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Urgence Soudan – Monde et Mission

Urgence Soudan – Monde et Mission

2023-05-25 16:00:23

L’énième conflit qui a éclaté à la mi-avril a fait de nombreux morts et forcé des centaines de milliers de personnes à fuir, aggravant une situation humanitaire déjà critique. PIME en première ligne pour les réfugiés soudanais au Tchad

Il semble qu’il n’y ait pas d’alternative à la guerre au Soudan. Même si le conflit n’est pas une fatalité pour ce pays. C’est un besoin pour ceux qui continuent de profiter d’une situation de chaos, de violence, d’absence de droits et de démocratie et de beaucoup, beaucoup de pauvreté.

Le dernier acte d’un scénario qui se répète avec peu de variantes a eu lieu le 15 avril dernier lorsque la capitale Khartoum a été prise pour cible par les tirs croisés de l’armée gouvernementale et des Forces de soutien rapide (RSF). Le premier est dirigé par l’actuel président du Conseil souverain qui gouverne le pays, le général Abdel Fattah al Burhan ; ce dernier répondant à son adjoint, le général Mohamed Hamdan Dagalo, dit Hemetti. Alliés dans le coup d’État qui a conduit à la destitution, après trente ans de régime, de l’ancien président Omar el-Béchir en 2019 et, avant cela, dans l’intervention brutale dans le conflit au Darfour, ils se sont retrouvés ces derniers mois profondément en désaccord sur la transition démocratique envisagée et sur le transfert du pouvoir aux civils. Transition voulue par al Burhan, mais contrée par Hemetti, qui fut par le passé à la tête des milices notoires Janjaweed, responsables des pires atrocités au Darfour, et qui dirige aujourd’hui ce qui est en quelque sorte devenu son évolution : les Rapid Support Forces. Cette milice, composée d’environ 60 000 hommes bien armés, serait soutenue par le groupe russe Wagner avec qui elle partage également l’exploitation des mines d’or du Darfour. Et ce n’est pas tout : les RSF contrôlent des secteurs importants de l’économie du pays et diverses activités financières, dont des banques et des fondations. Mais cela vaut aussi pour les chefs de l’armée nationale qui continuent de tenir fermement entre leurs mains les centres névralgiques vitaux de l’économie.

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Dans ce contexte, la transition démocratique semble n’avoir intéressé que les différentes réalités de la société civile – étudiants, enseignants, travailleurs, professionnels et militants des droits de l’homme, mais aussi associations et mouvements populaires – qui avaient donné lieu à des manifestations massives en décembre 2022, brutalement réprimée par la police. Aussi parce qu’un authentique État de droit risque de détruire le tissu commercial plus ou moins opaque sur lequel repose le système de pouvoir militaire du Soudan.

Et nous sommes donc arrivés à ce nouveau conflit dévastateur, qui a également contraint de nombreux étrangers à quitter le pays en hâte, comme nous le raconte un représentant de l’OVCI-La Nostra Famiglia, au siège duquel les Italiens se sont rassemblés, avant d’être évacués vers Djibouti depuis l’aéroport militaire. Des semaines plus tard – nous dit-il – la situation est toujours très précaire et dangereuse. Même plusieurs missionnaires, qui avaient initialement décidé de rester au Soudan, ont été contraints de partir, souvent d’une manière très difficile et extrêmement dangereuse.
Les affrontements se sont d’ailleurs rapidement propagés de la capitale Khartoum à d’autres régions du pays. À El Obeid, la cathédrale et le presbytère ont également été touchés par des obus de mortier, qui ont détruit les vitraux.

Mais c’est surtout la région du Darfour qui est à nouveau touchée de façon dévastatrice. Ici, une grande partie de la population continue de vivre dans des conditions extrêmement précaires en raison du terrible conflit qui a éclaté il y a exactement vingt ans, en 2003, qui a fait 300 000 morts et 2,2 millions de déplacés, dont beaucoup sont encore dans des camps. Les atrocités commises notamment par les milices janjawids, déchaînées et soutenues par Omar al Bashir, et dirigées par le commandant Hemetti, ont valu à l’ancien président l’inculpation de crimes de guerre, crimes contre l’humanité et génocide. Exactement ce qui se passe aujourd’hui.

Par ailleurs, le pays traverse une profonde crise économique : inflation galopante, hausse des prix des produits de première nécessité, pénurie de carburant et chômage endémique notamment chez les jeunes sans perspectives d’avenir. L’année dernière déjà, l’évêque d’El Obeid Yunan Tombe Trille, qui est également président de la Conférence épiscopale du Soudan et du Soudan du Sud, dénonçait une « situation très difficile : nous survivons par miracle. Tout est très cher, les transports, la nourriture et les gens n’ont pas de pain. C’est insoutenable pour la population et l’aide de la communauté internationale n’arrive qu’à quelques-uns ».

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Selon le Programme alimentaire mondial (PAM), aujourd’hui, « la situation humanitaire ne fait qu’empirer, avec une augmentation constante de la faim. Un nombre record de personnes, environ un tiers de la population, souffraient déjà de la faim au Soudan avant que le conflit actuel n’éclate. La violence en cours a le potentiel de plonger des millions d’autres dans la faim.”

C’est une perspective qui concerne au premier chef les centaines de milliers de personnes contraintes de quitter leur foyer et qui viennent grossir le nombre déjà très élevé de déplacés internes : 3,7 millions de personnes. Après le premier mois de conflit, environ 200 000 personnes qui avaient trouvé refuge au Soudan ces dernières années, fuyant les pays voisins touchés par la violence et l’instabilité, ont regagné en hâte leurs lieux d’origine. Parmi ceux-ci, de nombreux Sud-Soudanais qui vivaient depuis longtemps dans le Nord et qui sont maintenant rentrés au Sud-Soudan. Un mois après le début du conflit, ils étaient plus de 50 000 : une histoire qui se répète à l’envers.

Même au Tchad, où se trouvaient déjà de nombreux réfugiés du Darfour, des milliers de personnes fuyant continuent d’arriver chaque jour. Mi-mai, selon le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR), environ 60 000 personnes avaient franchi la frontière. « Près de 90 % sont des mineurs et des femmes, dont beaucoup sont enceintes. Un cinquième des bébés de 6 à 9 mois dépistés souffraient de malnutrition sévère. La moitié des personnes qui sont arrivées ont des membres de leur famille encore au Soudan avec qui elles aimeraient être réunies au Tchad. Certains hommes sont restés sur place pour défendre des propriétés.

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« Les personnes que nous avons rencontrées à la frontière – témoigne le frère Fabio Mussi, missionnaire du PIME au Tchad – nous ont raconté des violences terribles. Ils ont fui sans rien et vivent campés sous quelques buissons ou une misérable tente, en attendant d’être relogés dans des campements à une trentaine de kilomètres de la frontière. Ce sont surtout des femmes et des enfants et ils sont terrifiés. Ils parlent de gangs armés qui tuent sans pitié et pillent tout». Le frère Mussi, responsable des projets sociaux dans le diocèse de Mongo, a déjà pris des mesures pour apporter une aide d’urgence, notamment de la nourriture, de l’eau et des produits de première nécessité. Ces dernières semaines, deux camions sont également partis forer des puits. “Nous avons créé unéquipe de Caritas qui resteront sur place assistés de quelques volontaires chrétiens présents dans ces zones très reculées et difficiles d’accès. Il faut intervenir au plus vite car avec la saison des pluies il deviendra pratiquement impossible de s’y rendre”.

Pour assurer une intervention rapide, la Fondation PIME de Milan s’est également mobilisée, ce qui a immédiatement activé une collecte de fonds pour venir en aide à des milliers de personnes qui ont tout perdu, par l’intermédiaire du Frère Mussi et de l’Église du Tchad.


COMMENT AIDER

La Fondation Pime de Milan a activé le Fondo S148 Urgence pour les réfugiés soudanais pour répondre aux besoins de base en nourriture, eau, produits d’hygiène, vêtements et tentes des réfugiés soudanais au Tchad, en particulier dans les provinces de Ouadi Fira, Sila et Ouaddai, qui font partie du vicariat de Mongo, où opèrent également des missionnaires PIME.

Aider: dona.centropime.org/emergenzaprofughiSudan/
Infos : Mission support area (tél. 02.438201)



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