Depuis deux mois, les étiquettes des supermarchés français ne changent plus. C’est une bonne nouvelle pour les ménages, mais la fin de l’inflation reste encore difficile à voir. Pendant ce temps, voici à quoi devrait ressembler la rentrée dans nos assiettes.
L’inflation s’est arrêtée depuis deux mois dans les supermarchés français. Selon le dernier baromètre Circana pour LSA, les prix à la caisse sont restés stables depuis le mois de mai. De plus, l’inflation sur un an a diminué à 13,6% en juillet contre 15,1% en juin. Cependant, l’inflation sur deux ans continue d’augmenter, avec une moyenne de +21,2%. “C’est ce que vivent les Français au quotidien. La stabilité des prix depuis deux mois est positive, mais cela ne change rien au moment de payer à la caisse. Pour maintenir les quantités, il est obligatoire pour les Français d’acheter des produits moins chers, sinon leurs dépenses augmenteraient encore plus”, analyse Emily Mayer, directrice des informations commerciales de Circana.
De nombreux ménages doivent mettre de côté les produits de qualité, selon la dernière étude du Crédoc sur les effets de l’inflation. “Près de la moitié des Français (45%) affirment avoir de quoi manger, mais ne parviennent pas à se procurer les aliments de leur choix”. Les experts soulignent également la précarité croissante des ménages les plus modestes. C’est ce que reflète la classe politique. Ainsi, le député Modem du Loiret Richard Ramos a décidé de soutenir la demande de blocage des prix des produits de première nécessité formulée par la Nupes. Convaincu que la stabilisation apparente des prix n’est “qu’une parenthèse”, il plaide en faveur de la création d’une “sécurité sociale de l’alimentation”. D’autres proposent d’augmenter le salaire minimum ou rappellent l’idée émise par le ministre de l’Économie Bruno Le Maire de distribuer des chèques alimentaires… Des solutions rejetées par l’économiste de l’OFCE Eric Hayer. “Il vaut mieux cibler directement les ménages les plus en difficulté. Contrairement à ce qui a été fait pour le carburant, où les aides ont bénéficié à tout le monde, y compris à ceux qui n’en avaient pas besoin”.
L’amélioration risque de se faire attendre bien après la rentrée prochaine. Le fait que les prix se stabilisent ne signifie pas qu’ils vont baisser à court terme. Alors qu’Elisabeth Borne a déclaré fin juillet que le pic de l’inflation était probablement derrière nous, les acteurs de la grande distribution ont immédiatement tempéré l’optimisme de la Première ministre. “La baisse ou l’arrêt du taux d’inflation ne signifie pas une baisse des prix… Il n’y aura pas de septembre vert” ni de “baisse importante à la rentrée”, a déclaré Michel-Edouard Leclerc sur Europe 1. Même son de cloche pour Michel Biero, directeur exécutif des achats et du marketing de Lidl France, sur RTL. “Il faut arrêter de vendre du rêve aux Français : on ne retrouvera pas les prix d’avant la crise”. Il n’envisage pas non plus de baisse significative des prix à la rentrée.
Quand cette valse s’arrêtera-t-elle ? La Banque de France a révisé à la hausse sa prévision d’inflation globale pour 2023, à 5,6%, “en raison notamment d’une augmentation un peu plus persistante des prix alimentaires”. De son côté, l’Insee prévient d’une nouvelle flambée des prix alimentaires au premier trimestre 2024. Le calme n’arrivera qu’à plus long terme : l’OFCE prévoit une inflation inférieure de moitié à celle que nous connaissons aujourd’hui… à la fin de l’année 2024. Et Eric Hayer insiste : “quand l’inflation baisse, les prix continuent d’augmenter, moins rapidement, mais ils augmentent toujours”.
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