Peut-on mourir de vieillesse ? Plus de médecins disent oui

Les médecins optent de plus en plus pour ce dernier. La troisième cause de décès la plus fréquente au Japon l’année dernière était rōsui, un mot qui combine des caractères signifiant «vieillesse» et «déclin». Il est généralement traduit par mourir de vieillesse, et il représente plus d’un décès sur 10, derrière seulement le cancer et les maladies cardiaques.

“Nous dirions ces jours-ci, ‘Elle avait toutes sortes de conditions, mais comme elle était vieille, disons qu’elle est morte de vieillesse'”, a déclaré Akihisa Iguchi, gérontologue et professeur émérite à l’Université de Nagoya. Il a dit que les familles étaient généralement d’accord avec cela.

Le Dr Iguchi a déclaré que le rōsui pourrait devenir la première cause de décès au pays à mesure que le vieillissement avance.

Le point de vue du Japon reste aberrant. La vieillesse ne figure pas sur la liste des 10 principales causes de décès de l’Organisation mondiale de la santé dans le monde, ni sur la liste des 10 principales aux États-Unis publiée par les Centers for Disease Control and Prevention. Les maladies cardiaques, le cancer et le Covid-19 étaient les trois principales causes de décès aux États-Unis en 2020.

Le débat ne porte pas seulement sur les statistiques. Cela concerne également les choix auxquels les familles et les médecins sont confrontés lorsqu’une personne âgée devient fragile, souffrant peut-être de diverses affections qui ne mettent pas sa vie en danger. Ils doivent décider avec quelle agressivité traiter ces maux et comment assurer le confort de la personne.

Mettre le nom d’une maladie sur un certificat de décès – comme une maladie respiratoire ou une pneumonie, à la fois sur la liste des 10 premières aux États-Unis et courante chez les personnes âgées – soulève des questions sur ce qui a été fait pour traiter cette maladie. La mort de vieillesse, en revanche, suggère une sorte de fatalité.

Le palais n’a pas décrit comment la famille de la reine, y compris son héritier, le roi Charles III, a répondu à ces questions.

Certains au Japon, alors qu’ils pleuraient le décès du monarque, ont observé comment elle est restée active presque jusqu’à la fin, puis, selon les déclarations du palais, s’est confortablement reposée dans ses dernières heures et est morte paisiblement. Lors de sa dernière apparition publique, deux jours avant sa mort, la reine se tenait debout avec une canne et souriait en nommant le nouveau Premier ministre du Royaume-Uni.

“Ce n’était pas une fin tragique mais une fin naturelle”, a déclaré Kazuhiro Nagao, un médecin de l’ouest du Japon spécialisé dans les soins de fin de vie. “C’est le genre de mort qui serait considérée comme idéale au Japon.”

Le Dr Nagao a déclaré qu’il écrit les deux caractères rōsui sur environ la moitié des 160 certificats de décès qu’il signe chaque année.

Cette cause a été donnée à de nombreuses personnalités japonaises, dont le fondateur de Kyocera Corp., Kazuo Inamori, décédé en août à 90 ans. Les médias locaux ont cité la vieillesse lorsque l’ancien Premier ministre Yasuhiro Nakasone est décédé en 2019 à 101 ans.

Pourtant, l’inquiétude persiste quant à l’utilisation excessive du terme, surtout s’il suggère que les médecins et le personnel médical n’ont pas essayé de comprendre ce qui n’allait pas avec un patient vieillissant ou ont abandonné un traitement qui aurait pu aider.

Dans son manuel sur les certificats de décès, le ministère japonais de la Santé souligne en rouge que le rōsui ne doit être nommé comme cause de décès que lorsqu’aucune autre cause ne peut être précisée.

Si un patient est incapable d’avaler de la nourriture ou des boissons en raison d’un déclin lié à l’âge et développe une pneumonie – un scénario assez courant – la vieillesse et la pneumonie doivent être citées sur le certificat et le décès doit être compté comme une pneumonie, indique le ministère.

Le Dr Iguchi, qui a 78 ans, a déclaré que lorsqu’il était un jeune médecin, ses collègues considéraient qu’il était honteux d’écrire la vieillesse sur un certificat de décès, car cela signifiait qu’ils n’avaient pas identifié la cause sous-jacente, dont on leur avait appris qu’elle devait exister derrière. chaque décès selon la pratique médicale occidentale généralement adoptée au Japon. Le Dr Nagao a déclaré que certains médecins, en particulier dans les hôpitaux universitaires, continuent d’éviter le terme car il n’a pas encore été défini médicalement.

La Classification internationale des maladies de l’OMS s’est développée depuis la fin du XIXe siècle et comprend désormais 17 000 catégories de diagnostic que les médecins utilisent également pour identifier la cause du décès. En janvier, la dernière version de la liste, la CIM-11, incluait pour la première fois la vieillesse.

Après avoir critiqué le fait que l’inclusion du terme stigmatisait les personnes âgées et impliquait qu’elles étaient automatiquement malades simplement en raison de leur âge, l’OMS a remplacé le terme par “déclin de la capacité intrinsèque associé au vieillissement”.

Le Dr Nagao a déclaré que le rōsui n’était pas une maladie mais une fin naturelle. “Cela fait partie de la culture japonaise qui pourrait aussi faire partie de la culture mondiale”, a-t-il déclaré.

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