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Rencontre avec Jérôme Deloge, adepte du vélo couché et participant à la course Paris-Brest-Paris

Rencontre avec Jérôme Deloge, adepte du vélo couché et participant à la course Paris-Brest-Paris

Lorsqu’il se déplace dans les rues d’Antheit, où il habite, ou qu’il file le long des quais de la Meuse à Huy avec son engin, il ne passe pas inaperçu. Il serait même intéressant de filmer en caméra cachée les visages interloqués ou amusés des passants.

À 47 ans, Jérôme Deloge n’est définitivement pas un usager de la route comme les autres. Utilisateur de vélo couché depuis 2005, il parcourt des milliers de kilomètres à bord d’une machine ressemblant étrangement à un suppositoire géant depuis un an. Au premier abord, le vélo pourrait évoquer les véhicules participant au Shell Eco-marathon. Mais ne vous y trompez pas, il n’y a pas de moteur ici. Le vélomobile avance uniquement grâce à la force des jambes. “Il s’agit du tricycle Milan produit en grande série à Hanovre par le concepteur allemand Räderwerk”, explique le Wanzois. “Quand il est neuf, il coûte environ 10 000 €. Celui-ci m’a été prêté. La coque est entièrement en carbone, et il pèse environ 30 kilos au total.”

L’avantage énorme de cette machine au look futuriste est son aérodynamisme. “À une vitesse de 30 km/h, avec un vélo classique, vous dépensez 80% de votre énergie à lutter contre le vent. Par contre, avec ce vélomobile, le frottement est réduit au maximum, et on peut assez facilement atteindre les 50 à 60 km/h.”

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Le postérieur à quelques centimètres du sol, où l’on est confortablement installé, presque comme dans un transat, Jérôme se rend ainsi presque tous les jours sur son lieu de travail à Scry (Tinlot). “Je pars d’Antheit, passe par Pâturages, Ampsin, Amay, Ombret, et rejoint le Condroz par Yernée-Fraineux”, détaille le cycliste. “C’est un trajet de 19 km que je fais en un peu moins de 40 minutes. Bien sûr, dans les montées, c’est éprouvant. Avec un casque, il fait parfois très chaud dans l’habitacle. Je lève donc le capot pour ventiler.”

En descente ou sur un terrain plat, Jérôme Deloge respecte évidemment les limitations de vitesse en ville. “Je n’ai jamais été arrêté par la police”, dit-il en souriant. “Légalement, c’est un vélo comme un autre. Je reste néanmoins prudent en partant du principe que je ne suis pas forcément visible pour les automobilistes. Il faut notamment faire attention aux intersections, mais aussi à la présence de murets ou de haies. Je n’ai jamais connu de frayeur. Contrairement aux vélos classiques, je n’ai jamais l’intention de doubler une file de voitures à l’arrêt ou de faire demi-tour sur une route. Le rayon de braquage est terrible.”

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Jérôme n’a que rarement été confronté à des gestes d’énervement de la part d’automobilistes, de cyclistes ou même de piétons. “Le regard des gens est plutôt positif”, dit-il. “À mon passage, je vois beaucoup de mâchoires décrochées et de pouces levés.”

Une 5e participation à la course mythique

Si le vélomobile est un moyen de transport courant pour le Wanzois, c’est aussi un objet qui incite au dépassement de soi. Pour la 5e fois, Jérôme participera le 20 août prochain à la célèbre course Paris-Brest-Paris qui a lieu tous les quatre ans. Cette épreuve cycliste de plus de 1 200 km, qui en sera à sa 20e édition, réunira environ 8 000 sportifs qui devront effectuer un aller-retour vers la Bretagne en moins de 90 heures. En 2011, Jérôme avait accompli cet exploit en 51 heures, ne dormant que 20 minutes sur son vélo couché.

Cette année, le Wanzois visait mieux. Beaucoup mieux. “Si je n’ai pas de problème mécanique ou médical, j’espère terminer le parcours en environ 42 heures” (NDLR : soit une moyenne d’environ 28 km/h), expliquait-il il y a un mois.

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Mais des douleurs au niveau des genoux ont perturbé la préparation du quadragénaire. “J’ai été obligé d’arrêter complètement le sport pendant trois semaines”, précise-t-il ce lundi. “Je vais seulement remonter sur mon vélomobile pour la première fois ce mardi, n’ayant pas pu effectuer le voyage aller-retour préparatoire aux Alpes italiennes que j’avais prévu. Je serai donc un peu dans le flou lorsque je partirai de Rambouillet le samedi 20 août à 17h15. Les coureurs partent par vague de 200 participants.”

À condition que son corps tienne le coup, Jérôme espère perdre le moins de temps possible tout au long du parcours. “Je mangerai des barres de céréales, des barres de fruits et je boirai beaucoup d’eau avec de la maltodextrine. J’ai également prévu quelques arrêts dans les villes traversées pour acheter de la nourriture.” Si, malgré les récents contretemps, Jérôme Deloge parvient à franchir la ligne d’arrivée dans un chrono honorable, il aura bien mérité un délicieux… Paris-Brest pour se réconforter.

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