Anxieux, François (son prénom a été changé) manipule son poignet gauche avec sa main droite, puis remonte son t-shirt gris au-dessus de son nez, comme pour sécher les larmes qui s’apprêteraient à poindre. À son côté dans le box des prévenus, Yaniss (son prénom a également été changé) n’en mène pas large non plus. Vêtu d’un sweat rouge, cet adulescent de 19 ans arbore l’acné et la tignasse d’un jeune lycéen. Il est 22 heures ce vendredi quand il comprend, sonné, qu’il s’apprête à passer sa première nuit en prison.
Ces deux primo-délinquants étaient jugés par le tribunal de Bobigny (Seine-Saint-Denis) pour leur participation à l’incendie du poste de police municipale de Villepinte dans la nuit du 29 au 30 juin, lors d’une nuit de violences urbaines consécutive à la mort de Nahel à Nanterre (Hauts-de-Seine). Les dégâts sont estimés à 1 200 000 euros. Le 4 octobre, plus de trois mois après les faits, six jeunes hommes ont été interpellés et placés en garde à vue à la suite d’un coup de filet du commissariat local.
Les quatre mineurs seront jugés par le tribunal des enfants en janvier prochain. Le procès de François et Yaniss, nés respectivement en 2001 et en 2003, a été renvoyé au 13 novembre. Le premier a été placé sous contrôle judiciaire et le second en détention provisoire au terme d’une journée d’audiences de comparutions immédiates marquée par de nombreux renvois.
« Des gamins qui étaient en colère »
Au plus âgé, il est reproché d’avoir jeté des pierres et tiré des mortiers d’artifice en direction du poste et, surtout, d’avoir subtilisé un bouclier de la police municipale retrouvé à son domicile lors d’une perquisition. « Il a lancé trois cailloux et deux bouteilles vides dans une cour vide et il a pris le bouclier des mains d’un émeutier, a plaidé son avocat. Il n’a pas mis un pied dans le commissariat, il n’a pas mis le feu à des barricades, il n’a pas dégradé de feux rouges. »
Les charges qui pèsent sur le plus jeune des prévenus sont plus lourdes, puisqu’il est aussi poursuivi pour des dégradations sur des véhicules et des violences sur des fonctionnaires de police. Des faits que son avocate a tenté de justifier par « un contexte de conneries » et « un effet de groupe, de meute ». « Ce sont des gamins qui étaient en colère », dont le profil — « jeune et inséré » — correspond à celui d’un bon nombre d’émeutiers jugés depuis juillet par le tribunal de Bobigny, observe-t-elle.
Quelques semaines plus tôt, un premier prévenu a été condamné à une peine de six mois de prison puis incarcéré pour l’attaque du commissariat de Villepinte. C’est l’avocate de Yaniss qui l’a défendu. « Un travailleur handicapé, sous tutelle et primo-délinquant, décrit-elle à l’audience. Ce dossier m’a traumatisée. »
Pour ne pas revivre pareille situation, elle a enjoint la cour à ne pas se laisser influencer par « le contexte politique » et par le communiqué du procureur de la République de Bobigny sur cette affaire diffusé sur Twitter quelques heurs avant le procès. En vain : son client a fait l’objet d’un mandat de dépôt.
2023-10-08 10:00:00
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