Il est tout simplement ridicule, voire tragiquement clownesque, de rassembler 80 000 personnes dans le désert, dans des hôtels climatisés, dans un État pétrolier, pour discuter des changements climatiques.
La réunion de la COP28 est devenue une métaphore des problèmes auxquels les humains sont confrontés dans la lutte contre les changements climatiques.
Les participants à la COP28 ne vivent pas dans des tentes, à la manière des Bédouins, en économisant l’eau et en se lavant de temps en temps au hammam. Ils ne se contentent pas de nourriture locale ou de repas frugaux. Ils ne se déplacent pas à dos de chameaux.
Non, pour beaucoup d’entre eux, ils voyagent en classe affaires et séjournent dans des hôtels luxueux.
À l’image de l’humanité
Ils sont à l’image du reste de l’humanité, dans le sens où ils sont disposés à discuter de l’avenir de la planète, pourvu que cela n’entraîne pas une baisse de leur niveau de vie.
Le gouvernement chinois repousse continuellement l’établissement de ses objectifs de réduction des émissions de CO2 parce qu’il souhaite maintenir et rapidement augmenter le niveau de vie de sa population.
Narendra Modi, dont le pays affiche l’un des pires bilans environnementaux, ose proposer l’Inde comme modèle. Lui aussi veut que son pays se développe rapidement.
Le gouvernement de l’Alberta refuse la taxe sur le carbone, car les compagnies pétrolières pourraient réaliser moins de profits qu’auparavant.
Pourtant, la Chine, l’Inde et l’Alberta figurent parmi les pires émetteurs de CO2 au monde.
Alors que décident les délégués de la COP28? Ils décident de compenser en partie les dommages causés par les changements climatiques. Ils créent un gigantesque fonds de plusieurs milliards de dollars.
Cet argent sera utilisé dans des pays dont les infrastructures sont dévastées par les catastrophes climatiques. Bravo. Mais compte tenu de la corruption qui règne dans la plupart de ces pays, leur population risque de ne jamais voir la couleur de cet argent. En revanche, les élites politiques et économiques de ces pays seront ravies de recevoir ces fonds. Tout comme elles se réjouissent de participer à la COP28.
Le désinvestissement comme solution
Il existe une solution pour accélérer la transition de nos sociétés vers des économies plus respectueuses de l’environnement. Cette solution est entre les mains des pays riches.
Il suffit que les grands fonds d’investissement, par exemple ceux qui gèrent les fonds de retraite, décident de ne plus investir dans les énergies polluantes. Qu’ils cessent également d’investir dans les pays qui, comme la Chine et l’Inde, refusent de réduire leurs émissions de CO2.
Les grands fonds d’investissement peuvent arrêter d’investir dans ces régions à deux conditions.
La première condition est que les investissements dans les industries non polluantes soient aussi rentables que ceux dans les industries polluantes. Ce qui est le cas. La démonstration en a été faite.
La deuxième condition est que les actionnaires se mobilisent. C’est là que le plus de travail reste à accomplir.