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Les tensions persistent entre le gouvernement et les médecins de famille au Québec

Les tensions persistent entre le gouvernement et les médecins de famille au Québec

Le ministre de la Santé a montré des signes d’impatience à la sortie du Conseil des ministres, mercredi. “La ligne est tracée, il y a des règlements très clairs; maintenant, donnez-moi votre échéancier”, a déclaré Christian Dubé, à l’intention des médecins de famille. D’ici deux semaines, dit-il, un nouveau règlement sera publié pour forcer ces derniers à prendre en charge les quelque 13 000 patients, très vulnérables, qui n’ont toujours pas de médecin de famille.

La réplique n’a pas tardé. Sur les réseaux sociaux, la Fédération des médecins omnipraticiens du Québec (FMOQ) a fermement riposté : “Si 13 000 de ces patients demeurent encore trop longtemps au GAMF [Guichet d’accès à un médecin de famille], la responsabilité en incombe au gouvernement seul.” Bref, on se renvoie la balle une fois de plus. Rien de très surprenant pour ceux qui ont suivi, ces dernières années, l’évolution des relations entre les fédérations médicales et le gouvernement.

Dès novembre 2014, le ministre de la Santé, Gaétan Barrette, déposait le projet de loi 20, dont les premiers mots du titre étaient “Loi favorisant l’accès aux services de médecine de famille”. Le ministre voulait, entre autres choses, forcer les omnipraticiens à prendre en charge un plus grand nombre de patients, sous peine de pénalités financières. Les représentants des médecins ont protesté, dénonçant “une approche mathématique de quotas, de nombre de patients, d’équivalence qui est carrément à l’encontre de ce qu’est la médecine familiale.

La loi a finalement été adoptée, mais nombre de ses articles n’ont jamais été appliqués. Le gouvernement souhaitait éviter un affrontement ouvert et a plutôt misé sur la négociation de nouveaux arrangements avec les médecins.

Scénario semblable en 2021, alors que le premier ministre Legault s’en est pris aux médecins de famille en plein discours inaugural : “Malheureusement cette volonté de changement n’est pas toujours au rendez-vous, en particulier chez certains médecins de famille. […] Je dois dire que je commence à m’impatienter, puis les Québécois aussi. J’ai toujours pensé qu’il valait mieux s’entendre avec les médecins, mais, s’il le faut, on ne va pas hésiter à imposer une conclusion, parce que les Québécois s’attendent à être pris en charge puis à avoir des services de première ligne dans un délai raisonnable.

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Le ministre Dubé a déposé, dans les semaines suivantes, un nouveau projet de loi visant à augmenter l’offre de services de première ligne par les médecins omnipraticiens et à améliorer la gestion de cette offre. Il y est question de forcer les médecins à offrir des rendez-vous dans certaines plages horaires et à prendre en charge certains types de patients.

Encore une fois, la loi est adoptée mais n’est pas entièrement appliquée, le gouvernement négociant en parallèle avec les médecins de famille les termes d’une nouvelle entente. La même joute s’est aussi jouée à plusieurs reprises avec la Fédération des médecins spécialistes ces dernières années.

Le scénario semble destiné à se répéter cette année. La logique semble chaque fois la même : le gouvernement se lasse de négocier avec les médecins et adopte une loi ou un règlement lui permettant d’exercer un plus grand contrôle sur la manière dont ces derniers exercent leur profession. Le corps médical se braque, parle d’une brèche à l’autonomie professionnelle et menace même, parfois, de poursuivre le gouvernement. Le gouvernement n’ose pas mettre sa menace à exécution. La nouvelle loi ou le nouveau règlement n’est pas mis en vigueur, mais est plutôt utilisé comme levier pour négocier. Les médecins lâchent du lest. Une nouvelle entente est conclue.

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Chaque fois, le gouvernement et les médecins soutiennent que la nouvelle entente leur permettra d’atteindre leurs objectifs communs, coercition en moins. Après quelque temps toutefois, pressé par l’opinion publique, le gouvernement finit par juger les avancées insuffisantes et le scénario se répète.

Pas étonnant, dans le contexte, de voir l’ancien ministre Gaétan Barrette féliciter son successeur de suivre ses pas. “Go! Go! Go! Christian Dubé” a écrit l’ex-député dans les médias sociaux, en réaction à l’annonce de son successeur. Gaétan Barrette n’a jamais caché qu’il aurait souhaité serrer encore davantage la vis à la profession médicale, mais que le gouvernement auquel il appartenait l’en avait empêché.

Précieuses données

Cette fois-ci, c’est surtout aux données que le gouvernement souhaite avoir accès. Depuis trois ans, les systèmes de prise de rendez-vous des groupes de médecine de famille ont tous été mis en réseau, ce qui donne la possibilité au gouvernement d’avoir une meilleure idée des disponibilités réelles offertes aux patients.

Amateur invétéré de statistiques et de tableaux de bord, le ministre Dubé veut avoir accès à ces informations pour mieux comprendre où sont les goulots d’étranglement. Obtenir les données, dit-il, lui permettrait aussi de veiller à ce que les groupes de médecine de famille suivent bel et bien l’horaire qu’ils se sont engagés à respecter dans les ententes conclues avec le ministère.

Le gouvernement veut aussi resserrer les règles d’attribution des patients. À l’heure actuelle, environ la moitié de ceux qui sont pris en charge par un médecin de famille ne sont pas référés par le guichet d’accès, mais sont plutôt sélectionnés directement par les professionnels eux-mêmes. Il arrive donc parfois que des patients en bonne santé passent devant des patients ayant des besoins plus pressants. Sans empêcher les médecins de famille de prendre à leur charge les personnes de leur choix, le ministre souhaiterait que les plus malades passent en premier.

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La FMOQ, de son côté, parle de “ratés systémiques”, montre du doigt “la machine administrative” et demande au gouvernement de donner à ses membres “les outils pour bien faire [leur] travail plutôt que de toujours blâmer ceux qui sont au front”.

Si tous disent vouloir “soigner les plus vulnérables”, gouvernement et médecins de famille ne s’entendent visiblement pas sur la manière d’atteindre cet objectif. À écouter les différentes entrevues qu’il a accordées la semaine dernière, on sent toutefois déjà que Christian Dubé est prêt à faire des compromis, si tant est qu’il soit capable de s’entendre avec la FMOQ. De fait, le nouveau règlement ne sera pas publié avant encore deux semaines et sa publication sera suivie d’une période de consultation de 45 jours. Ce n’est que par la suite qu’il entrera réellement en vigueur – à moins que le gouvernement n’assouplisse sa position d’ici là.

“Je ne négocierai pas sur la place publique”, a répété Christian Dubé la semaine dernière, tout en laissant entendre que le temps commençait à manquer. À nouveau, les choses risquent de se régler derrière des portes closes.

Bref, on risque encore d’assister à une répétition du scénario décrit précédemment : un nouveau règlement sera adopté, mais son utilité ne reposera pas tant dans son application que dans le rapport de force qu’il offrira au gouvernement pour lui permettre d’arracher de nouvelles concessions aux médecins. On verra si les Québécois sortent gagnants de l’exercice cette fois-ci.

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