Marlene Engelhorn and Tax Me Now Initiative in French-speaking world

Dans un communiqué, la descendante du fondateur du géant allemand de la chimie BASF, Friedrich Engelhorn dénonce le fait d’avoir hérité d’une fortune et d’un pouvoir sans avoir rien fait pour le mériter, et de ne pas devoir payer d’impôts sur la succession.

Présente à la réunion des élites économiques et politiques cette semaine à Davos, cette militante aux courts cheveux bruns réclame depuis longtemps d’être davantage taxée.

À l’instar de centaines de “millionnaires patriotiques” américains, elle a fondé l’initiative “Tax me now” dans le monde germanophone. Elle est passée à l’action après le décès de sa grand-mère en septembre 2022.

Elle a eu une idée originale : 10 000 lettres ont été envoyées ce mois-ci à des citoyens autrichiens sélectionnés au hasard. Au final, 50 noms seront retenus.

Leur mission est de proposer des idées “profitant à la société dans son ensemble” pour redistribuer 90% de son héritage. Des sessions de travail tous frais payés seront organisées dans la ville de Salzbourg entre mars et juin.

Marlene Engelhorn ne s’est pas accordée un droit de regard sur le résultat des discussions. C’est seulement s’il n’y a pas de consensus qu’elle reprendra la somme en jeu, et promet de réfléchir à une nouvelle méthode.

« Ghetto des richesses »

Choquée que ceux qui ont du mal à joindre les deux bouts malgré un emploi à temps plein paient des impôts, Marlene Engelhorn a décidé de prendre les choses en main.

Devant l’échec du gouvernement, elle estime qu’il faut réparer les injustices. Elle rappelle que l’Autriche est un pays sans salaire minimum et qu’il n’y a pas vraiment d’impôt sur la fortune non plus.

À l’occasion de Davos, l’ONG Oxfam a une nouvelle fois condamné des “inégalités obscènes” dans le monde, appelant à imposer davantage les multimillionnaires et milliardaires toujours plus riches.

Dans la classe politique autrichienne, le sujet divise à quelques mois d’élections législatives. Si les sociaux-démocrates prônent un rétablissement des taxes de succession, le parti conservateur ÖVP au pouvoir et le FPÖ d’extrême droite ont rejeté une telle proposition, craignant de fragiliser le dynamique réseau de PME familiales.

Marlene Engelhorn estime qu’il s’agit simplement de “rendre son argent à la société”. Elle explique dans une interview au quotidien berlinois Tagesspiegel que, bientôt privée de l’essentiel de ses ressources, elle doit désormais songer au salariat pour la première fois.

Elle affirme ne pas regretter sa décision, voyant cela comme une ascension dans la société démocratique, sortant ainsi du “ghetto dynastique de riches”.