– L’interaction d’une mère et d’une fille, ni vraiment autres, ni tout à fait les mêmes
Dans «Et soudain Mirna», Bénédicte Amsler Denogent et Lucie Zelger se font l’écho de la foule intérieure que déchaîne la parentalité. Jeux de miroirs affolés.
Alors que la Fondation d’art dramatique vient de clore le dépôt des candidatures pour sa prochaine direction dès l’été 2025, Le Poche de Matthieu Bertholet poursuit sa saison «Éc(h)o» sans dévier d’un iota. Même si l’heure du bilan n’a pas encore sonné, une chose se pose d’ores et déjà là: son règne aura produit des spectacles reconnaissables entre tous. La cohésion des Ensembles, la radicalité des scénographies, la modernité des écritures, la persistance des problématiques contemporaines ont indiscutablement façonné un style Poche-Genève.
Et le débit maison, aussi. Au théâtre en Vieille-Ville, chacun épouse l’oralité impétueuse du «dirlo»: les paroles s’enchaînent sur scène à l’allure d’un torrent valaisan dévalant les pentes. La nouvelle création à l’affiche, «Et soudain Mirna»ne fait pas exception, qui voit Lucie Zelger et Bénédicte Amsler Denogent, fort bien entraînées, articuler au pas de course le texte de l’auteure germano-suisse Sibylle Berg, à l’œuvre prolixe itou. Un texte lucide, truffé d’autodérision, encore jamais monté en français, qu’orchestre la Lausannoise Nicole Seiler dans sa toute première mise en scène d’une partition parlée.
Jusqu’ici, Nicole Seiler se signalait surtout comme chorégraphe – également vidéaste. D’où les pauses, dans la logorrhée, qui suspendent ici ou là les corps dans un dialogue silencieux d’épaules, de bras ou de bassins. Durant ces parenthèses, les comédiennes, toutes deux vêtues de jeans, exécutent des mouvements symétriques, quoique jamais identiques. C’est le propre de la reproduction: on se ressemble sans se confondre.