Cet été, dans une ferme pédagogique des Hauts-de-Seine, deux petites chèvres sont mortes, première après avoir avalé des pizzas et des frites données par des visiteurs. C’est l’occasion de rappeler une règle fondamentale : on ne nourrit pas les animaux qu’on ne connaît pas. Sauf accord exprès de la personne qui en est responsable.
Du pain à un cheval ?
C’est un grand classique : en randonnée, pique-nique en bandoulière, vous croisez des chevaux dans un pré et tentez de faire copain-copain avec un quignon de pain. Nous sommes d’accord : ce n’est ni de la pizza ni un Bloody Mary. Mais ce n’est pas pour autant une bonne idée.
Les chevaux et les ânes digèrent mal le blé, explique le vétérinaire Philippe Henaff. Le pain est susceptible de causer des bouchons œsophagiens et des coliques. Or chez un cheval, une colique peut vite conduire à la mort.
Dans le cas du pain, c’est en général la dose qui fait le poison. Mais comment être sûr que vous êtes le ou la seul(e) à en donner à l’animal ?
Il n’y a pas d’instinct qui tienne
Autre classique, autre erreur : le nourrissage au pain des canards du jardin public. À la Ligue pour la protection des oiseaux (LPO)on prévient : Chez les jeunes canards en croissance comme chez les cygneaux, trop de pain risque d’engendrer des malformations osseuses des ailes. Chez les individus adultes, cela peut provoquer de graves dégradations du foie.
Consultation pour obstruction, occlusion ou intoxication
On a tendance à penser que les animaux savent d’instinct ce qui est bon ou mauvais pour eux, enchaîne Philippe Henaff. C’est faux : nous recevons en consultation des animaux pour obstruction, occlusion ou intoxication. Ils ont ingéré toutes sortes de choses, des plus communes (du chocolat par exemple, toxique pour le chien comme pour le cheval) aux plus invraisemblables (chaussettes, lessive, aiguilles…).
Votre plaisir ou sa santé ?
Si la nourriture constitue un appât commode pour approcher un animal, la tactique est à proscrire. Chaque espèce a ses spécificités alimentaires, rappelle le vétérinaire. S’agissant de la faune sauvage, outre le risque d’intoxication, créer une dépendance alimentaire est préjudiciable pour l’animal. D’autant qu’il est peu probable qu’il trouve dans les aliments transformés qu’on lui donne, la diversité des nutriments qui lui sont nécessaires.
Même mise en garde concernant les animaux d’élevage ou de compagnie, qui peuvent avoir un problème de santé ou des allergies requérant un régime strict.
Si vous êtes plusieurs promeneurs à les nourrir, avez-vous pensé aux déséquilibres alimentaires que cela peut entraîner (carences, surpoids) ? »
, pointe encore Philippe Henaff.
