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Un siècle plus tard, Neuilly rejoue le traité signé par Clemenceau

Un siècle plus tard, Neuilly rejoue le traité signé par Clemenceau

« Pour nous, le peuple Bulgare, le nom de Neuilly n’est pas lié aux beaux quartiers, mais à celui d’une catastrophe » affirme le professeur bulgare Daniel Vatchkov, directeur de l’Institut des études historiques dans son pays natal. Face à lui, une centaine de Neuilléens et de diplomates réunit à l’Hôtel de Ville de Neuilly-sur-Seine.

Ce mercredi soir, la municipalité a décidé d’aménager sa salle des fêtes, où a été signé le Traité de Neuilly, tel qu’elle était un siècle plus tôt jour pour jour. Sous les ors de la République et de la Ville, de grandes tables recouvertes de tissu pourpre encadrent le bureau où Georges Clemenceau – alors Premier ministre – et Alexandre Stamboulisky – son homologue bulgare – ont signé ce texte le 27 novembre 1919.

Moins connu que celui de Versailles, qui solda le sort de l’Allemagne après la Première Guerre mondiale, le Traité de Neuilly a décidé du sort de la Bulgarie. « Les indemnités de guerre représentaient plus ou moins le budget annuel du pays, ce qui rendait son remboursement impossible, détaille l’historien bulgare. L’armée n’avait plus le droit d’être offensive, ce qui donnait l’impression que la Bulgarie ne pouvait plus se défendre face à ses voisins et, surtout, la modification des frontières a provoqué d’importants flux migratoires. » Autant de facteurs qui ont mis en difficulté le pays les décennies suivantes.

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Histoire locale à découvrir

Une histoire souvent méconnue des Neuilléens. « C’est un des grands traités de l’après-Guerre on s’est dit qu’il fallait l’expliquer et surtout le faire connaître », explique Jean-Christophe Fromantin maire (DVD) de la ville. Le choix de Neuilly-sur-Seine aurait suivi deux impératifs : un cadre confortable et proche de Paris mais aussi, dit-on, parce que Clemenceau aurait eu à cœur de loger la délégation bulgare dans une ville qui a souffert de l’occupation prussienne en 1870.

A l’issue des négociations, même si elles ne furent pas heureuses, le Premier ministre bulgare a rédigé une lettre de remerciement aux habitants de la ville pour leur comportement. Cette lettre, ainsi que de nombreuses explications autour de l’histoire du Traité, peuvent être lues par tous.

Des panneaux explicatifs évoquent l’histoire de ce traité. LP/Amanda Breuer Rivera

Car au-delà de cette cérémonie, la mairie a également monté une exposition dans cette salle des fêtes reconstituée, avec une dizaine de panneaux explicatifs sur les différents acteurs, le contexte, les conséquences mais également le déroulé de cette signature.

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Ce parcours est également enrichi de photographies, cartes et films d’époque dans la salle décorée comme en 1919. Cette visite permet également de découvrir une immense fresque représentant cette signature à l’intérieur même de la salle du conseil municipal. « Quand on préside le conseil municipal on ne voit que ça », sourit Jean-Christophe Fromantin. La visite de cette exposition est libre durant les horaires d’ouverture de la mairie.

« Ce ne sont pas les traités qui sont mauvais, ce sont les guerres »

L’idée de célébrer cet événement historique fait suite à un reportage de la télévision bulgare à Neuilly-sur-Seine. De là, le maire a pris attache avec l’ambassadeur de Bulgarie afin d’organiser cette commémoration. « Vivre cet événement permet de se rendre compte que la paix est précaire et que ce n’est pas une chose simple, explique l’édile. L’intensité de cette cérémonie montre que l’Histoire n’est pas que des écrits couchés sur du papier. »

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Un état d’esprit partagé par l’historien bulgare Daniel Vatchkov. « J’ai été surpris par cette démarche, avoue-t-il, mais je le prends comme une thérapie : lorsqu’il y a un problème, il faut en parler et le faire connaître. Mais le plus important est d’apprécier la paix car ce ne sont pas les traités qui sont mauvais, ce sont les guerres. Or lorsque les périodes de paix sont trop longues, on a tendance à l’oublier. »

Après les discours des différents ambassadeurs et de leurs représentants, l’hymne européen a été entonné. L’assemblée s’est alors levée silencieuse. L’ambassadeur bulgare, associé à cette démarche, a malheureusement eu un empêchement de dernière minute. De ce fait, la signature du livre d’Or de la ville n’a pas pu se faire comme prévu. Mais pour le maire, ce n’est que partie remise.

Exposition en visite libre à l’hôtel de ville de Neuilly-sur-Seine durant les horaires d’ouverture de la mairie jusqu’au mercredi 4 décembre midi.

2019-11-27 11:00:00
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