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Tracé de la ligne 15 en Seine-Saint-Denis : «Ce n’est jamais anodin pour nous d’exproprier un pavillon»

Tracé de la ligne 15 en Seine-Saint-Denis : «Ce n’est jamais anodin pour nous d’exproprier un pavillon»

Ce samedi, des représentants de la Société du Grand Paris animaient une réunion sur la nouvelle enquête publique à la mairie de Bobigny sur les modifications du projet de la ligne 15 qui desservira plusieurs communes de la Seine-Saint-Denis à l’horizon 2030. Mais ce qui devait être une simple présentation des changements du tracé s’est transformée en échanges houleux avec certains riverains expropriés.

Marcel Linet, commissaire-enquêteur, a d’abord salué la présence des membres de la Société du Grand Paris qui « ont tenu à être présents aujourd’hui ». Julien Beccherle, le directeur de projet, a ensuite rappelé les grandes lignes du chantier de 200 km de lignes et « 68 gares accessibles à tous ».

Ce dernier a précisé l’évolution du coût total des travaux. « On est passé de 3,7 à 5,6 milliards d’euros. Ce changement s’explique par le prix élevé du matériel. La valorisation des avantages s’élève par contre à 7,8 milliards d’euros. Cela rend le projet rentable d’un point de vue socio économique », se félicite-t-il.

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À l’aide d’un diaporama, il a ensuite détaillé les évolutions du tracé commune par commune. « À Aubervilliers, les travaux devaient se tenir sur un espace vert prisé des habitants dans le quartier de la Maladrerie. On a eu une opportunité foncière qui nous a permis d’acquérir une friche en face, ce qui a conduit à une évolution du tracé », indique-t-il.

Un centre aquatique prévu près de la gare d’Aubervilliers a également obligé la Société du Grand Paris à revoir l’espace prévu pour le chantier. « On a réussi à le réduire en taille de 5 000 m² mais on a quand même été contraint d’empiéter de 5 000 m² au lieu de 4 000 sur les jardins familiaux », précise-t-il.

À Rosny-sous-Bois, le nouveau tracé permettra par contre d’éviter à une copropriété de 300 logements d’avoir le chantier sous ses fenêtres. « On a réduit l’impact de l’ouvrage sur le tissu urbain même si cela concerne toujours 25 pavillons », a-t-il spécifié.

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Les riverains focalisés sur leur expropriation

Mais lors du temps d’échanges, un dialogue de sourds s’est instauré avec les riverains. La plupart sont restés uniquement focalisés sur leur expropriation. « On nous propose des HLM alors qu’on avait un pavillon », s’écrie Lydia, fille d’une habitante de Bondy, âgée de 80 ans.

« Ce n’est pas l’objet de la réunion », a tenté de la couper le président de la commission. « Mais on ne peut jamais vous parler ! C’est l’occasion », a-t-elle répliqué sous les applaudissements d’une partie de l’auditoire.

Plusieurs riverains ont ainsi reproché le « manque de communication » sur le projet. « On est prévenu une fois que c’est déjà lancé », gronde une dame au fond de la salle. « Les futurs gravats seront entassés devant une crèche. La directrice n’était pas au courant ! Nous ne sommes pas du génie civil mais des petites gens livrés à eux-mêmes. On n’a pas les moyens de consulter 1 400 documents », déplore Lydia, en précisant qu’elle « ne conteste pas l’utilité publique de la ligne 15 mais les dégâts collatéraux ».

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Très énervée, la quadragénaire s’est levée de sa chaise en haranguant les membres du Grand Paris. « Ma mère a reçu son courrier d’expropriation en 2019. Savez-vous dans quel état vous mettez les personnes âgées ? La voisine de maman s’est pendue à cause du stress de l’expropriation dans sa cave. »

« Elle s’est suicidée en décembre à cause de ça, a confirmé le mari de cette dernière, Mehmet Yazar. On vivait très bien avant. Vous avez détruit une vie humaine. »

Bernard Cathelain, membre du directoire, a répondu entendre leur « désarroi ». « Plusieurs solutions de relogements sont proposées. Mais ce n’est jamais anodin pour nous d’exproprier un pavillon. On essaie au maximum de l’éviter et on fait tout pour accompagner au mieux les personnes », a-t-il expliqué en notant qu’il y a « eu manifestement un manque de dialogue ».

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