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[VIDEO] Le Leclerc d’Angoulême décroche le “fumier d’or” : la FNSEA réclame des prix rémunérateurs

[VIDEO] Le Leclerc d’Angoulême décroche le “fumier d’or” : la FNSEA réclame des prix rémunérateurs

En un an, j’ai dû me séparer de 50 bêtes.

Sous les rayons pâles de la grande surface de Lunesse, Yohan Guedon ne peut cacher sa mine dépitée. Cet agriculteur du Sud Charente, à la tête d’une exploitation de 200 truies, passe en revue l’étal réfrigéré de viande de porc sous cellophane : « A 1,69 euro le kilo, je ne comprends même pas comment les intermédiaires de la chaîne de production peuvent se payer. » L’agriculteur est formel, « il faut ajouter 25 centimes de plus si on veut rentrer dans les clous ». Justement, pour cet éleveur d’Édon, le quotidien est de plus en plus dur. « Le coût des matières premières a explosé, entre 20 et 25 %, sans compter le prix de l’énergie, du transport. En un an, j’ai dû me séparer de 50 bêtes, lever 200 000 euros de trésorerie et, à terme, il faudra peut-être que j’envisage de me séparer d’un salarié si je ne trouve pas le moyen de baisser mes charges. »

Adopté le 18 octobre dernier par le Parlement, le projet Egalim 2 devait pourtant permettre la mise en musique de la nouvelle loi visant à « protéger la rémunération des agriculteurs ». Notamment en généralisant les contrats écrits entre ces derniers et les entreprises qui vont transformer leurs produits, sur trois ans minimum, en tenant compte des coûts de production, dès janvier et février 2022. Le prix est alors fixé par les parties tout en respectant « une borne minimale et une borne maximale” : ces valeurs ne peuvent pas bouger.

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Seulement, les négociations traînent au niveau national et voilà que le groupe Leclerc vient alors agiter sa baguette sous le nez de sa clientèle. « Une baguette à 29 centimes, c’est intolérableestime Jean-Bernard Sallat. Sans compter le litre de lait à 60 centimes. Une promotion qui dure jusqu’à fin février, notamment à Angoulême, pile pendant la période de négociation. » La provocation de trop pour le groupe local de la FNSEA.

« La baguette, je l’achète »

Du côté du Leclerc, la direction joue le jeu de la visite de ses propres rayons, d’autant que le fameux trophée aurait très bien pu se trouver entre les mains des gérants du Carrefour de Soyaux, du Auchan de La Couronne ou du Géant de Champniers, dont les prix tirés vers le bas sont épinglés de la même manière par les éleveurs du coin. Devant la petite manifestation, Simon Ricaud peine à trouver les mots. « On vous promet de faire remonter le problèmeassure le directeur. Je comprends la détresse qui s’exprime d’autant que mes parents sont agriculteurs en Bretagne. »

Le mot est alors comme une goutte de trop auprès de la FNSEA : « Bientôt, plus personne ne pourra dire que ses parents étaient agriculteurs si la grande distribution continue à offrir des prix d’appel qui ne correspondent en rien au travail exercé tous les jours dans les campagnes du département. » Encore faudrait-il poser la question aux consommateurs : « A 29 centimes la baguette, elle n’est pas bonne mais je l’achète, vu l’état du porte-monnaie », confesse Guillaume, spectateur en retrait, entre deux rayons du supermarché.

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