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Retour sur le colloque LPO “Biodiversité de proximité et c… – LPO (Ligue pour la Protection des Oiseaux)

Retour sur le colloque LPO “Biodiversité de proximité et c… – LPO (Ligue pour la Protection des Oiseaux)

Ce colloque réunissait experts, scientifiques, étudiants, collectivités locales et entreprises, pour revenir sur les concepts clés permettant d’avoir une bonne compréhension des enjeux liés à la biodiversité et au climat et présenter des retours d’expérience.

“La biodiversité, c’est la diversité du vivant”

Le début de la matinée fut consacré à faire le point sur les effets des changements climatiques sur la faune et la flore sauvages, au travers d’exemples d’adaptation des espèces en France et à l’étranger. Philippe Grandcolasdirecteur de recherche au CNRSa exposé les principales pressions que subit la biodiversité aujourd’hui, et notamment la conversion des milieux avec la destruction des habitats naturels (les zones humides ont disparu de moitié depuis 2000) et la simplification de certains habitats engendrée par l’Homme. Il a également présenté les autres facteurs de pression, tels que le prélèvement des espèces sauvages, les pollutions (pesticides, résidus médicamenteux…), et les espèces exotiques envahissantes en concluant son intervention sur la nécessité de prendre conscience, d’agir et de lever les pressions.

Les zones humides et leur biodiversité disparaissent en France © J.-J. Carlier

Cédric Marteau, directeur du pôle Protection de la Nature à la LPO France, s’est ensuite attaché à mettre en lumière les changements impliqués par le changement climatique sur les populations d’oiseaux communs. Il en a décrit les impacts directs, tels que les changements de répartition, de phénologie, de reproduction et de migration ou encore les changements de morphologie, et a détaillé les effets indirects, comme les modifications des habitats causés par les sécheresses, les incendies, les reculs du trait de côte. Les exemples de bouleversements donnés sont marquants : les oiseaux migrateurs arrivent en moyenne 6 jours plus tôt en France, et certains sédentaires, comme la Mésange charbonnière ont avancé le début de leur cycle de nidification de près d’un mois sous nos latitudes (fin mars au lieu de fin avril). Les études montrent que les aires de répartition des espèces sont modifiées, avec par exemple des espèces méridionales qui s’étendent vers le nord (ex du Guêpier d’Europe présent quasiment partout en France en 2022), et d’autres hivernantes qui désormais restent davantage au nord comme les anatidés (canards plongeurs, oies).

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Les constats scientifiques ainsi posés sur l’état du climat et de la biodiversité de proximité, la suite de la matinée a été consacrée à l’exposé des solutions que la biodiversité offre face à la crise climatique.

Le guêpier d'Europe (Merops apiaster) est une espèce d'oiseau qui étend son aire de nidification au nord en France © Pixabay

Le guêpier d’Europe (Merops apiaster) est une espèce d’oiseau qui étend son aire de nidification au nord en France © Pixabay

“Reconstruire des relations mutualistes avec les écosystèmes”

Denis CouvetPrésident de la Fondation pour la recherche de la biodiversité a abordé le sujet des restaurations écologiques des écosystèmes. En permettant le stockage du carbone, les écosystèmes sont des vecteurs d’atténuation du changement climatique. Le ré-ensauvagement participe au processus du maintien de la bonne santé des écosystèmes, mais la restauration écologique doit se faire au bénéfice et non pas au détriment de la biodiversité. Pour Denis Couvet, il convient de considérer que toutes les espèces ont leur utilité, sans opposer les espèces sauvages aux domestiques. Il a notamment présenté l’exemple du retour des bisons dans les prairies du Kansas (USA) qui a engendré une augmentation de la biodiversité floristique et des microbiotes supérieure à celle permise par des troupeaux de bovins d’élevage. Maintenir et restaurer les écosystèmes sont des action d’adaptation aux changements climatiques et mesurer leur intégrité devient donc un enjeu, tant pour les scientifiques que pour les politiques.

Lever de soleil au-dessus du marais © Nicolas Macaire

Lever de soleil au-dessus du marais © Nicolas Macaire

Agnès Hallosseriechargée de programme écosystèmes à l’UICNa conclu cette matinée en présentant les solutions fondées sur la nature pour atténuer les changements climatiques. Il s’agit d’une notion créée au début du XXIe siècle pour caractériser des actions qui s’appuient sur les écosystèmes et la biodiversité afin de relever les défis que posent les changements globaux à nos sociétés, comme la lutte contre les changements climatiques, la prévention des risques naturels, la santé, l’approvisionnement en eau ou encore la sécurité alimentaire. Citons l’exemple d’îlots de verdure qui jouent le rôle de climatiseurs naturels ou celui des forêts qui ont une fonction dans le captage du carbone.

“Une crise globale, des solutions locales”

Les enjeux de préservation de la biodiversité et les enjeux climatiques s’inscrivent tous deux à l’échelle globale. Mais c’est au quotidien et au niveau local que sont déployés les programmes de protection de la biodiversité. C’était l’objet des tables-rondes de l’après-midi, constituées de témoignages et de retours d’expériences de territoires et d’entreprises qui sont passés à l’action.

Ces moments d’échanges ont permis de présenter les dispositifs, expériences, aménagements déjà réalisés et ayant un double impact positif : pour la biodiversité et le climat.

Les collectivités présentes (métropole du Grand Lyon, villes d’Echirolles, Niort, et Pessac) ont ainsi exposé des projets, passés, en cours ou à venir, agissant sur la désartificialisation des sols, la création d’ilots de fraicheur, la lutte contre la pollution lumineuse ou encore la mise en place de zones de protection de la biodiversité. Autant de projets qui ont été menés avec les équipes municipales mais aussi avec les habitants, les citoyens.

Les entreprises participantes ont également pu exposer leurs diverses innovations en faveur du climat et de la biodiversité, à diverses échelles, nationale ou locale, grands groupes ou PME. Pochecopetite entreprise de fabrication d’enveloppes dans le Nord, a ainsi présenté ses 25 années de réflexions et travaux pour métamorphoser son site : désimperméabilisation de 1200 m2mise en place d’une toiture végétalisée isolante par exemple. RTEgestionnaire du réseau français de transport d’électricité, a choisi un mode d’action pluriel : en s’associant à de nombreux acteurs de différents horizons (associations, conservatoires, communes et territoires, organismes de recherche) l’entreprise déploie des actions visant à préserver la biodiversité et à diminuer l’impact de son emprise sur le territoire. Elle développe aussi des indicateurs d’empreinte, pour mesurer et suivre les impacts, et s’attache à sensibiliser ses salariés au maintien et au respect de la biodiversité. Séché environnemententreprise de traitement de déchets, travaille à l’accueil de la biodiversité sur ses sites depuis les années 80. Aujourd’hui, sur les 40 sites industriels présents en France, tous sont engagés au sein de la stratégie climat du Groupe. Séché Environnement emploie 5 écologues qui s’appuient sur un réseau d’ambassadeurs pour porter la cause de la biodiversité en lien avec les directeurs de chaque site en privilégiant l’implication et la formation de ses équipes locales. Le groupe Rocher déploie un plan d’action Climat et Biodiversité qui touche à ses activités industrielles (diminution des émissions carbones dans le transport de ses produits, diminution de l’usage de plastique) et qui implique ses communautés (salariés, agriculteurs et producteurs de fleurs). La Gacilly, site historique du groupe Rocher, est un laboratoire d’engagement et de mobilisation des collaborateurs aux enjeux de la nature.

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Les différentes interventions nous ont éclairé sur les solutions à imaginer en articulant les deux grands défis du XXIe siècle : enrayer la perte massive de la biodiversité et mettre un coup d’arrêt aux dérèglements climatiques.

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