrovial, qui fait partie du paysage commercial espagnol traditionnel, est un coup dur. La réaction du gouvernement a été d’étudier les vides juridiques qui empêchent, ou du moins posent des obstacles, à Rafael del Pino d’exécuter sa décision. Sans aucun doute, la crainte que d’autres entreprises de l’IBEX 35 imitent la stratégie a été le principal élément qui a conduit l’exécutif à agir. Il ne faut pas oublier que d’autres géants, comme Iberdrola, ont déjà menacé de délocaliser. Cependant, le problème est plus profond. L’économiste Charles Tiebout a développé la théorie du « vote avec les pieds », qui consistait à expliquer que les préférences électorales pouvaient se manifester en votant pour un parti ou en déménageant sur un autre territoire. Bien qu’il ait construit sa théorie pour expliquer le comportement des citoyens, une variante pourrait bien être appliquée au business case. Les grandes entreprises profitent des possibilités que leur offre la mondialisation pour accroître leur rentabilité et des mouvements comme celui de Ferrovial deviendront chaque jour plus fréquents.

Une autre réflexion porte sur la nécessité d’uniformiser la pression fiscale dans la zone euro. Cela n’a pas de sens que nous ayons la même monnaie et une politique monétaire commune, mais que la politique fiscale soit une petite réserve de pouvoir local pour chaque État. Enfin, le gouvernement devrait repenser sa réponse. L’utilisation du pouvoir coercitif n’est généralement pas l’alternative la plus efficace. Il est vrai que l’Espagne a besoin d’une réforme fiscale, mais cela ne peut pas se faire avec des correctifs improvisés.

Nous ne vivons pas dans le meilleur des cas, mes étudiants universitaires n’ont pas connu de période de prospérité, ils ont vu la crise de 2008, la pandémie et, maintenant, la guerre. En période d’incertitude, il n’est pas commode de toucher à la fiscalité. La pire chose que le gouvernement puisse faire est d’ouvrir davantage de conflits avec le monde des affaires.