Devant plusieurs centaines milliers de personnes, rassemblées sur le tarmac de l’ancien aéroport d’Atatürk, à Istanbul, le président Recep Tayyip Erdogan a revêtu, samedi 28 octobre, son uniforme favori, celui du champion de la cause palestinienne et de la rue arabe. Foulard traditionnel à damier autour du cou, micro à la main et sans notes, le chef de l’Etat a pendant près d’une cinquantaine de minutes accusé sans relâche, à la veille du centenaire de la République turque, l’Occident d’être « le principal coupable des massacres à Gaza » et Israël de commettre « des crimes de guerre ».
Un ton et une posture qui ne sont pas sans faire écho à ceux qu’il avait adoptés en 2009, au forum de Davos, où, après des semaines de négociations dans la région, il avait renversé la table avec son « coup de colère » contre Shimon Pérès, après le lancement par Tsahal de l’opération « Plomb durci » contre le Hamas.
Après avoir rappelé l’étendue de l’Empire ottoman et le fait que « Gaza était [alors] partie intégrante de la patrie »Recep Tayyip Erdogan a réaffirmé que le Hamas n’« était pas une organisation terroriste ». « Quand j’ai dit cela, Israël a été troublé, a ajouté le président turc. Je le savais, et je l’ai dit en toute connaissance de cause. »
Dans un style qui lui est propre, posant lui-même les questions et y répondant, le chef de l’Etat a tenu à interpeller vertement les capitales occidentales et les dirigeants israéliens : « Comment était la situation en 1947 [juste avant la création de l’Etat d’Israël en 1948] ? Comment êtes-vous arrivés ici ? Vous êtes un envahisseur. L’Occident vous est redevable, mais la Turquie ne vous doit rien, c’est pourquoi nous vous parlons ainsi. Les pays occidentaux viennent vous rendre visite et vous demandent pardon. Nous, nous sommes du côté des opprimés. » Le président Erdogan d’ajouter : « A l’exception de quelques consciences qui ont élevé la voix, ces massacres [à Gaza] sont totalement l’œuvre de l’Occident. »
« La Turquie sera l’espoir des opprimés »
Le ton plus grave, il poursuit : « Vous avez pleuré les personnes civiles tuées en Ukraine,