Pour que l’activité de la future gare TGV d’Agen soit bénéfique aux territoires qui l’entoureront, il lui faudra l’apport des voyageurs gersois. De quoi peser pour obtenir une liaison ferroviaire.
Raymond Vall, le président du Club gare TGV d’Agen Porte de Gascogne, entend faire de cette association un outil de lobbying efficace pour offrir au Gers un maximum de retombées de la future gare TGV d’Agen.
Raymond Vall, vous avez insisté pour que ce club s’appelle Porte de Gascogne ?
Un jour cette ligne TGV sera pour tout le monde le TGV Gascogne. Ce sera la porte d’entrée vers nos vignobles, notre patrimoine, les stations thermales… Le nom de la Gascogne est connu dans le monde entier !
Pourquoi avoir créé ce club ?
Le Club TGV poursuit 4 objectifs. Il est d’abord une volonté de rassembler les acteurs du territoire – les entreprises, les collectivités, les décideurs, etc. – en vue de travailler à son avenir, que l’arrivée du TGV va considérablement bouleverser. Le 2e point, consiste à faciliter l’accès à la nouvelle gare, par la route, la voie ferrée, le vélo, pourquoi pas ? La future gare TGV, pour devenir un outil d’aménagement du territoire, doit attirer de 200 000 à 300 000 passagers par an. Le bassin agenais et ses 105 000 habitants ne suffisent pas. D’autant qu’il existera la concurrence de la gare TGV de Montauban… Si la gare TGV d’Agen n’a pas assez de voyageurs, elle ne bénéficiera pas d’autant d’arrêts. Or, elle représente d’énormes investissements pour l’agglo d’Agen. 3e point, l’accueil des populations, avec la révision de cartes communales, et enfin, 4e point, le désenclavement numérique, nécessaire pour fixer ces arrivants, pour l’économie, le télétravail, etc.
La garde TGV d’Agen aura donc besoin des voyageurs gersois ?
On estime qu’elle peut concerner entre 70 000 et 80 000 Gersois par an. En 2030, il faudra pratiquement autant de temps pour faire Auch-Paris que Auch-Toulouse, soit 3 h 15. Cela peut attirer de nouvelles populations, comme on l’a déjà vu à Bordeaux ou Rennes. Et que dire des Gersois qui vivent sur le secteur le plus proche du Lot-et-Garonne ? Condom sera à 35 km de la gare, Eauze à 40 km. Cela va modifier le quotidien des habitants de cette partie du Gers encore très enclavée, d’autant que la RN 124 ne sera pas dédoublée après Auch. La liaison ferroviaire entre Auch et Agen est donc très importante. Elle est même un enjeu industriel. Dès l’an prochain ; 10 milliards d’euros vont se déverser sur ce chantier. Nos entreprises y ont leur place. Le Club TGV servira aussi à les valoriser.
Pour le moment, la ligne Auch-Agen n’est pas prévue pour autre chose que le fret.
Les entreprises doivent élaborer des RSE qui réduisent le niveau carbone. Recourir au ferroviaire sera un bon moyen pour les sociétés gersoises, pour proposer des devis “décarbonés”. À cela s’ajoute l’option de l’Eco train, qui s’intègre dans l’appel à projet du gouvernement pour décarboner et numériser le train. L’Eco train de l’Ecole des Mines d’Albi a été retenu, et plusieurs lignes en Occitanie candidatent pour avoir le prototype.
En quoi consiste cet Eco Train ?
C’est un mode de transport automatique, numérisé, sur rail, pouvant transporter entre 40 et 50 personnes ou du fret, sans émission carbone. C’est un train qui fonctionne sur batterie ou à l’hydrogène. Et le Club TGV va se battre pour l’obtenir. Il conviendrait parfaitement pour un usage sur la ligne Auch-Agen, qui est jalonnée par des centrales électriques solaires, à Saint-Clar et Miradoux. Et comme cette ligne doit être numérisée pour accueillir ce transport, il est possible de faire passer la 5G en même temps, et de désenclaver le territoire par ce biais-là. L’Eco train pourrait aussi assurer du transport de fret sur la ligne Auch-Toulouse.
À quel horizon ?
Nous avons 10 ans devant nous, mais selon les contacts que nous avons établis, et le programme de décarbonation ferroviaire du gouvernement, les candidats retenus se sont engagés dans un planning de 2 à 3 ans. Sans compter que le Gers a les entreprises pour le construire, cet Eco train. Il doit être fabriqué en Occitanie : pourquoi pas ici ? Le Club TGV va pousser dans ce sens.
