C’est sur les rives du lac Léman que Valérie Chomarat a transformé une villa du XIXe siècle en résidence principale pour des clients réguliers. Son approche minimaliste et son talent pour créer ce qu’elle appelle une “atmosphère tranquille” se reflètent dès l’entrée. L’architecte française a su trouver un équilibre harmonieux entre éléments contemporains et traditionnels, notamment en décorant la maison de meubles, d’antiquités et d’œuvres d’art provenant de la collection personnelle des propriétaires.
Tout au long du processus, l’ancienne élève de l’architecte britannique John Pawson a été guidée par la question suivante : “Quelles pièces racontent la meilleure histoire ?” Elle explique : “L’idée était de sélectionner le canapé, le fauteuil ou la lampe suspendue qui représentaient le mieux leur vie et faire en sorte qu’ils se sentent chez eux.”
Pour l’un des propriétaires, céramiste de profession, l’art fait partie intégrante de l’histoire d’un lieu, c’est pourquoi chaque pièce devait être chargée de sens. “Il y a un esprit artistique très fort dans la maison” explique Valérie Chomarat. Un croquis du sculpteur et artiste suisse Alberto Giacometti est accroché dans la salle à manger, en clin d’œil à la région. Un paysage marin d’Edgar Degas apparaît au-dessus d’une table à jeux dans le salon, tel un rappel des tons bleus et verts apaisants du lac. Outre les sculptures africaines que les clients collectionnent, un dessin circulaire de l’artiste Carali McCall orne un mur du séjour où règnent les arêtes arrondies. Des références subtiles au propriétaire d’origine de la maison, un collectionneur de papillons, sont également intégrées au décor par le biais de textiles et de spécimens ailés enfermés dans des dômes de verre.
Au rez-de-chaussée, les pièces aérées sont reliées par des doubles portes pliantes ou coulissantes, ce qui permet d’avoir à la fois de l’intimité et une vue imprenable sur le lac. “Les pièces ne sont pas immenses, mais elles ont toutes une fonction” explique l’architecte à propos du plan d’origine, qui n’a pas été modifié. “Les proportions étant correctes, l’idée n’était pas d’abattre les murs pour ouvrir l’espace.” Une palette de beige, de marron et de crème complète les menuiseries en noyer restaurées qui entourent les portes-fenêtres et les fenêtres d’origine. Le mobilier, vintage mais de style moderne, confère un caractère intemporel à ces intérieurs historiques : une bibliothèque conçue par Franco Albini, deux fauteuils recouverts de peau de mouton de chez IB Mason & Acton Schubert et un canapé modulable signé Roberto Pamio & Renato Toso, entre autres.
L’aspect le plus époustouflant de cette retraite genevoise est peut-être sa relation avec l’extérieur. La cuisine, par exemple, est organisée autour d’une banquette qui fait face à la vue sur le lac, afin que les résidents se sentent toujours en contact avec la nature. Dans le salon à l’étage, de grandes fenêtres encadrent l’un des magnifiques arbres de la propriété. Valérie Chomarat a associé la vue sur la cime des arbres à un papier peint “branché” de Cole and Son, représentant des singes espiègles au milieu de branches de grenadiers tentaculaires. De même, dans la chambre principale, des revêtements muraux en soie bleu aqua évoquent la fluidité et la sérénité de l’eau.
En ce qui concerne les aménagements contemporains du projet, à savoir un spa souterrain et une piscine intérieure, Valérie Chomarat a tapissé les murs de panneaux de lattes de noyer afin de relier les nouveaux espaces aux anciens. L’extension elle-même est discrète et respecte la zone historiquement protégée qui entoure la villa. Dans l’ensemble, le résultat est un mélange harmonieux d’histoire, d’art et de design moderne, le tout étayé par le style minimaliste caractéristique de l’architecte. L’utilisation stratégique de la vue sur la nature brouille efficacement les frontières entre l’intérieur de la villa et la beauté environnante, créant ainsi un sanctuaire paisible pour ses habitants.
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