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Maryne Durieupeyrou : la force de l’hypnose dans le parcours de soin en cancérologie

Maryne Durieupeyrou : la force de l’hypnose dans le parcours de soin en cancérologie

Maryne Durieupeyrou, âgée de 33 ans, est la créatrice et l’âme du projet Hypno AJA, Hypnose pour adolescents et jeunes adultes. Infirmière à l’Institut Bergonié depuis 10 ans, elle introduit l’hypnose dans le parcours de soins de ses jeunes patients en cancérologie, tout en démontrant les bienfaits de cette pratique sur leur état physique et psychologique. Son “but ultime” : que l’hypnose soit reconnue comme un soin de soutien en cancérologie, au même titre qu’une psychologue, un kinésithérapeute ou un socio-esthéticien.
Depuis le 4 février, journée mondiale de lutte contre le cancer, son projet est mis à l’honneur par la Fondation Bergonié, une fondation d’entreprise qui mobilise le mécénat en faveur des patients atteints de cancer. Une satisfaction pour la jeune femme, car le parcours qui a mené à cette reconnaissance a demandé une bonne dose de persévérance.
“Après ce que je venais de constater de mes propres yeux, ce n’était pas possible pour moi de ne pas approfondir le sujet de l’hypnose!”
Il faut dire que Maryne, sportive et énergique, est une femme de défis. Là où certains fuient face à leurs peurs, elle, au contraire, choisit de les affronter. “Phobique de l’hôpital” avant d’entrer en école d’infirmière, c’est bien sa “peur” qui l’a guidée dans son choix de travailler en cancérologie, tout comme dans celui de choisir le service de médecine conventionnelle de l’Institut Bergonié, qui compte alors des lits dédiés aux adolescents et aux jeunes adultes. “Je me suis dit que ça ne devait pas être évident mais, ça devait être très intéressant de travailler avec eux.” Des jeunes pris en charge notamment pour des sarcomes, maladie extrêmement rare dont l’Institut Bergonié est centre expert au niveau régional.
Son déclic pour l’hypnose en 2017, n’est pas prémédité. “Après une chirurgie liée à son sarcome, une de nos jeunes patientes refusait catégoriquement qu’on la touche pour un soin qu’il nous fallait pourtant faire. Une de mes collègues lui a proposé de procéder sous hypnose” raconte-t-elle. “La séance démarre et le soin se fait rapidement et de manière très qualitative, sans aucune douleur.” La patiente ne réalise pas qu’elle est en train d’être soignée. Maryne est impressionnée. “Après ce que je venais de constater de mes propres yeux, ce n’était pas possible pour moi de ne pas approfondir le sujet!”
Une conviction profonde et tenace
L’infirmière fait alors “des pieds et des mains” pour pouvoir se former. D’abord sur les fondamentaux de l’hypnose. Puis passionnée et convaincue, elle poursuit malgré quelques embûches, en s’inscrivant au Diplôme Inter Universitaire “Hypnose” à la faculté de médecine à Bordeaux. Mais quand il s’agit de mettre en pratique ses connaissances durant son service, elle mesure vite les limites de ce projet. Difficile d’assurer les soins et les prises en charge tout en accordant le temps nécessaire aux patients volontaires à l’hypnose.
Déterminée à pratiquer, son ambition prend alors une autre envergure. Puisqu’elle ne peut pas cumuler à la fois son travail d’infirmière et sa spécialisation en hypnose, et que l’Institut n’a pas les budgets pour financer deux postes distincts, elle crée et finance son propre poste, en créant son projet Hypno AJA qu’elle présente à l’appel à projet de la Fondation Bergonié. “Un exercice très complexe quand ce n’est pas du tout votre métier”, pas de quoi décourager la pugnace Maryne qui, avec quelques appuis, réussit le tour de force.
Animée de sa conviction profonde et tenace, elle convainc le comité scientifique de la Fondation, qui la retient parmi les lauréats de l’année 2020, juste avant qu’elle ne donne naissance à son enfant. Une fois son congé maternité terminé elle se lance, en 2021 dans la mise en œuvre pratique de son projet.
Une implication totale
“Hypno AJA consiste à proposer de l’hypnose à l’Institut Bergonié, auprès d’une population avec des critères bien précis” explique-t-elle. Des patients entre 15 et 30 ans, qui viennent d’être diagnostiqués pour un sarcome et vont bénéficier d’une chimiothérapie pourvoyeuse de nausées importantes. Maryne leur propose de l’hypnose, une cure sur deux, lors de leur hospitalisation, sur toute la durée de leur parcours de chimio.
“Une intervention en milieu hospitalier au moment du soin qui est vraiment innovant. Habituellement l’hypnose, c’est selon la volonté de chacun et à l’extérieur, pas dans le cadre du service de médecine.” Sentant tout le potentiel de sa démarche, elle accompagne ce projet par la réalisation d’une véritable étude clinique. Un travail colossal. Mais le jeu en vaut la chandelle, il s’agit de démontrer “l’impact de l’hypnose sur la gestion et l’amoindrissement de l’anxiété, des nausées et vomissements, de la douleur, et sur la modification du schéma corporel avec tous les effets indésirables que la chimio amène comme l’alopécie (perte des cheveux)”.
Formée à Excel sur ces temps de repos, elle a durant deux ans, noté, calculé, répertorié l’ensemble de ces paramètres, avec et sans hypnose, pour chacun des patients suivis. Une initiative, sans financement dédié, dont elle peut être fière. Les résultats intermédiaires vont bel et bien dans le sens de son objectif : “il y a moins d’anti-nauséeux, moins d’anxiolytique, lorsqu’il y a hypnose… Il n’y a pas une échelle d’anxiété (qui va de 0 à 10) qui n’est pas en diminution avant et après une séance, et ce dans tous les parcours complet de tous les adolescents inclus dans l’étude” a-t-elle affirmé avec satisfaction.
Soucieuse de communiquer sur ces premiers résultats encourageants, elle a également réalisé des posters présentés lors de conventions nationales et internationales, avec la complicité d’une médecin grenobloise, acquise à sa cause. Des médecins australiens soulignent aussi toute la pertinence du projet qui n’était jusqu’à présent l’objet d’aucune publication.
Malgré les défis à relever, Maryne continue de faire avancer son projet avec détermination, car les témoignages “parfois émouvants” de ses patients sur le mieux-être que sa pratique de l’hypnose leur apporte au quotidien sont sa plus grande motivation.
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2024-02-16 08:55:00

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