Plus de 200 paires de menottes déposées à leurs pieds par les policiers du 93 pour signifier leur colère. Jeudi soir à Bobigny (Seine-Saint-Denis), plus de 200 fonctionnaires du département se sont rassemblés à l’appel du syndicat Unité SGP Police sur le parvis de la préfecture.
But du rassemblement? Protester contre les récentes déclarations du ministre de l’Intérieur, Christophe Castaner qui ont mis le feu dans les commissariats.
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Pour Erwan Guermeur, secrétaire départemental du SGP, une décision, surtout, a provoqué le ras-le-bol général : «Nous sommes en colère face à la volonté du ministre d’interdire les clés d’étranglement que nous appelons, nous, le maintien de tête. Cette procédure qui consiste à amener un individu au sol permet de le protéger et de nous protéger.»
Son collègue en poste dans un commissariat du secteur de Plaine Commune abonde en ce sens : «Qu’est-ce que l’on va faire maintenant ? C’était un outil important. Ça va être le match de boxe sur la voie publique. Pour maîtriser quelqu’un de corpulent, il faudra lui porter des coups pour le maintenir ? Ou le laisser partir ?»
«C’est comme si on nous demandait de baisser notre pantalon»
Selon les policiers présents ce jeudi soir, c’est un peu ce qu’on leur demande de plus en plus : «Laisser faire.» «Dans les quartiers, quand on veut interpeller deux à trois personnes et que l’on se retrouve face à une vingtaine d’individus, pour éviter toute forme d’émeute, on nous demande de rebrousser chemin. C’est comme si on nous demandait de baisser notre pantalon», confie ce policier amer.
«C’est la même chose lorsqu’il faut poursuivre les véhicules volés. On nous demande de ne plus interpeller et on se retrouve avec des rodéos.»
Ce désarroi est accentué par le climat général de défiance vis à vis de l’institution alimenté par les manifestations contre les violences policières et les accusations de racisme.
«L’idée d’un racisme systémique dans la police crée davantage chez nous un sentiment de dégoût et de colère. À cause de trois ou quatre vidéos, on jette l’opprobre sur toute la profession. Oui il y a des brebis galeuses, des racistes par-ci par-là mais c’est une minorité, comme dans toute profession», se défend ce policier d’origine algérienne qui a grandi dans la quartier du Clos Saint-Lazare, à Stains. «20% me traitent de vendu, mais 80% sont fiers de ce que je fais», souligne-t-il.
«Christophe Castaner nous a lâchés»
Ce n’est pas l’entrevue ce jeudi avec le ministre de l’Intérieur qui a pu calmer les policiers en colère. «Les flics de France ne considèrent plus Christophe Castaner comme le supposé premier flic de France. Il nous a lâchés lundi, nous a jetés en pâture lundi. A lui de regravir l’Everest de la confiance», a tonné Yves Lefebvre, secrétaire général de Unité SGP Police, qui a appelé ses collègues «à ne plus interpeller, à ne plus intervenir».
A tel point que le directeur général de la police nationale (DGPN), Frédéric Veaux, et le préfet de police de Paris, Didier Lallement, ont écrit chacun de leur côté à leurs troupes respectives pour les assurer de leur soutien et de leur confiance.
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2020-06-11 10:00:00
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