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Rencontre avec Michael O’Leary, le patron de Ryanair

Rencontre avec Michael O’Leary, le patron de Ryanair

”La pire Commission de toute l’histoire”

La vie peut parfois être monotone pour le patron irlandais qui n’a toujours pas pu rencontrer la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen. “Il n’est pas encore 10 heures, tout le monde doit encore être en train de dormir ici”lance le sexagénaire. Comme c’est devenu son habitude, l’homme a laissé plusieurs caisses, avec des documents contenant plus de deux millions de signatures de clients désirant que l’Europe permette le survol du territoire français lors des grèves des contrôleurs aériens hexagonaux. “L’année dernière, plus d’un million de nos passagers ont été touchés par ces grèves. Cela ne peut plus durer. Mais la Commission, la pire de toute l’histoire, préfère organiser de longs débats sur l’environnement ou l’Ukraine plutôt que d’apporter des réponses concrètes aux problèmes quotidiens des citoyens”.

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On devrait devenir la plus grande compagnie au monde et dépasser l’américaine Southwest d’ici trois ou quatre ans.”

Michael O’Leary était aussi à Bruxelles pour annoncer l’arrivée de deux nouveaux avions à l’aéroport de Charleroi, ainsi que six nouvelles destinations (Cork en Irlande, Göteborg, Amman, Tirana, Sarajevo et Dubrovnik) pour cet été. La compagnie irlandaise affole tous les compteurs. Avec 184 millions de passagers transportés en 2023, Ryanair est devenue la quatrième plus grande au monde, la première en Europe et en Belgique, avec plus de dix millions de passagers ayant transité par Zaventem ou Charleroi l’année dernière. L’élève dépassera bientôt le maître. “En termes de passagers, on devrait devenir la plus grande compagnie au monde et dépasser Southwest (la compagnie low cost américaine dont s’est inspiré Ryanair à ses débuts, NdlR) d’ici trois ou quatre ans. On grandit plus vite que les autres car on est des bons gars (sic)ceux qui offrent les tarifs les plus bas”.

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La demande de voyages reste “énorme”

Reste qu’en Belgique, la croissance effrénée de Ryanair pourrait être stoppée. L’aéroport de Charleroi a ainsi entamé les procédures pour obtenir son nouveau permis d’environnement prévu en 2025. Or, des voix se font de plus en plus nombreuses pour mettre une limite au développement de l’infrastructure. Limite ? Un mot que le milliardaire ne veut pas entendre. “La Belgique est un bon marché. Mais ce qui nous importe avant tout, c’est de pouvoir nous développer. Tant que Charleroi continuera d’agrandir ses infrastructures et qu’il gardera des tarifs aéroportuaires bas, on continuera à investir. Par contre, si l’aéroport limite notre croissance, on s’en ira ailleurs – en Italie, en Espagne ou en Pologne, des marchés où nos tarifs bas sont les bienvenus. Si on ne peut plus se développer en Belgique, les prix des billets d’avion vont automatiquement augmenter, cela fera plaisir à Brussels Airlines avec ses tarifs élevés, et la Wallonie restera cette région pauvre. Nous sommes l’un des plus gros investisseurs étrangers de la région”.

Selon Michael O’Leary, la demande de voyages reste “énorme” depuis Charleroi. “Mais il y a aussi de plus en plus d’étrangers qui viennent en Wallonie grâce à nos avions, Même des Irlandais de la ville de Cork en sont fans. Ils en ont marre de ce ciel gris d’Irlande et on leur fait croire que la Belgique est une destination très ensoleillée”. Le transporteur low cost ne mise plus que sur un cheval dans notre pays. “On ne grandira plus à Zaventem qui a fait une grosse erreur de management en augmentant ses tarifs aéroportuaires. C’est un aéroport qui ne croît plus du tout : il est à 85 % de ses chiffres de fréquentation d’avant-Covid, là où Charleroi est à +139 %. À la place des dirigeants de Zaventem, je m’inquiéterais de ces chiffres. C’est très mauvais pour les commerces et restaurants de Brussels Airport. À ce rythme-là, Il ne faudra pas attendre trop longtemps avant que Charleroi dépasse Bruxelles et devienne le plus grand aéroport de Belgique”.

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À ce rythme-là, Il ne faudra pas attendre trop longtemps avant que Charleroi dépasse Bruxelles et devienne le plus grand aéroport de Belgique.”

Pour le boss irlandais, les nuisances sonores sont “minimes” à Charleroi. “Je ne suis pas au courant de réclamations à ce sujet. Le seul bruit qu’on entend à l’aéroport est celui de nos clients qui se battent pour obtenir nos bas prix”, ironise-t-il. L’année dernière, plus de 2 000 avions, dont une grande majorité de la flotte de Ryanair, n’ont pourtant pas respecté le couvre-feu (23 heures) imposé par l’aéroport wallon. “Êtes-vous sûr de ces chiffres ? s’étonne M. O’Leary. De toute façon, les avions qui atterrissent font beaucoup moins de bruit que ceux qui décollent. Nos nouveaux avions (les Boeing 737 Max, NdlR) sont aussi beaucoup plus silencieux que les anciens”. Le patron l’affirme aussi : il ne paie aucune amende pour ces infractions. “On ne nous demande rien et, de toute façon, nous ne paierons jamais nulle part ce type d’amendes. Ce n’est pas notre faute si nos avions arrivent parfois après les heures du couvre-feu mais la faute des contrôleurs aériens qui sont trop souvent en grève.”

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Ni les grèves, ni les incidents Boeing sont des freins

Des grèves qui ne seraient pas un frein pour les investissements en Belgique. “C’est un peu comme une sorte de sport national. La Belgique est le numéro un mondial en matière de grève. (Il réfléchit) Non, c’est la France, mais votre pays est juste derrière, à la deuxième place. Grève des conducteurs de trains, bus, douaniers, … Cela arrive tous les jours et les Belges ne semblent pas perturbés par cela. Les grèves de notre personnel ont, en tout cas, eu un effet très minime sur nos activités.”

L’Irlandais tient aussi à relativiser l’impact du grave incident survenu récemment sur un Boeing 737 Max de la compagnie Alaskian Airlines. Ryanair est pourtant l’une des compagnies qui a le plus acheté de Max à travers le monde. “Mais nous n’avons commandé aucun Max 9, l’avion impliqué dans cet incident et qui n’est d’ailleurs pas un modèle courant, veut rassurer le patron. Cet incident pourrait toutefois avoir un impact sur les délais de livraison de nos avions, mais ce n’est pas alarmant. Bien sûr qu’on est préoccupés, comme tout le personnel de Boeing d’ailleurs, par ces problèmes de contrôle de qualité du constructeur américain avec lequel nos ingénieurs travaillent désormais étroitement. On reste très confiants mais Boeing doit mieux faire”.

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