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Réactions de l’UNRWA face aux accusations d’Israël : Interview exclusive

Réactions de l’UNRWA face aux accusations d’Israël : Interview exclusive

Avez-vous été surpris par ces accusations lancées par Israël ?

“Je tiens à souligner le fait que nous soumettons chaque année la liste de tout notre personnel au gouvernement israélien. Ce qui signifie que s’ils ont un doute sur l’un de nos collaborateurs, ils peuvent nous le communiquer et nous pourrons vérifier. Mais je m’attends à ce qu’il y ait plus d’allégations dans les semaines à venir. Je constate qu’elles sont désormais communiquées à travers les médias, ou sur les réseaux sociaux, mais elles ne sont pas directement partagées avec l’Agence ou les Nations Unies.

Ma position est de dire : si vous avez des informations, transmettez-les nous, ou transmettez-les à la commission d’enquête pour que l’on puisse établir les faits. Mais on ne peut pas réagir à toutes les allégations, surtout si elles ne sont pas accompagnées de faits. On me dit aujourd’hui il y a 251 membres de l’Unrwa qui font partie d’un groupe comme le Hamas. Sur quelle base cette information est-elle lâchée dans la presse ? Je ne sais pas.”

Une grande partie de votre personnel est gazaoui. Quelles mesures ont été mises en place pour maintenir la frontière entre leur identité et leur fonction ?

“Ils viennent de la communauté que nous servons : ce sont des réfugiés palestiniens, mais ils font également partie du personnel de l’ONU. Nous opérons dans un environnement très émotionnel et conflictuel, ce qui signifie qu’il n’y a pas de risque zéro. Mais nous sommes une agence des Nations Unies et nous devons respecter les principes de l’ONU. Si un personnel ne comprend pas cela, il ne peut évidemment pas continuer à travailler avec nous. Nous avons beaucoup investi dans la prévention, dans la sensibilisation, mais aussi dans les mécanismes internes qui nous permettant de faire face à toute situation de mauvaise conduite d’un personnel.”

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Israël demande ouvertement le démantèlement de l’Unrwa. C’est ce qui explique la multiplication des accusations contre votre personnel ?

“Je suis allé à l’Assemblée générale de l’ONU pour attirer l’attention des États membres sur le fait que, derrière cet appel au démantèlement de l’Unrwa, il y a l’objectif de priver les réfugiés palestiniens de leur statut de réfugié. C’est ainsi qu’ils tentent également d’affaiblir l’aspiration des Palestiniens à l’autodétermination. Il y a donc un agenda politique derrière cela.”

À la suite de ces accusations, de nombreux pays ont suspendu leur financement de votre agence. Quelle a été l’importance de la poursuite de l’aide belge pour la continuité des activités de l’UNRWA d’un point de vue financier, opérationnel mais aussi politique ?

“C’est l’occasion pour moi de remercier la Belgique d’avoir été un partenaire stratégique si solide. Vous avez apporté un grand soutien pendant une période très difficile pour l’organisation. C’est une attitude extrêmement importante, parce qu’elle inspire d’autres pays en Europe. La Belgique n’est pas seule, heureusement. Mais ce positionnement permet aujourd’hui à des pays plus réticents à recommencer leur soutien à l’agence.

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Il manque toujours les principaux contributeurs, comme les États-Unis, mais ils reviennent progressivement. Sur le plan financier, nous avons vu au cours des deux dernières semaines des pays qui ont décidé de débloquer leur contribution : la Suède, le Canada, l’Australie, le Danemark… D’autres pays non seulement n’ont pas interrompu leur contribution, mais ont décidé de l’augmenter, comme la Belgique, l’Espagne, l’Irlande.

Nous savons qu’une grande partie des décisions ont été prises sur la base de considérations nationales, et sur la perception de l’opinion publique. Certaines décisions ont donc été à présent annulées.”

L’Unrwa est-elle sauvée ? Va-t-elle survivre à cette crise ?

“La véritable question est de savoir si l’engagement de la communauté internationale vis-à-vis des réfugiés palestiniens va se poursuivre jusqu’au jour où il y aura une solution politique durable et juste. C’est la question que j’ai posée à l’Assemblée générale de l’ONU il y a dix jours.

J’ai mis en garde sur les implications si l’agence devait soudainement disparaître. Il y a une vision à court terme de dire que l’on pourrait juste remettre nos activités à d’autres agences. Le côté unique de l’UNRWA, c’est qu’on nous demande de délivrer des services publics à une des populations parmi les plus vulnérables de la région que sont les réfugiés palestiniens. Il n’y a aucune agence, aucune organisation qui puisse, par exemple ouvrir des écoles et délivrer de l’éducation aux niveaux primaire et secondaire pour un demi-million de filles et de garçons. Pour ça, il faudrait un gouvernement, un État, une administration qui fonctionne. La seule réponse, c’est de pouvoir remettre cette activité à une Autorité palestinienne.”

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Une fois que les combats cesseront à Gaza, l’Unrwa sera la colonne vertébrale, pour un moment, de la reprise d’un fonctionnement des services de base à la population ?

“C’est exactement ce type de rôle que l’agence devrait jouer, pour pouvoir les transmettre ensuite à une administration qui reviendrait sous l’autorité de l’Autorité palestinienne. Notre rôle serait de s’assurer que, progressivement, cette Autorité palestinienne soit la solution politique à l’avenir et qu’elle représente le futur État palestinien. Mais en attendant, quand il s’agit de l’éducation et de l’accès à la santé primaire, l’Unrwa pourra jouer ce rôle de colonne vertébrale dans la bande de Gaza.”

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