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Mort de Michel Serres, l’immortel optimiste

Mort de Michel Serres, l’immortel optimiste

Michel Serres est mort samedi 1er juin, à l’âge de 88 ans. Né à Agen en 1930, il était à la fois philosophe, enseignant, chroniqueur et parfois comédien. Membre de l’Académie française, il a consacré une partie de son oeuvre aux questions de morale liées aux progrès scientifiques.

De son Lot-et-Garonne natal, il a toujours gardé une pointe d’accent du Sud-Ouest. Lorsqu’il revenait à Agen au hasard d’une visite familiale ou d’une séance de dédicace, Michel Serres ne manquait jamais de parler rugby.

Je suis toujours les résultats du SUA.

disait-il dans un sourire lorsqu’on l’interrogeait sur ses attaches régionales. Le club lui a d’ailleurs rendu un vibrant hommage sur son compte Twitter samedi :

Les premiers pas dans la Marine

Michel Serres est né à Agen le premier septembre 1930. Son père était marinier sur la Garonne. Lui se destinait à une vie de marin. Diplômé de l’école navale en 1949  et de l’école normale supérieure 3 ans plus tard, Michel Serres va obtenir en 1955 son agrégation de philosophie avant d’entamer une carrière d’Officier de Marine.

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Michel Serres aurait sans doute embrassé une carrière scientifique,  mais l’explosion de la bombe atomique à Nagasaki et Hiroshima en août 1945, va bouleverser le cours de sa vie. Il n’avait pourtant que 15 ans, mais il expliquera bien plus tard :

A partir de ce moment là, un certain nombre de gens ont quitté la science pour réfléchir, d’abord, sur les problèmes posés par la science.

Sciences sans conscience…​

La première partie de son oeuvre est donc consacrée aux problèmes éthiques liés aux progrès techniques et scientifiques.Il enseignera l’histoire des sciences à l’Université de la Sorbonne à Paris dès 1969 et à Stanford University en Californie à partir de 1984.

L’écologie sera l’autre grand thème de sa vie. En 1990, il publie “le contrat naturel” réflexion philosophique sur l’écologie à travers le Droit, où il insiste déjà sur la nécessité pour l’Homme de se réconcilier avec la Terre. Cette même année, il revêt l’habit vert sous la coupole.

UN l’Académie françaiseMichel Serres prend place sur le 18ème fauteuil. Une place où siégeaient avant lui Edgard Faure, André François-Poncetle Maréchal Ferdinand Foch ou encore Philippe Pétain qui fut, lui, condamné à l’indignité nationale après la Seconde Guerre Mondiale et exclu de l’Académie Française

Ces patronymes scandent notre siècle au même rythme que les guerres, parmi des millions de morts sur les champs de bataille, sous les bombardements et dans les camps d’extermination.

rappellera-t-il, le jour de son entrée sous la Coupole, lors de la lecture de son traditionnel remerciement

De ces travaux d’académicien naîtra notamment ” La petite Poucette “ réflexion sur l’impact des nouvelles technologie sur l’éducation. Ce texte connaîtra un beau succès en libraire avec 200 000 exemplaires vendus en France.

Immortel donc sous les ors de la Coupole, Michel Serres n’en reste pas moins attaché aux nourritures terrestres. Il était d’ailleurs membre à vie de l’Académie du vin de Bordeaux

La seule Académie qui compte vraiment.

disait-il avec humour.

Choniqueur radio chaque dimanche sur France Info, Comédien dans les années 80 dans des films du cinéaste québécois Pierre Perrault, Michel Serres sera aussi nommé  en 1994, Président du conseil scientifique de La Cinquième, la chaîne de la connaissance et du savoir lancée alors par Jean-Marie Cavada.

Un touche-à-tout résolument tourné vers l’avenir.

En 2017 il publie ” C’était mieux avant ” aux éditions Le Pommier. Un petit manifeste qu’il présentait ainsi :

Dix Grands-Papas Ronchons ne cessent de dire à Petite Poucette, chômeuse ou stagiaire qui paiera longtemps pour ces retraités :  “C’était mieux avant.” Or, cela tombe bien, avant, justement, j’y étais. Je peux dresser un bilan d’expert. Qui commence ainsi : avant, nous gouvernaient Franco, Hitler, Mussolini, Staline, Mao… rien que des braves gens ; avant, guerres et crimes d’état laissèrent derrière eux des dizaines de millions de morts. Longue, la suite de ces réjouissances vous édifiera.

Ses détracteurs le décrivaient volontiers comme un philosophe naïf. Lui se voulait résolument optimiste. De nombreuses personnalités lui ont rendu hommage, à l’image de Jacques Attali :

Retrouvez l’histoire de Michel Serres, l’immortel optimiste :

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