Au cours des 15 dernières années, le Maroc et la Banque mondiale ont travaillé ensemble pour promouvoir le développement économique et social du pays. Cette période a été marquée par l’engagement continu du Maroc à mettre en œuvre des réformes structurelles et à amorcer une transition vers un nouveau modèle de développement.
En réponse à ces priorités nationales, la Banque mondiale a adapté son assistance financière et technique et a axé sa stratégie sur trois domaines : le développement du secteur privé, le capital humain et le développement durable. Avec un investissement d’environ 16 milliards de dollars entre 2011 et 2024, la Banque mondiale a renforcé sa position en tant que principal partenaire de développement du Maroc.
Des collaborations essentielles pour un impact concret
En 2010, le Maroc occupait le 128è rang sur les 180 pays du classement Doing Business de la Banque mondiale. Cette mauvaise position a incité le gouvernement à agir pour améliorer sa position et à lancer une réforme plus large du climat des affaires.
Pour soutenir cette volonté, la Banque mondiale s’est associée au Comité National de l’Environnement des Affaires (CNEA) pour mettre en œuvre des réformes spécifiques, telles que la simplification des procédures de création d’entreprises et la suppression du capital minimum requis pour une société à responsabilité limitée, désormais fixé à zéro.
En outre, des initiatives ont été lancées pour améliorer l’accès au financement en éliminant les obstacles à l’obtention de crédit et en étendant le réseau bancaire aux régions moins développées. Cette collaboration a conduit à une amélioration significative du classement du Maroc, passant à la 53ème place en 2020, illustrant un exemple de partenariat réussi entre la Banque mondiale et le gouvernement marocain.
La collaboration entre la Banque mondiale et le Maroc s’étend à divers secteurs, notamment celui du capital humain, avec, entre autres objectifs, la modernisation du système de protection sociale. La Banque mondiale a joué un rôle clé aux côtés du ministère de l’Intérieur dans la conception et la mise en œuvre des mécanismes de ciblage des transferts aux ménages. Cette collaboration technique a conduit à l’établissement du Registre national de la population et du Registre social unifié, posant ainsi les bases d’une réforme plus globale du système de protection sociale initiée par le pays à partir de 2020.
Dans le domaine du développement durable, des mesures ont été prises pour renforcer la résilience du pays face aux risques climatiques, en mettant particulièrement l’accent sur la prévention des catastrophes. Cette collaboration s’étend également à une gestion plus efficace des ressources naturelles, comprenant des initiatives visant à améliorer l’utilisation de l’eau et à réduire la production de déchets solides.
Ces domaines de collaboration nécessitent un renforcement
Malgré les multiples domaines d’action communs entre la Banque mondiale et le Maroc, les objectifs escomptés ne sont pas toujours atteints. Par exemple, dans le secteur privé, malgré la volonté partagée de renforcer la concurrence et de promouvoir des pratiques commerciales équitables, des obstacles persistants entravent toujours le développement des TPE/PME et freinent leur capacité à contribuer pleinement à la croissance économique et à la création d’emplois.
La Banque mondiale reconnaît que son soutien au gouvernement a eu un impact limité sur l’employabilité des jeunes et la participation des femmes à la population active. Les efforts de collaboration étaient insuffisants et fragmentés, et le fossé entre les aspirations et les réalisations mettait en évidence l’importance d’approfondir le dialogue et d’impliquer un plus large éventail d’acteurs dans ces questions transversales.
Une des limites identifiées dans cette coordination réside dans les difficultés de collaboration entre l’institution internationale et les différentes agences gouvernementales, centrales ou locales. Cela a entraîné, selon la Banque mondiale, des incohérences dans les réformes multisectorielles complexes et des difficultés à les concrétiser.
Un partenariat basé sur la confiance et l’échange d’expertise
Au-delà des résultats obtenus, la collaboration entre le Maroc et la Banque mondiale repose sur trois piliers fondamentaux. Tout d’abord, un dialogue ouvert permettant un échange d’expertise et de perspectives entre les deux parties. Un exemple concret de cette approche est le Mémorandum Économique du Pays élaboré en 2017 par la Banque mondiale, qui a joué un rôle crucial dans le débat national sur le nouveau modèle de développement du Maroc.
La relation entre le Maroc et la Banque mondiale est caractérisée par une confiance mutuelle et un apprentissage réciproque. La Banque mondiale reconnaît et valorise les expériences et les connaissances du Maroc, enrichissant ainsi sa réflexion en matière de développement. Cela permet un échange fructueux d’expertise et de bonnes pratiques, contribuant à l’amélioration des interventions de la Banque mondiale dans d’autres pays.
Enfin, le respect de la souveraineté et des priorités du Maroc a toujours été une constante. La Banque mondiale s’engage à respecter les choix du Maroc et à aligner son soutien sur les priorités nationales de développement. Le Nouveau Modèle de Développement du Maroc constitue la feuille de route pour la collaboration future, garantissant une vision commune entre les deux parties.
*Economiste – Policy Center for the New South (PCNS)
