Nouveau au Havre : une boutique spécialisée dans le savon d’Alep

Ils en rêvaient. C’est désormais chose faite. Au Havre (Seine-Maritime)la boutique Laurelux a ouvert mardi 12 décembre 2023, rue du Maréchal-Joffre.

Le commerce est spécialisé dans la vente de savon d’Alepun lointain cousin du savon de Marseille, à base d’huiles d’olive et de baie de laurier.

Dans la boutique, des blocs fabriqués artisanalement vendus par pièce, ou en coffretssont savamment disposés sur des étagères. Pour les différencier, il ne faut pas seulement avoir l’œil, les compétences d’un chimiste sont aussi exigées.

Des produits artisanaux de Syrie

Les nouveaux gérants vendent en effet toute une gamme dont la formulation est comprise entre 5 et 40% d’huile de baie de laurier.

Cet ingrédient, dont la concentration est parfois conseillée selon un type de peau, fait toute la réputation du produit d’origine syrienne.

Les plus dispendieux afficheraient selon les gérants jusqu’à 80% de ce composé dans le produit fini.

« C’est l’huile de baie de laurier, à laquelle on ajoute seulement de l’eau, de la soude et de l’huile d’olive, qui est l’ingrédient le plus important et coûte le plus cher dans le savon lui-même », approuve Daniel Kassouha, patron de la nouvelle boutique avec son épouse.

Des articles pour tous les goûts

Ce composant essentiel du savon d’Alep, est d’ailleurs représenté partout en boutique.

Depuis la façade aux tonalités vertes, jusqu’au nom de l’enseigne contraction de Laurel, laurier, et lux ou plutôt luxe, tout fait allusion à cet arbre majestueux (de son nom latin Un noble laurierLaurier Noble).

En plus de leur produit phare, les commerçants proposent  d’autres articles traditionnels à ceux que les savons ennuient.

De la pierre ponce volcanique, des lanières et gants de luffa naturels ainsi que des gants exfoliants, importés eux aussi de Syrie, côtoient dans 24 m² de surface les accessoires bien-être, corps, bain, plus communs.

« J’aime les produits naturels et j’utilise la plupart des produits du magasin », justifie Rana Hanna, la cogérante.

Un pas de plus vers la réalisation de leur projet de vie

Ce magasin est surtout l’idée de cette dernière.

Né en France mais installé vraiment depuis une douzaine d’années, Daniel Kassouha, 34 ans, est d’abord traducteur français-arable-anglais indépendant.

En mars 2020, sa jeune épouse qu’il connaît depuis l’enfance quitte la Syrieafin de le rejoindre, à Paris, et poursuivre ses études de génie civil.

« Je ne parlais pas français. En Syrie, j’avais juste appris à dire “bonjour” et “un, deux, trois” », c’est tout, rigole-t-elle, tournant le regard vers le Franco-Syrien.

De temps en temps, quand les mots  lui échappent, la jeune femme de 27 ans vient encore chercher son appui.

La pandémie, l’oblige à rester à la maison, durant près d’un an et demi.

C’est là qu’émerge pour la première fois l’idée d’un commerce, tout d’abord en ligne, moins compliqué à entreprendre à Paris.

J’ai envie d’avoir une famille, présente Rana Hanna. J’ai besoin de pouvoir passer du temps avec mes futurs enfants, je ne veux pas travailler à l’extérieur et être surveillée par un patron qui va contrôler mes allées-et venues.

Le couple déménage au Havre où la jeune expatriée tente de reprendre sa formation. Mais au bout d’un semestre elle doit faire un choix.

« C’était compliqué d’avancer dans les démarches pour ouvrir ce commerce avec les examens », admet-elle.

Des savons bientôt créés sur place

C’est par hasard, en cherchant sur internet, qu’elle tombe sous le charme de cette boutique rue du Maréchal-Joffre.  Le local idéal pour voir naître leur projet de vie.

« Le loyer était dans nos moyens  et c’est comme ça que l’idée d’avoir un showroom est venu », indique la désormais patronne.

L’époux, qui a conservé en parallèle son premier métier, la soutient à fond.

« Cela me semblait naturel de travailler ensemble, on crée une familleon est là pour se soutenir l’un et l’autre », considère-t-il.

Si leur souhait de boutique a mis près de deux ans à écloreles gérants débordent désormais d’idées pour rendre le commerce indispensable à la vie des Havrais.

« On a le projet de créer un laboratoire pour fabriquer nos propres savons », avance Daniel Kassouha.

Ils pensent par la suite, proposer des savons d’Alep parfumés et des services à la clientèle plus poussés.

Laurelux, au 136 rue du Maréchal-Joffre au Havre. Ouverture du lundi au samedi, de 10 à 19 heures.

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