“The Gentlemen” : Une comédie britannique déjantée sur Netflix

Eddie et Freddy, deux frères d’une famille d’aristocrates anglais, découvrent à la mort de leur père qu’il trempait dans un fumeux trafic d’herbe. “The Gentlemen” se révèle à forte teneur en THC et très drôle. La série signée Guy Ritchie est à voir sur Netflix depuis le 7 mars.

Après le décès du patriarche, la famille Horniman se réunit devant le notaire. Chacun des héritiers récupère sa part, sauf le fils aîné Freddy, déshérité par papa, sans doute parce que le rejeton cocaïnomane possède le don de torpiller tout ce qu’il entreprend.

Eddie, plus jeune mais plus adulte, se voit confier le titre de Duc d’Halstead et tout ce qui va avec : le manoir et son toit qui fuit, l’usine de yogourts au bord de la faillite et les terres infertiles. Freddy a beau sortir les griffes, le notaire impassible est formel : Eddie est désormais le seul patron à bord.

Sur le point de vendre le manoir au milliardaire Johnston, Eddie se ravise après la découverte d’une énorme somme d’argent dans un coffre-fort de l’édifice, en même temps que Susie Glass, une jeune femme très classe, vient lui présenter ses hommages. Susie lui apprend qu’elle loue contre cinq millions de livres annuel payés cash le sous-sol de la propriété pour cultiver du cannabis indoor. Une collaboration qu’elle entend bien poursuivre.

Eddie accepte, ne serait-ce que pour aider Freddy à rembourser sa dette gigantesque auprès du dealer Tommy Dickinson, frère d’un révérend pas très catholique. Au fur et à mesure qu’il découvre un monde dangereux dont il ignore les codes, Eddie prend goût à cette nouvelle vie de criminel.

Un divertissement de haut vol

D’emblée, l’impression que le divertissement sera de haute tenue se confirme à l’issue d’un premier épisode flamboyant réalisé par Guy Ritchie en personne et dans lequel le décor est rapidement planté, quelques graines pour donner naissance à huit chapitres étourdissants.

Nul besoin d’avoir vu le film “The Gentlemen” (2019) de Guy Ritchie pour adorer la série. La trame suit à peu près les mêmes traces avec des personnages principaux mieux définis et, surtout, un défilé de truands déjantés hilarants. De Tony Blair le Kosovar à la reine de la machette, de l’imprévisible révérend et son armée de disciples au milliardaire louche Johnston, tous veulent leur part du space cake.

Avec un soupçon d’hémoglobine et des effets de styles chers à Guy Ritchie, ce divertissement bien rythmé avec son lot de couteaux plantés dans le dos se laisse agréablement regarder, même si chaque épisode répond souvent au même schéma : un nouveau problème à gérer pour Eddie et Susie à cause de Freddy.

De l’humour so british

Le véritable point fort de la série réside dans l’humour tellement britannique pour dédramatiser des situations tragiques. A l’instar de cette scène où Freddy est contraint de se déguiser en poulet, humilié au point d’en perdre la tête, qui est un modèle du genre. D’abord hilarante, elle vrille au grinçant avant un final où l’explosion de rire devient inévitable.

Malgré un ressort dramatique convenu qui repose sur l’opposition très classique entre un frère qui foire tout et un autre qui répare ses bêtises, les partitions sont si bien écrites que ce manque d’originalité est vite pardonné. De même, Matthew McConaughey, Hugh Grant ou Charlie Hunnam, les héros du film original, sont largement éclipsés par les remplaçants Theo James (Eddie), Daniel Ings (Freddy), Kaya Scodelario (Susie), Ray Winstone (père de Susie) ou Giancarlo Esposito (Johnston), fabuleux dans cette histoire d’héritage fumeux.

Que les plus effrayés par le concept, très en vogue, d’adaptation de films à succès en séries sur les chaînes de streaming se rassurent : s’il a connu des fortunes diverses, de l’insipide et raté “Mr et Mrs Smith” sur Prime à la réussite totale de “Polar Park” sur Arte tiré de “Poupoupidou”, “The Gentlemen” sur Netflix se classe haut la main dans la catégorie des pépites.

Philippe Congiusti/ld
“The Gentlemen” de Guy Ritchie, avec Theo James, Daniel Ings et Kaya Scodelario. Une série en huit épisodes à voir sur Netflix depuis le 7 mars 2024.
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