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Une nouvelle ère pour le football féminin : l’expansion de la discipline en Australie et le resserrement du niveau de jeu

Une nouvelle ère pour le football féminin : l’expansion de la discipline en Australie et le resserrement du niveau de jeu

Le sélectionneur de l’Australie, Tony Gustavsson, a appelé les médias, les sponsors et les spectateurs à “rester aux côtés du football féminin” après l’excitation de l’édition de l’Océanie. La discipline prend une nouvelle dimension et l’écart de niveau se réduit. Dossier complet avec les analyses de Charlotte Pelletier et Kévin Coma. Est-ce le début d’une nouvelle ère pour le football féminin ? Lors de la Coupe du monde, les audiences télévisées ont atteint des sommets, comme lors de ce match de poule Chine – Angleterre, suivi par 53 millions de téléspectateurs en Chine ! Au total, plus de 200 pays et 130 diffuseurs ont retransmis le tournoi. L’instauration inédite de fan zones, ces lieux de rassemblement urbains pour suivre les rencontres, a été un franc succès avec 770 000 visiteurs, selon la FIFA. Les temps changent et l’Australie est aux premières loges pour le constater. Le journal australien Courrier du dimanche faisait récemment référence aux rencontres amicales jouées par les Matildas face au Brésil, à Brisbane, en 2014, devant 2 500 personnes. Une décennie plus tard, les “Gold and Green” ont évolué à quatre reprises à guichets fermés dans un stade de près de 76 000 places à Sydney. Un engouement exceptionnel. Après la défaite contre la Suède pour la troisième place, la buteuse Samantha Kerr exprimait sa fierté d’avoir transformé son pays en une terre de football. Ce n’est pas rien. Le slogan “Tout pour demain”, “tout donner pour demain” en français, affiché sur de larges bâtiments en bord d’autoroute, a été respecté. Le Héraut du matin de Sydney note que “les inscriptions pour les tournois juniors d’été de football en Nouvelle-Galles du Sud sont passées de 3 500 à 9 500 en un an”. La sélection nationale inspire de nouvelles générations, impressionnées par Kerr et une autre star en devenir, Mary Fowler, qui s’affiche sur la façade d’un building de Sydney sur 30 mètres de hauteur, comme Zinédine Zidane sur un mur de Marseille, ou le basketteur Michael Jordan à Barcelone lors des JO de 1992. L’événement a dépassé le cadre du football : après la 4e place des Matildas, le gouvernement Albanese a débloqué 200 millions de dollars pour le sport féminin australien. Sur le terrain, le niveau de jeu, lui, se resserre. “On constate des performances inédites dans les sprints à haute intensité, et le temps de réaction avec le ballon dans les pieds s’est très fortement réduit. Le jeu s’accélère”, notait le sélectionneur suédois de l’Australie, Tony Gustavsson, avant le duel contre la France. Cette année, plusieurs favoris ont peiné face à des adversaires supposés plus faibles. Les Américaines, doubles championnes du monde en titre, ont failli perdre face au Portugal et sortir dès la phase de poules, et l’Allemagne s’est contentée d’un match nul contre la Corée du Sud, qui l’a privée de phase finale pour la première fois en neuf participations. La finale, en elle-même, a marqué les esprits. Notamment celui de Charlotte Pelletier, responsable du développement du football féminin à la fédération calédonienne, présente dans les tribunes. “C’était un réel plaisir de la vivre en direct, dans le stade. Très belle finale avec la victoire de l’Espagne, son premier titre mondial, contre l’Angleterre, championne d’Europe en titre. Cette sélection m’a impressionnée par l’intensité de son pressing et tout au long du match. On a vu chez elles beaucoup de redoublements de passes, et des jeux combinés. Techniquement, c’était exceptionnel. Elles ont continué d’attaquer malgré le fait qu’elles menaient 1-0. L’Angleterre a beaucoup compté sur l’impact physique dans le tournoi. Mais l’Espagne ne s’est jamais laissée impressionner. Techniquement et tactiquement, le niveau s’est élevé. Dans la discipline, les efforts et contre-efforts, l’intensité physique, c’est vraiment beau à voir. J’avais pronostiqué l’Espagne et elles sont allées au bout. L’Angleterre cherchait davantage à fixer d’un côté et jouer de l’autre. Des deux côtés, c’était vraiment du très haut niveau. L’audience, elle, a été record. C’est positif pour le football féminin dans le monde entier et en Océanie”. Présent dans le staff de l’équipe d’Haïti, le préparateur mental Kévin Coma témoigne, lui, du resserrement du niveau. Haïti, battue seulement 1-0 en poule par l’Angleterre, finaliste du Mondial, 1-0 par la Chine et 2-0 par le Danemark, 8e de finaliste, a réalisé un parcours remarquable sous les ordres du coach français Nicolas Delépine. “Cela tient en grande partie à lui. Son expertise, son expérience, sa façon de prendre en main un projet. Son management dans lequel aucun détail n’est laissé de côté, tout en restant à l’écoute des joueuses et du staff. Sa façon de fonctionner m’a plu. Pour moi, si le groupe en est arrivé là, c’est parce qu’il a su tout gérer de A à Z : 15 jours de préparation en Suisse, un déplacement en Corée du Sud avant d’arriver à Perth où notre camp de base était installé, un périple aussi en Turquie en avril où l’on a pu jouer contre le Nigéria, une grosse équipe.”Dans cette formation d’Haïti, 14 éléments évoluaient dans l’Hexagone, et plusieurs autres aux Etats-Unis. Bien encadrées par “un staff très compétent et très complémentaire”, elles ont pu donner leur pleine mesure. “99,9% des filles étaient totalement engagées dans le projet de jeu tactique, qui nous a permis de rivaliser trois fois contre des grandes nations”. Si l’écart se resserre, le technicien estime qu’il s’agit aussi d’une question de moyens. “Les moyens matériels, financiers et humains sont de plus en plus importants et performants pour réduire la différence de niveau. En termes de matériel, on avait en notre possession deux outils 10-80. Un gros investissement qui permet un travail pointu, qui fixe des charges précises pour chaque individualité, qui permet un travail plus adapté pour élever les performances individuelles, et donc le niveau collectif.” Si l’intérêt pour le football féminin est encore “très, très en retard par rapport à celui porté aux hommes”, Kévin Coma observe que les choses évoluent dans le bon sens. “C’est beaucoup plus ouvert dans de nombreuses contrées, notamment en Nouvelle-Calédonie. La FIFA fait en sorte que chaque nation qui se prépare à une qualification, et qui obtient son ticket, se retrouve dans des conditions optimales pour bien évoluer dans les gros tournois. Cela contribue à ce que les petites nations puissent poser des problèmes.” L’approche humaine des staffs techniques est également, pour lui, essentielle. “J’ai beaucoup étudié l’histoire et la culture d’Haïti pour préparer les discours motivationnels, pour échanger avec justesse avec les joueuses, sans mettre les pieds dans le plat, pour m’adapter au mieux à elles et aux dirigeants. Ce que je retiens au fil de mes expériences, c’est la nécessité de l’unité sur le terrain, et en dehors. Il y a des freins sur lesquels on n’a pas d’emprise, et qui peuvent avoir une grande influence sur le résultat d’un groupe. Il faut de l’unité pour aller chercher de la performance.”
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