Par Laurent REBOURS
Publié le 11 Sep 22 à 7:28
Dans les allées du Dôme de la Chambre de Commerce et d’Industrie de Chartres (Eure-et-Loir), ce vendredi 9 septembre 2022les quelque centre trente spécialistes des pathologies cardiaques en France qui avaient fait le déplacement ont répondu présent pour le tout premier congrès national consacré à la mise en place du registre national français de cardiologie interventionnelle.
La Registre France PCI (Percutaneous Coronary Intervention – angioplastie coronaire en anglais) est tout simplement une révolution aussi bien d’un point de vue technologique qu’en matière de mentalités et de pratiques dans les établissements. Une révolution qui a pris naissance à Chartres.
1,5 million de personnes touchées : un enjeu de santé publique
Pour retracer la genèse du Registre France PCI, il faut partir d’un constat sans appel. La maladie des artères du coeur (les coronaires) touche 1,5 Million de personnes en France. Elle représente d’ailleurs la première cause de mortalité toute cause confondue avec un décès toutes les quatre minutes en France (120 000 infarctus du myocarde/an) !
La coronarographie (ou angiographie coronaire) est un examen qui permet de visualiser les artères du coeur ou coronaires et de les traiter dans le même temps par une intervention appelée angioplastie coronaire.
Ce sont toutes ces activités de coronarographie et d’angioplastie coronaire en France que le Registre France PCI s’est fixé de recenser.
D’abord fédérer les six établissements de la région Centre-Val de Loire
Lorsque le Dr Grégoire Rangé, cardiologue interventionnel aux Hôpitaux de Chartres décide, en 2014, de porter un tel projet, il part de loin.
En 2014 on s’est dit que l’on pouvait déjà commencer à fédérer les six centres de la région Centre-Val de Loire qui pratiquaient des interventions cardiaques, nous avons été suivis par l’Agence régionale de santé.
L’idée de base était de mettre en place un observatoire en se basant sur le logiciel métier et en centralisant quotidiennement toutes les données permettant de comparer les pratiques d’un établissement à l’autre.
Inspiré par le modèle suédois
« Il existait déjà quelques expériences en France, menées par les ARS mais on s’est surtout inspiré de ce qui existait en Suède, largement en avance » ajoute le Dr Rangé.
Fort de cette expérience régionale, le modèle s’est peu à peu étoffé pour, aujourd’hui, avoir valeur de cadre national suivi par de plus en plus d’établissements. Ils sont 47 à ce jour et seront 71 fin 2023 sur les 200 existant dans l’Hexagone.
D’où ce premier congrès national lancé ce 9 septembre 2022 à Chartres qui a réuni cent trente spécialistes, une quarantaine de cardiologues d’établissements hospitaliers ou hospitaliers universitaires, une quarantaine d’assistants en recherche clinique ainsi que des industriels, des représentants des ARS ou encore des assureurs.
Le modèle national est désormais solidement posé car il est porté à la fois par :
- La RIVE (Groupe Athérome et Cardiologie Interventionnelle) représentant les coronarographistes français auprès de la Société Française de Cardiologie;
- l’association France PCIpromotrice du projet, composée d’un comité de pilotage et d’un comité scientifique, d’une équipe d’ARC, ainsi que des équipes investigatrices de chaque centre participant
- L’Unité de Recherche Clinique de cardiologie des hôpitaux de Chartres.
Une énorme collecte de données
En huit ans la collecte de données, du « big data », est particulièrement spectaculaire car on dénombre environ 250000 coronarographies de base, 125000 interventions angioplasties !
Et surtout, pour chaque patient et chaque procédure, ce sont quelque 150 données qui sont recueillies « c’est rare de bénéficier d’un tel décryptage » se réjouissent le Dr Rangé et Christophe Laure, directeur de recherche clinique et innovation aux Hôpitaux de Chartres.
Comment c’est financé
Le Registre France PCI est financé à ce jour par sept ARS en France. Cela reviendrait à 4 millions d’euros par an pour une couverture des 200 établissements français, un quart donc aujourd’hui. L’équipe projet de Chartres est financée par le ministère de la Santé.
Autant dire que c’est une réelle cartographie des pathologies cardiaques en France qui se tisse avec comme enjeu premier l’amélioration des pronostics pour les patients, la qualité optimisée des traitementsdes travaux de recherche et d’études facilités et, au-delà, d’importantes économies de santé.
Et puis, ce Registre France PCI apporte aussi une autre dimension en brisant peu à peu les barrières qui peuvent exister entre établissement, l’absence de communication.
La transparence est un leitmotiv de la démarche des initiateurs de ce projet ambitieux en effet. Car, avec une collecte de données précise, chiffrée, on met en avant des résultats quantitatifs qui ne peuvent être sujets à interprétations.
A terme, les porteurs du projet souhaitent, pour cette raison, la levée de l’anonymat des données.
« La santé, selon la définition de l’OMS, est le bien-être physique et mental, France PCI est une révolution à laquelle on croit totalement, c’est le timing qui est le plus compliqué. Là, on ne parle pas de qualitatif mais de quantitatif, on objective les indicateurs de résultats » a pu relever le Pr Grégory Katz en conclusion de son intervention au congrès.
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