Thionville. Théo Ould, le prof d’accordéon du Conservatoire nommé aux Victoires de la musique classique

Passion accordéon. Théo Ould a fait de l’accordéon son champ des possibles. À 25 ans, ce professeur au Conservatoire de Thionville a été nommé aux Victoires de musique classique 2023 dans la catégorie « révélation soliste instrumental », une reconnaissance qui lui va droit au cœur. « C’est la première fois qu’il y avait de l’accordéon. Cette nomination est importante pour moi mais aussi pour l’instrument ». Peu répandu dans le champ classique, le piano à bretelles, ne fait que peu partie de ces instruments adoubés par les puristes. « Alors quand je joue du Bach à l’accordéon, ça paraît nouveau même si ça existe depuis les années cinquante », s’amuse le jeune musicien. Et l’accordéoniste de justifier : « C’est juste que la visibilité n’est pas extraordinaire ». Mais Théo Ould, s’il aime monter en gamme sur les classiques (Bach, Mozart, Beethoven, Prokofiev, etc.), réserve aussi une partie de son talent à la création contemporaine . « Mon dernier album Père magique qui sortira à l’automne fait la part belle à la nouvelle musique avec des créations de Régis Campo et de Tomàs Gubitsch qui était une véritable rock star dans son pays, en Argentine. »

Esprit libre

Affranchi des clichés qui collent aux soufflets de cet objet bizarre que les plus de cinquante ans associent au bal musette et à sa reine, Yvette Horner, Théo Ould a choisi le piano à bretelles à l’âge de six ou sept ans, à son entrée au Conservatoire, parce qu’il lui faisait penser à un « vaisseau spatial ». « Personne n’était musicien dans ma famille, je n’ai donc pas été orienté vers tel ou tel instrument. » Esprit libre, il développe très tôt un univers qui lui est propre. Il suit les cours de direction d’orchestre de Roland Hayrabedian puis intègre, à 16 ans, le Conservatoire national supérieur de musique et de danse de Paris. En parallèle Théo Ould fonde le Philia Trio (accordéon, violon, violoncelle) puis le Quatuor AEolina, une formation à quatre accordéons unique au monde. Classique, jazz, rock ou même folk, il fait de l’accordéon un instrument cosmopolite qu’il enseigne au Conservatoire de Thionville depuis trois ans. S’il admet y être venu « presque à reculons », il ajoute avec empressement y être bien. « Au bout d’un mois de cours, je me suis pris d’affection pour la structure et les élèves. L’équipe est bienveillante et la programmation foisonnante pour une ville de la taille de Thionville ». Une musique ouverte dans un champ élargi, voilà ce que propose Théo Ould qui n’a pas fini de repousser les limites de son instrument de prédilection.