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Réforme judiciaire en Israël : Manifestations massives et dérive autoritaire

Réforme judiciaire en Israël : Manifestations massives et dérive autoritaire




La police a utilisé des canons à eau pour disperser les protestataires. Tel Aviv, 11 juillet 2023. — © IMAGO/Matan Golan / IMAGO/Sipa USA



Dans l’après-midi, un grand nombre de manifestants ont également afflué à l’aéroport international Ben Gourion de Tel-Aviv, agitant des drapeaux et scandant des slogans contre la réforme.


Pour les manifestants, une dérive autoritaire


Cette journée de mobilisation fait suite au vote en première lecture par le Parlement israélien, la Knesset, d’une mesure visant à annuler le pouvoir judiciaire de se prononcer sur la “raisonnable” des décisions du gouvernement. La mesure a été adoptée dans la nuit de lundi à mardi en première lecture avec 64 voix pour, correspondant aux députés de la coalition gouvernementale. Les 56 députés de l’opposition ont voté contre.


La réforme judiciaire, annoncée peu après l’investiture du gouvernement dirigé par le Premier ministre Benjamin Netanyahou, l’un des plus à droite de l’histoire d’Israël, vise notamment à réduire les prérogatives de la Cour suprême, que l’exécutif considère comme politisée. Ses détracteurs estiment que la réforme risque de conduire à une dérive antilibérale ou autoritaire.


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Dans une vidéo publiée sur Facebook pendant les débats dans la nuit, Benjamin Netanyahou a tenté de rassurer en affirmant que le projet de loi n’était “pas la fin de la démocratie”, mais qu’il allait “renforcer la démocratie”. “Les droits des tribunaux et des citoyens israéliens ne seront en aucun cas lésés (…) La Cour continuera de contrôler la légalité des décisions et des nominations du gouvernement”, a-t-il déclaré.


La commission parlementaire des lois a repris les débats sur la mesure adoptée en première lecture mardi après-midi, afin de la présenter pour un vote final du Parlement à une date non précisée, selon un communiqué.


Les syndicats en première ligne


Mardi, le chef de la centrale syndicale Histadrout a appelé le Premier ministre à “mettre fin au chaos”, laissant entendre que le puissant syndicat pourrait exercer une pression sur le gouvernement s’il poursuivait le projet de réforme. “Monsieur le Premier ministre, la balle est dans votre camp”, a déclaré Arnon Bar-David lors d’une conférence de presse à Tel-Aviv. “Mettez fin au chaos délirant au sein de la société israélienne, et rapidement”, a-t-il ajouté. “Quand je sentirai que toutes les options auront été épuisées et que la situation aura atteint un point de non-retour, nous interviendrons et utiliserons notre pouvoir”, a surenchéri Arnon Bar-David, qui avait annoncé en mars une grève générale quelques jours avant que Benjamin Netanyahou ne fasse une pause dans le projet de réforme.


De son côté, le chef de l’opposition, Yaïr Lapid, a reproché au gouvernement de ne pas respecter ses promesses : “Vous aviez promis d’aider les faibles et de protéger la sécurité d’Israël (…), vous ne faites rien d’autre que cette folie”, a-t-il déclaré en se référant à la réforme.


Fin mars, Benjamin Netanyahou avait décrété une pause dans le processus législatif pour permettre des discussions avec les partis de l’opposition. Mais fin juin, les deux principaux chefs de l’opposition, Yaïr Lapid et Benny Gantz, ont suspendu leur participation aux pourparlers. Le président israélien, Isaac Herzog, a appelé les parties à revenir à la table des négociations sous sa supervision depuis mars.


Pour sa part, le président américain Joe Biden a exprimé l’espoir que M. Netanyahou “continuera à évoluer vers la modération et le changement” lors d’une interview diffusée dimanche sur CNN.


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