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Les séminaires d’entreprises surfent sur l’après-Covid, Marketing et Vente

Les séminaires d’entreprises surfent sur l’après-Covid, Marketing et Vente

Dans le monde des séminaires d’entreprise, la crise est un lointain – bien que douloureux – souvenir. Depuis la fin des contraintes sanitaires liées au Covid-19, en février dernier, la reprise est bel et bien là, avec des niveaux de réservations supérieurs à 2019, l’année de référence d’un marché qui générait alors 9 milliards d’euros, selon les derniers chiffres de l’Union française des métiers de l’événement. « Toutes les entreprises – peu importe la taille – organisent désormais des séminaires et veulent, malgré le pessimisme ambiant, créer et maintenir du lien entre les salariés », explique Benjamin Abittan, directeur général de Châteauform’, leader français des séminaires haut de gamme.

L’entreprise parisienne de 1.900 salariés a réalisé une année historique avec un chiffre d’affaires qui devrait atteindre 245 millions d’euros cette année. « Sur dix mois au lieu de douze », insiste le dirigeant.

Si l’activité a bien repris, c’est aussi grâce aux nouvelles façons de travailler (télétravail, bureau flexible…), qui poussent les entreprises à revoir leur gestion du personnel. Le sentiment d’appartenance à une organisation tend à disparaître, créant une véritable problématique de rétention des talents.

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Les séminaires apparaissent ainsi comme une solution pour cajoler le salarié et remédier à la baisse de motivation du « quiet quitting » (démission silencieuse), phénomène qui consiste à respecter à la lettre le contrat de travail, ni plus ni moins, sans responsabilités supplémentaires.

« Les entreprises recherchent des lieux particulièrement beaux avec des activités enrichissantes à offrir aux salariés », assure Marie Treppoz, directrice générale d’Homanie. Dans cette entreprise parisienne de huit salariéscréée en 2021, les demandes pour des séminaires dans des maisons très haut de gamme explosent.

A l’origine, Homanie a été créé pour proposer des lieux de villégiature. Mais les séminaires pour des groupes entre 10 et 25 personnes représentent la moitié du chiffre d’affaires – non communiqué – de la TPE.

Marché « court-termiste »

« Une grande partie de nos clients sont des start-up nomades, sans siège socialqui souhaitent se retrouver une fois par mois au vert », décrit Sophie Desmazières, cofondatrice d’Homanie. Le principe est de proposer à ces petits groupes de grandes et très belles maisons avec services hôteliers à la clé (chef cuisinier, coach, maîtres de maison) et des activités sur mesure selon la région : de la visite des Calanques à Cassis (Bouches-du-Rhône) à la découverte de réserves naturelles sur la côte sauvage de la Seyne-sur-Mer (Var), en passant par l’oenologie dans le Médoc (Gironde), le ski à Méribel (Savoie) ou le golf à Giverny (Eure)…

Depuis la reprise, les délais d’organisation n’ont pas retrouvé leur rythme d’avant-crise. De quarante-cinq jours en moyenne en 2019, le préavis entre la réservation et la date de l’événement est passé à vingt-cinq jours. « On est sur un marché très court-termiste », confirme Delphine Porchercofondatrice de Seminaire Collection. Cette PME située à Saint-Nazaire (Loire-Atlantique) propose à ses clients un catalogue d’une cinquantaine de maisons, majoritairement en province (le tiers en Ile-de-France).

« Le lieu a désormais autant d’importance que le message que veut faire passer le manager à ses équipes », analyse Delphine Porcher, qui compte parmi ses clients nombre d’entreprises de la tech, secteur le plus consommateur d’événements et disposant de budgets plus conséquents.

Si les magnifiques demeures en bord de mer, l’été, et les chalets en montagne, l’hiver, ont toujours la cote, les entreprises sont davantage soucieuses de leur empreinte carbone et cherchent des adresses plus proches de leurs sièges. « Il y a clairement une volonté de raccourcir le temps de transport en privilégiant les mobilités douces, comme le train », assure Delphine Porcher, qui se souvient d’un temps, pas si lointain, où les salariés arrivaient par avion de tous les coins de l’Hexagone, voire du monde.


Château Grange Cochard, près de Lyon (Rhône), attire les entreprises lyonnaises pour des courts séminaires à moins d’une heure de leurs sièges.

C’est donc désormais dans le Beaujolais ou près de Mâcon (Saône-et-Loire) que les entreprises lyonnaises cherchent un refuge pour réunir leurs équipes. Seminaire Collection reçoit essentiellement des demandes pour deux nuitées en moyenne. « Contrairement à avant, où l’on avait beaucoup de réservations pour une journée, les managers préfèrent désormais arriver la veille et passer un moment de convivialité et de détente, le soir, autour d’un bon repas », raconte Delphine Porcher.

Avec le succès du « full remote » (qui consiste à travailler d’où l’on veut en ne venant presque jamais sur site), essentiellement dans les start-up, les entreprises qui en ont les moyens n’hésitent plus à louer une maison toute une semaine. Au programme : travail le matin et activités l’après-midi, pour des prix pouvant aller jusqu’à 400 euros environ par personne et par jour, tout compris.

Wifi performant

Mais pour être capable d’offrir de tels services à une entreprise, les maisons doivent respecter plusieurs critères. Une excellente connexion wi-fi et un réseau téléphonique performant, mais aussi un espace pouvant servir de salle de réunion avec l’installation d’un écran ou d’un vidéoprojecteur. Seulement 5 % des 2.000 propriétés inscrites au portefeuille du Collectionniste une PME de 250 salariés qui loue des villas haut de gamme, répondent à ces critères.

« Les séminaires ne sont pas notre coeur de métier. Nous sommes spécialistes des vacances en famille ou entre amis, mais nous avons pour objectif de nous développer davantage sur les séminaires afin d’aider les propriétaires face à la demande », confie son PDG, Max Aniort. L’occasion aussi, pour ces derniers, de louer leurs résidences sur les périodes creuses.

Dans un secteur où la demande dépasse même l’offre, il n’est d’ailleurs pas rare de voir émerger de nouveaux acteurs. C’est le cas de Nabou, spécialiste des « séjours de télétravail », principalement pour des boîtes de la la technologie française, friandes de maisons avec espaces verts dans le Perche ou en Normandie. Signe de la popularité de ces événements, cette petite entreprise parisienne créée en 2021 enregistrerait une croissance de 50 % de son activité par mois.


A Paris, Comet a créé une jungle urbaine dans un de ses espaces.

Les séminaires « au vert » fleurissent à Paris

Soucieuses d’être plus écologiques et plus économes, les entreprises parisiennes sont de plus en plus nombreuses à organiser des rencontres entre salariés dans des maisons ou grands appartements de la capitale, à proximité d’une station de métro. Seul critère non négociable : la présence d’un extérieur, qu’il s’agisse d’une terrasse, d’un roof top ou d’un jardin. « L’idée est de proposer à nos clients, qui ont envie de s’aérer mais ne disposent pas du temps ou du budget pour un séminaire hors de Paris, d’expérimenter une journée de réunion avec les avantages de la campagne sans le trajet », explique Victor Carreau, cofondateur et PDG de Comet, le spécialiste des séminaires en ville. L’année prochaine ouvrira à dix minutes de la Défense un nouveau site capable d’accueillir jusqu’à 400 personnes au sein du futur campus Arboretum, à Nanterre (Hauts-de-Seine). Dans un secteur très concurrentiel, la quête de lieux atypiques donne du fil à retordre aux spécialistes des séminaires : vue sur la tour Eiffel, terrain de pétanque ou piscine couverte…

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