Au-delà des problèmes de bruit, la rave party sauvage a entraîné plusieurs incidents tels que la destruction de maisons ou l’envahissement de terrains privés, ce qui est devenu insupportable pour les habitants voisins. Une réunion de crise avec les autorités a eu lieu ce matin pour trouver des solutions.
Dans ce petit coin tranquille, où la tranquillité règne en semaine, le week-end s’est transformé en un enfer pour quelques habitants de Murat-sur-Vèbre. De manière impromptue, dès vendredi soir et sans autorisation, 2 500 fêtards venus de France, d’Italie, d’Espagne et d’ailleurs ont envahi un terrain privé, près des éoliennes (750 véhicules, deux murs de son). Cela a été le début de deux jours de cauchemar pour les trois familles les plus proches de l’événement, indiqué par des coordonnées GPS.
Les fromagers Chloé et Adrien, éprouvés mais déterminés malgré tout, reviennent sur leur calvaire : “Pendant l’été, il y a déjà eu quelques rave parties, mais elles étaient organisées sur la commune de Castanet-le-Haut (Hérault)”, explique l’éleveur, jusqu’alors sans souci.
Cette fois, dès la première nuit, “des camions sont venus tourner dans notre ferme. Il y avait une autre route, mais elle n’était pas indiquée, ils suivaient les coordonnées GPS du point de rassemblement. Il était minuit et demi et je suis descendu avec mon fourgon pour bloquer l’accès. Le lendemain matin, ma femme est partie à 5h30 pour aller au marché de Castres. Quand elle est descendue, il y avait un camping-car et cinq voitures garées dans nos champs qui voulaient absolument passer. Lorsqu’elle leur a dit qu’elle allait appeler la gendarmerie, ils sont partis.”
En fin de matinée, les voitures étrangères sont revenues : “Ils avaient arraché une clôture électrique et contournaient mon fourgon”, dont les phares avant et deux pneus ont été retrouvés cassés et crevés un peu plus tard. Quant au bruit et à l’écho retentissant, “Ils étaient à 1 km à vol d’oiseau, mais c’était comme s’ils étaient à côté de nous pendant 48 heures. Psychologiquement, nous sommes épuisés.”
Emilie Liprendy, qui élève des volailles, avait appelé ses voisins fromagers dès le vendredi soir vers 22h30, après avoir remarqué la présence de camions. “Nous voulions savoir s’ils recevaient une livraison. Bon, vu leur réponse, nous nous sommes dit que ça sentait la rave…”, dit-elle.
“Nous avons eu plus de 200 véhicules dans la nuit et ils passaient par notre ferme. Nous avons passé deux nuits, installés dans le hangar en nous relayant, de peur de nous faire voler des choses. Nous nous sentons impuissants.” À part quelques rencontres désagréables voire agressives, ils n’ont pas eu d’incidents chez eux.
Le pire est arrivé au troisième couple, les Viala, dans leur maison secondaire où ils vivent depuis quinze ans, sans aucun problème. “Nous étions à la maison vendredi. La nuit a été infernale: mon mari a joué les gendarmes pour les faire faire demi-tour. Certains étaient très agressifs, j’ai eu très peur. Nous avons décidé de partir”, explique Céline.
Le lendemain, un coup de fil d’Emilie : leur maison était saccagée. Céline énumère, blasée : “Ils ont cassé la porte d’entrée à coups de hache, vidé les placards, volé vaisselle, cigares et alcool.” Des plaintes ont été déposées à la gendarmerie. “Nous sommes vidés, épuisés, écœurés. C’est lamentable, il faut que cela cesse.”
Sur le plan judiciaire, hier dans l’après-midi, la gendarmerie a dressé 8 procès-verbaux : 3 pour conduite en état d’ivresse, 3 pour conduite sous l’influence de produits stupéfiants et 2 pour absence de contrôle technique.
Le préfet dénonce le caractère irresponsable de l’organisation d’un tel événement dans une zone montagneuse et difficile d’accès, d’autant plus qu’une vigilance météo pour des orages violents était en cours dans le Tarn, et rappelle qu’il “n’entend pas laisser ce type d’événement se dérouler impunément”, indique la préfecture. Il y avait encore environ 300 fêtards hier matin.
Selon nos informations, une réunion de crise est prévue ce matin à Murat, en présence d’élus locaux, des habitants concernés, des forces de l’ordre et du préfet.
Le maire de Murat-sur-Vèbre, Daniel Vidal, sera présent : “Les gens sont exaspérés, je comprends leur colère et je la partage. Il faut trouver une solution avant qu’un drame ne se produise. Cela commence à faire beaucoup, et lorsque l’on est sur place, c’est assez surréaliste : des mères de famille avec leurs enfants, des enseignes lumineuses affichant les tarifs des substances illicites sur place, un ballet de grosses voitures étrangères ravitaillant le site… Et je n’ose pas imaginer ce qui se passerait en cas d’incendie…”
