Trois sont détenus depuis leurs interpellations. Un quatrième est jugé libre, après avoir fait quelques mois de détention provisoire. Le cinquième est toujours en fuite, malgré le mandat d’arrêt lancé contre lui.
« L’enquête est partie du signalement d’un ouvrier agricole, au printemps 2021 », rappelle le président d’audience du tribunal de Chartres. « Son attention a été attirée par le manège de plusieurs voitures de grosse cylindrée, qui faisaient de courts arrêts, à Challet. »
Leurs conducteurs semblaient transférer quelque chose dans d’autres véhicules. Trois voitures ont été particulièrement signalées aux enquêteurs, qui ont discrètement surveillé la zone décrite par les témoins. « Ils semblent venir au contact de clients », notent les gendarmes dans leur rapport.
Au cours de l’enquête préliminaire, un renseignement anonyme livrait l’identité d’un homme qui serait le conducteur de l’une des voitures. Sa ligne téléphonique a été identifiée et mise sur écoute. Une ligne dédiée au trafic de stupéfiants, utilisée par 230 clients, selon les éléments déclinés à l’audience.
La géolocalisation a permis aux enquêteurs de démontrer que le téléphone partait tous les matins du quartier des Oriels , à Dreux, et parcourait la campagne toute la journée, entre Cha rtres et Dreux, avec de nombreux arrêts.
Des véhicules volés pour la plupart
La voiture utilisée par le suspect était une Volkswagen Golf GTI.L’exploitation des contacts sur la ligne utilisée par ce Drouais a permis d’identifier d’autres lignes téléphoniques, qui semblaient, elles aussi, avoir un rapport avec un trafic de stupéfiants : du cannabis, mais aussi de la cocaïne et de l’héroïne.
D’autres véhicules ont été identifiés, volés pour la plupart et faussement plaqués. Au cours des surveillances mises en place, ces voitures ont été observées sur des secteurs de vente, toujours en pleine campagne. Selon les gendarmes, les trafiquants étaient souvent deux par voiture, qu’ils récupéraient devant une chicha désaffectée à Anet ou sur un discret parking à Cherisy ou sur le parking du château d’Abondant
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Chaque jour, ils parcouraient, ensuite, la campagne pour livrer. Les voitures étaient déjà chargées de la drogue nécessaire aux livraisons. « Une ubérisation du trafic de stupéfiants », dénonce la procureure. Des allers-retours en Belgique et a ux Pays Bas étaient également constatés par les gendarmes. Après leur interpellation, en juin 2021, les trafiquants présumés ont admis leur implication.
Devant les juges du tribunal, ils ont livré leurs explications. « J’avais des dettes », justifie Bilal Dim, 21 ans. « On me mettait sous pression pour rembourser les 7.000 € que je devais. » Son ami d’enfance, Florian Charles-Nicolas, du même âge, présente la même ligne de défense. Il aurait perdu des stupéfiants et les dealers l’auraient obligé à en rembourser la valeur : « Je n’avais pas le choix. »
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Belaïd Frihi, 26 ans, provocateur, selon les enquêteurs, au cours de sa garde à vue, reconnaît, lui, juste avoir conduit l’une des voitures. « Je n’avais pas le choix »
Quant à Bilel Amraoui, 21 ans, le seul à comparaître libre, il a confirmé uniquement un voyage aux Pays Bas, « une seule fois, au volant de la voiture ouvreuse ». Il est condamné à un an de prison ferme et 1.000 € d’amende.
Florian Charles-Nicolas et Bilal Dim sont condamnés à quatre ans, dont trois ans ferme, et 3.000 € d’amende.
Belaïd Frihi est condamné à cinq ans de prison ferme et 5.000 € d’amende.
Younès Jabri, 19 ans, toujours en fuite, est condamné à deux ans de prison et à 3.000 € d’amende.
Un nouveau mandat d’arrêt est lancé contre lui. Aucun des prévenus n’a livré le nom des organisateurs du trafic , dont ils ne semblaient être que des exécutants.
Jacques Joannopoulos
Twitter :@jjoann_lecho
