La question d’un possible troisième mandat de Macky Sall en tant que président du Sénégal est devenue le sujet le plus controversé dans le pays ces dernières semaines. Alors que certains soutiennent que Sall mérite un troisième mandat pour poursuivre ses politiques de développement, d’autres crient au scandale et dénoncent une remise en question des valeurs démocratiques. Dans cet article, nous examinerons les différents arguments avancés par chaque camp et tenterons de comprendre pourquoi ce débat fait rage dans le pays.
Le débat sur la possibilité d’un troisième mandat pour le président sénégalais Macky Sall lors de l’élection présidentielle de 2024 fait des remous dans le pays à mesure que la date approche. Si le camp présidentiel a déjà désigné Macky Sall comme son candidat pour cette élection, il n’a pas encore officiellement accepté ou refusé cette offre. Qu’en est-il de la Constitution sénégalaise à ce sujet ?
En 2016, une révision de la Constitution de 2001 a été adoptée par voie référendaire, à l’initiative du président Sall. Cette révision a ramené le mandat de 7 à 5 ans, mais le Conseil constitutionnel a indiqué que cette réduction ne s’applique pas au premier mandat de Macky Sall. La même révision a touché un autre point sensible : la limitation des mandats à deux termes. Selon l’article 27 de la Constitution sénégalaise, « Nul ne peut exercer plus de deux mandats consécutifs ». Cependant, les proches de la coalition au pouvoir affirment que cette disposition ne concerne pas le premier mandat de Macky Sall qui était un septennat.
Macky Sall avait pourtant déclaré à la presse en 2017 :”Je suis à mon premier mandat qui finira en mars 2019. Nous avons, il y a un an, engagé une réforme majeure de la Constitution par voie référendaire pour justement arrêter le débat”. Il affirmait alors ne pas souhaiter briguer un troisième mandat, mais aujourd’hui, il laisse planer le doute. En effet, lors d’un entretien accordé à la presse locale au Palais présidentiel, la veille du nouvel an 2020, le président Sall a répondu “ni oui ni non” à la question de savoir s’il comptait se présenter à l’élection présidentielle de 2024.
Plus récemment, dans un entretien accordé au journal français « L’Express », le président Sall a estimé qu’il avait le droit de se présenter comme candidat lors de la prochaine présidentielle prévue en 2024, mais il reste évasif sur sa volonté d’être candidat, affirmant qu’il le fera savoir le moment venu.
Les partisans d’un second quinquennat de Macky Sall évoquent le premier septennat du président, qui selon eux, n’est pas concerné par la disposition de l’article 27 de la Constitution. Mais pour Mouhamadou Ngouda Mboup, enseignant-chercheur en droit public à l’université Cheikh Anta Diop de Dakar et chargé de la Haute autorité de régulation du Pastef, parti de l’opposition sénégalaise, « la constitution de 2001 n’a fait que l’objet de modifications en 2016 et non d’abrogation. On a juste modifié l’article pour mieux le verrouiller ».
Il rappelle que le Conseil constitutionnel est l’organe habilité à trancher le débat sur la possibilité d’un troisième mandat de Macky Sall selon la Constitution. Toutefois, politiquement, la population sénégalaise sera la première concernée, car c’est elle qui élira son représentant lors des prochaines élections présidentielles.