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sa vie dans le roman d’Eugenio Murrali – Corriere.it

sa vie dans le roman d’Eugenio Murrali – Corriere.it

2023-11-15 14:50:51

De ALDO BAISE

Le grand écrivain français raconté dans un livre publié par Neri Pozza qui sera présenté à BookCity


Nous nous souvenons tous, grâce également à Giorgio Albertazzi, du Mémoires d’Hadrien: alors qu’il commence à entrevoir le profil de la mort, l’empereur romain né en Espagne et au cœur grec écrit au jeune de dix-sept ans dont il pressentait le talent, Marc Aurèle, et retrace les grands moments de son existence et de sa Rome. Mais il y a une autre histoire troublée et passionnante qui méritait d’être racontée comme l’a fait Eugenio Murrali, écrivant le roman de la vie de l’auteur lui-même. Mémoires d’Hadrien, Marguerite Yourcenar. Le livre, Marguerite était làtout juste sorti par Neri Pozza, dit-il la parabole du courage et du talent de cette auteure née il y a cent vingt ans pour devenir la première femme immortelle, grâce à son entrée à l’Académie française, mais surtout grâce à des ouvrages qui donnent envie de lire ou de relire après avoir lu les pages écrites par Murrali, une authentique déclaration d’amour.


L’auteur – presque un fils adoptif de Dacia Maraini, dont il a dirigé Meridiano – s’est occupé de nombreuses formes d’écriture, de critiques théâtrales, de critiques de livres, d’entretiens, d’essais et enfin, outre l’enseignement au lycée de Tivoli dédié à Hadrien, collabore à l’animation d’un programme d’information radiophonique en latin pour les médias du Vatican. Son roman sur Marguerite Yourcenar est le début d’un véritable écrivain, pour l’originalité de la construction narrative et de son style, pour sa capacité à communiquer des émotions, à créer des images, à faire vivre les proches de l’écrivain en leur donnant la parole.

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Le roman comporte deux niveaux. L’un est le journal de voyage intime d’une narratrice qui visite les lieux de Marguerite Yourcenar : Bruxelles, sa ville natale, le Mont Noir, en Flandre française, où, enfant, elle a passé les premiers étés de sa vie avec son père Michel et sa redoutable grand-mère Nomi, La Hollande et la mer du Nord, les pays méditerranéens, l’Amérique qui l’a accueillie au début de la Seconde Guerre mondiale et lui a donné une nouvelle citoyenneté.

L’autre dimension du livre est ce que l’on définit comme une exofiction, un récit construit à partir de personnages ou de faits historiques racontés sous forme de roman. Du narrateur, Murrali passe aux personnages importants de la vie de Marguerite. Il donne la parole à sa mère, Fernande, qui parle d’elle avec beaucoup de force avant de mourir d’une septicémie quelques jours après son accouchement. Ça fait parler son père, Michel, inspirateur du grand amour de l’écrivain pour les lettres et le monde antique, un compagnon de voyage idéal. Ils disent que leur Barbe, la nounou qui fait office de mère, la méchante grand-mère Nomi, qui montre ici son humanité cachée et compliquée, André, l’intellectuel homosexuel qui fait perdre la tête à Marguerite, jusqu’à ce qu’elle, pour se libérer de cette passion, crée un livre merveilleux, Les feuxdans lequel il alterne les réécritures du mythe avec de courtes proses ou des épigrammes enflammées de passion : Je suis fatigué : j’ai marché toute la nuit, essayant d’effacer ton souvenir.

Dans Marguerite était là un espace important dédié à Grace, la fidèle compagne qui vit aux côtés de l’écrivain depuis quarante ans, il traduit ses livres, relit les brouillons, l’oblige à réviser plusieurs fois une phrase qui ne sonne toujours pas comme elle le devrait, organise son agenda, trouve avec elle la maison de Petite Plaisance, dans le Maine, le refuge de leur amour et de celui de Marguerite. en écrivant. Enfin, une nouvelle passion féroce va arriver, Jerry, un jeune homosexuel voué à mourir prématurément, frappé par le sida. Une perte très douloureuse à laquelle l’écrivain a survécu pendant un peu plus d’un an. Yourcenar est décédé en 1987, des suites d’une hémorragie cérébrale.

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Pendant que se raconte cette vie de voyages, d’amours, de grandes histoires et de petites histoires qui s’entrelacent, les chefs-d’œuvre de l’écrivain apparaissent en filigrane :
Alexisune œuvre jeune et déjà parfaite, dans laquelle Yourcenar imagine la lettre d’un mari qui déclare son homosexualité à sa femme ; Pièce de rêvese déroulant à Rome en 1933, en pleine époque fasciste, et centré sur une tentative d’attentat contre Mussolini, au nom de la liberté ; L’œuvre en noir et son protagoniste, l’alchimiste et philosophe des Flandres du XVIe siècle, Zénon, que l’auteur considère comme un frère, un être à qui elle a donné corps, à tel point qu’elle marque la date de sa mort parmi ses notes personnelles, pour se souvenir de lui. comme on le fait avec celui qu’on aime.

Murrali, dans ce livre dense et magnétique sur lequel il a travaillé si dur, en lisant tous les ouvrages, biographies et lettres disponibles, montre un fort sentiment d’admiration et de respect pour la femme et l’écrivain. Il n’y a pas l’ombre d’un potin, mais seulement un dialogue passionnant et visionnaire avec un grand esprit du XXe siècle, un hommage à un modèle qui nous aide à mieux comprendre qui nous sommes, à une intellectuelle qui a fait preuve d’une liberté exceptionnelle et s’est imposée l’autodiscipline stricte visant à s’améliorer et à améliorer ses romans, qu’elle a continué à peaufiner au fil des ans. En 2037, cinquante ans après sa mort, de nombreuses lettres désormais classées seront visibles ; mais si Eugenio Murrali les avait eus sous la main, peut-être n’aurait-il pas écrit ce livre différemment, car à chaque page on sent la tension qui le lie à Marguerite Yourcenar. Pour le dire avec elle : Il y a quelque chose entre nous qui vaut mieux que l’amour : la complicité.

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Les rencontres à Rome et à BookCity Milan

Le roman d’Eugenio Murrali, Marguerite était ici, en librairie pour Neri Pozza (192 pages, 17 euros). Journaliste et essayiste, Eugenio Murrali (Rome, 1985) a édité avec Paolo Di Paolo le Meridiano consacré aux romans et nouvelles de Dacia Maraini (Mondadori, 2021). Avec Dacia Maraini, il publie Le Rêve du Théâtre. Chronique d’une passion (Bur, 2013). Murrali présentera son livre le vendredi 17 novembre à Rome en dialogue avec Sandra Petrignani, lectures de Mariangela D’Abbraccio (18h, Galleria Nazionale, Sala delle Colonne, Viale delle Belle Arti 131) et le dimanche 19 à Milan à l’occasion de BookCity , avec Anna Folli (11h, librairie Il Trittico, via San Vittore 3).

15 novembre 2023 (modifié le 15 novembre 2023 | 12:58)



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