Des jeunes Irakiens naviguent sur le Tigre à Bagdad à bord de barques traditionnelles appelées Meshhouf. Le spectacle est organisé par Rachad Salim, un artiste de 62 ans fondant l’ONG Safina Projects. Celui-ci souhaite préserver cette tradition millénaire de la civilisation irakienne menacée d’extinction depuis les années 80 en raison de la prolifération de barques motorisées. Pour cela, il commande des Meshhouf, fonde des équipes et des clubs nautiques pour enseigner son maniement aux jeunes, et sensibilise aux enjeux de l’environnement dans un Irak frappé par la sécheresse et le changement climatique.
Cette initiative a permis la création de sept clubs de Meshhouf financés par la fondation britannique Aliph, qui garantit des emplois pour de nombreux Irakiens. Rachad Salim souhaite également relancer la tradition de la Guffa, une embarcation ronde en osier pouvant atteindre plus de deux mètres de diamètre.
Rachad Salim, neveu du célèbre artiste irako-allemand Jawad Salim, est passionné de culture irakienne. Il avait même participé à une expédition de 1 200 km sur le Tigre en 2013 à bord d’embarcations traditionnelles organisées par l’ONG Nature Iraq. Le but était de prouver que les civilisations anciennes de Mésopotamie, d’Égypte et de la Vallée de l’Indus étaient en contact via les mers.
Zouheir Raisan, camionneur et fabricant de Meshhouf à Huweir, a repris cette activité artisanale depuis quatre ans, mais déplore le manque de demande pour vivre de son métier. Il souligne toutefois l’intérêt porté par d’autres pays pour l’héritage traditionnel irakien et incite ses compatriotes à encourager sa renaissance.
