L’inflation est aussi un sujet d’inquiétude pour le secteur des assurances. Le renchérissement des prix des pièces automobiles fait subir aux compagnies une importante hausse des charges de réparation en cas de sinistres. Bachir Baddou, Directeur général de la Fédération marocaine des sociétés d’assurances et de réassurance (FMSAR), confirme que le coût des pièces a considérablement augmenté, tel que les pare-brise dont le prix a augmenté entre 45 et 50%. Néanmoins, l’inflation n’a pas de répercussions sur les assurances corporelles, mais c’est “un vrai sujet sur la réparation des dégâts matériels”.
Dans plusieurs autres secteurs, notamment industriels et dans le commerce, la réaction des chefs d’entreprises a été d’augmenter les prix pour répercuter, plus ou moins vite, une partie ou la totalité de la hausse des coûts sur le consommateur. Dans le secteur de l’assurance automobile, les opérateurs semblent encore résister à cette tentation, faisant ainsi absorber l’inflation par leurs marges ou du moins ce qu’il en reste. Cette situation s’explique par le caractère stratégique de cette branche extrêmement concurrentielle pour les compagnies. Bachir Baddou explique que le marché est très concurrentiel, ce qui freine la hausse des primes. Néanmoins, la situation peut évoluer à tout moment si l’inflation devient durable. “Si l’inflation persiste, je ne serais pas étonné de voir le prix des garanties dommages augmenter chez certains assureurs au courant du deuxième semestre de l’année”, précise le Directeur général de la Fédération.
Dans son interview accordée à Finances News, le président de l’Autorité de Contrôle des Assurances et de la Prévoyance sociale (ACAPS), Othmane Khalil Alamy, invite les assureurs à anticiper correctement l’inflation, car, autrement, “cela pourrait conduire à un sous-provisionnement, notamment pour les branches à développement long”.
La dématérialisation des polices d’assurance est une mutation majeure que devrait connaître le secteur de l’assurance. La FMSAR, qui est derrière ce projet, veut aller vite et le faire aboutir dès cette année si possible. Outre l’expérience client améliorée, ce projet va améliorer les processus des compagnies, rendre la relation agent-assureur plus efficiente et réduire la fraude aux assurances. Bachir Baddou explique que la dématérialisation des polices d’assurance aidera à simplifier les processus, notamment avec le réseau de distribution. Actuellement, un agent dans une ville éloignée reçoit l’attestation vierge et doit l’éditer lui-même, puis envoyer une copie physique à la compagnie. Le flux documentaire est très important, ce qui augmente les risques opérationnels. La dématérialisation va améliorer ces processus. L’autre apport de la dématérialisation est l’accélération de la vente en ligne. La FMSAR espère voir ce chantier opérationnel dès cette année. Toutefois, avant cela, il y a un volet réglementaire à gérer par l’ACAPS. “On espère sincèrement avoir d’ici la fin de l’année un arrêté, une circulaire ou une instruction qui puisse permettre cette dématérialisation et aboutir à une vente en ligne de bout en bout”, conclut Bachir Baddou.
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