Promesse annoncée, promesse tenue. Le maire de Villeneuve-le-Roi n’a pas augmenté les taux d’impôts locaux depuis son élection en 2001. Il vient de renouveler cet engagement lors du vote du budget 2023, ce printemps. Un cas unique dans le Val-de-Marne : Saint-Maurice, qui maintenait les mêmes taux depuis 1989, a fini par recourir au levier fiscal en 2015.
La stabilité de Villeneuve-le-Roi est d’autant plus notable cette année que de nombreuses municipalités augmentent actuellement leurs taxes foncières, étranglées par l’inflation et le bond des factures d’énergie. C’est le cas au Kremlin-Bicêtre, à Vitry, Maisons-Alfort, Ormesson ou encore Villejuif, dont le maire Pierre Garzon (PCF), ne veut « renoncer à aucun des 79 engagements pris devant la population en 2020 ». Or, ses finances « sont prises dans un effet ciseau entre des recettes qui stagnent, voire diminuent pour certaines, et une explosion des dépenses notamment liées à l’inflation des produits énergétiques dont la note passe d’1,6 à 4,5 millions d’euros ».
« Gestion de bon père de famille »
La notion de promesse est vécue différemment à Villeneuve-le-Roi. « J’ai pris un engagement en 2001 et je le renouvelle chaque année : on ne touche pas aux impôts, insiste Didier Gonzales (LR). Ma population n’est pas très riche. Alors quand on peut faire autrement, on fait autrement. »
Il a donc adopté une « gestion de bon père de famille », « sans toucher à la dette » ni ajouter de pression fiscale aux propriétaires, d’autant que l’État fait bondir les bases de 7,1 % en 2023 et que la part communale de la taxe foncière villeneuvoise figure parmi les plus élevées du Val-de-Marne.
« Heureusement, notre base est la 4e plus faible du département, à cause de notre proximité avec l’aéroport d’Orly, du Plan d’exposition au bruit (PEB), de nos zones inondables… Le produit (ratio entre le taux communal et la base)ce que nos contribuables payent réellement, est le 13e plus avantageux sur les 47 villes val-de-marnaises. »
Différer, épargner, subventionner…
Alors comment équilibrer le budget ? L’équation n’est pas simple cette année : la facture énergétique de Villeneuve va passer d’1 à 3 millions d’euros, le coût de la cantine va croître de 100 000 euros, etc. Mais Didier Gonzales, l’inspecteur des douanes connu pour compter chaque sou, a plusieurs astuces.
« Nous honorons les grands projets tels que le futur marché, mais nous différons certains investissements moins prioritaires », comme l’aménagement d’un centre de loisirs à vocation sportive dans l’ancienne mairie-école. Alfortville fait de même, n’hésitant pas à « reprogrammer sur deux mandats » la rénovation de l’école Montaigne par exemple.
Si Didier Gonzales freine l’allure sur certains dossiers, il accélère sur d’autres car des économies sont à la clé. Le remplacement des 2 700 lampadaires énergivores, qui devait être étalé jusqu’en 2024, sera achevé avant fin 2023 : « Cet investissement vertueux nous permettra de réaliser 70 % d’économies d’énergie. »
La municipalité traque aussi le moindre financement possible : « J’ai recruté une personne dédiée à la recherche de subventions. » Nogent et Champigny ont fait de même. Ainsi, Villeneuve a décroché un million d’euros de la Métropole du Grand Paris (MGP) pour refaire à neuf la Voie de Seine cette année : « Nous la rénovons en la rehaussant afin d’en faire un axe stratégique en cas d’inondation. Et la MGP a la compétence inondation », explique Didier Gonzales.
Enfin, la ville économise régulièrement en prévision des futurs gros chantiers. « Nous préférons ne pas consommer tout notre argent. Notre plan pluri-annuel d’investissements nous offre cette lisibilité sur l’avenir. Depuis trois ou quatre ans, nous avons donc épargné pour bâtir le futur marché. Nous nous endettons peu et allons le réaliser à coup sûr. »
« Gonzales est emprisonné dans sa promesse »
Éric Chamault (PS), élu d’opposition, estime que « Didier Gonzales est emprisonné dans sa promesse » du zéro augmentation d’impôts. « Il n’est pas scandaleux de faire de légères hausses pour avoir plus de marge de manœuvre. On attend d’un maire qu’il voie plus loin. Il gère en père de famille, pas en chef d’entreprise. Or, Villeneuve a la capacité de s’endetter davantage. » Surtout, il dénonce son « fonctionnement clanique et partisan » : « Avant, quand le département et la région étaient à gauche, Didier Gonzales se refusait à toute demande de subvention auprès d’eux. »
